Si les allemands sont les garants du patrimoine Metal, si les suédois sont les nouveaux rois de la transposition vintage dans un vocable Pop-Metal, les japonais sont depuis longtemps les dépositaires d’un secret étrange qui consiste en une transformation des canons américains et européens dans une relecture pour le moins iconoclaste. Pour les spécialistes de la cause J-Metal, le secret est connu depuis les années 80, du moins si vous vous êtes intéressé à autre chose que les imports LOUDNESS, VOW WOW et E.Z.O. Sauf que depuis les années 80, les choses ont encore évolué, et les groupes nationaux ne se sont pas arrêté là, et je ne parle pas uniquement des mignonnes renardes de BABYMETAL, mais aussi des BAND MAID, et de tous les groupes surfant sur la vague de Metal moderne des années 2000. Je pourrais en dresser une liste quasi exhaustive, le dossier m’étant bien connu, mais je préfère m’intéresser aujourd’hui à un cas très particulier, celui des rares FREAKSXX, fondés dans les années 2000 et qui ont su se faire d’une incroyable discrétion jusqu’à lors. Depuis leur premier LP Cannibal Carnibal, nous étions sans nouvelles des japonais, qui semblaient avoir disparu corps et âme dans la mer de l’oubli, mais 2020 est l’occasion de les retrouver, plus fringuant que jamais, et pas forcément plus accessibles. Le chroniqueur saura que trouver des informations sur les groupes du soleil levant est une tâche plus que compliquée, et je vous laisserai fouiner dans les arcanes du net pour en savoir plus sur cette formation assez unique que l’on a toujours du mal à classer dans un créneau bien précis. Certains sites parlent d’un Techno-Thrash spécial, d’autre d’un Thrash progressif iconoclaste, et la vérité se situerait en fait en convergence de ces deux options, les musiciens se montrant suffisamment pointus pour glisser quelques prouesses notables, et l’ensemble dégageant une humeur assez particulière.
Disons pour faire simple que les japonais se situent à l’épicentre d’une déflagration causée par FAITH NO MORE, DOOM (le japonais évidemment), SIGH et CYNTIA, et l’image est particulièrement adaptée à la tempête déclenchée par ce Dawnpale qui résume fort bien la démarche nippone d’originalité initiée il y a plus de trente ans. Si les premiers morceaux vous évoqueront plus volontiers un Power Metal d’extrême orient volontiers classique, en pénétrant plus en profondeur les arcanes de ce second effort, vous découvrirez des arrangements incongrus, une dualité vocale assez unique, et l’union des mélodies typiques du Japon et de la puissance nord-américaine. L’album respecte la tradition de variété en vogue dans ce pays aux traditions assez particulières, et alterne Metal franc du collier mais harmonique, et pièces plus originales et basées sur une envie de transcender les canons du genre. Au final, comme dans beaucoup de cas émergeant du pays, on fait face à cette difficulté de classement que les japonais apprécient tant, et si certains morceaux vous rappelleront une tendance en vogue chez les BABYMETAL ou BAND MAID, d’autres au contraire évoqueront les bizarreries si attachantes des DOOM, le côté fortement psychédélique en moins. Toutefois, faites attention. Les chansons ne sont pas forcément ce qu’elles semblent être au prime abord, et dévient souvent de leur trajectoire. C’est ainsi que le formel « Search For The Way » passe d’un Heavy abordable à un Blues bidouillé, avant d’imposer un break alambiqué menant sur la reprise du thème principal, adoptant ce jeu de salle des miroirs qui vous donne l’illusion d’une image nette avant de vous perdre dans une multitude de reflets contradictoires. De la même façon, l’étrange « Chase » se rapproche plus volontiers des cavalcades des aînés de DOOM, avec ce Thrash à la VOÏVOD qui accepte le legs progressif des seventies, et les idées les plus bizarres insérées dans un contexte Rock.
Le groupe peut s’appuyer sur un solide line-up aux individualités notables (Hanako "Milk-y" Sugiura – chant, Nobusuke Ochi – batterie, Azusa Watanabe & Minoru Makita – guitares et Yohei Tamura – theremine, harpe et autres instruments) pour proposer une musique aussi solide qu’originale. Et là est le point fort de cette formation qui ne perd jamais son sens de l’équilibre pour glisser du côté obscur de l’incongruité ou se laisser aller à une normalité trop rassurante. Les breaks, aussi originaux qu’inattendus permettent de conférer à la musique une patine très personnelle (comme cette cassure mi boite à musique/mi Death extrême sur « Chase » qui rappelle les moments les plus fous de CHTHONIC), mais ce qu’on retient surtout de cette réalisation, c’est sa puissance de feu phénoménale, ses riffs biscornus et imbriqués avec une aisance incroyable, et cette dualité vocale qui apporte une dynamique indéniable. A cheval entre les genres, les FREAKSXX se montrent à l’aise dans tous les registres, aussi fous que cohérents dans leur démarche. J’en veux pour exemple « Finzione Epieno » qui passe par toutes les humeurs possibles pour étayer son propos, et qui ose le Metalcore, le Thrash plus franc, le Heavy moderne, le Death métissé, le tout en à peine cinq minutes, ce qui en dit long sur la créativité du quintet. Sans jamais se départir de cet instinct mélodique symptomatique de leur pays, les FREAKSXX tissent une toile d’originalité pour mieux nous y engluer, et n’hésitent pas à avoir recours à des astuces plus populaires pour attirer à eux des victimes potentielles. Plaçant à des instants judicieux des numéros plus accessibles, plus simplement harmoniques avec un tempo plus régulier, Dawnpale se dévoile comme un immense patchwork refusant le confort d’un Crossover trop facile, et prend ainsi le risque de se mettre tout le monde à dos. Aussi théâtral qu’il n’est efficace et cru, ce second album bout d’une créativité extraordinaire, et propose quelques featurings nationaux, très proches de ce que FAITH NO MORE a pu faire de plus velouté (« Anche Uno »).
En résulte une fois encore un disque unique, aux atmosphères aussi variées qu’un carnaval de l’étrange. Il n’est pourtant pas difficile de se laisser prendre au jeu, même lorsque la violence surgit de nulle part en mode méchamment condensé (« At Last »), et en cinquante minutes de jeu, le groupe excuse quinze ans de silence en se montrant sous un jour très flatteur, et pour le moins excentré. Une œuvre qui ose les inserts jazzy, les attaques brutales et ouvertes, les segments mélodiques presque J-Pop, pour finalement se poser en labyrinthe musical qui ne laisse pas vraiment les neurones indemnes. Aussi créatif qu’il n’est cohérent et attachant, Dawnpale confirme que les japonais occuperont toujours une place à part sur la scène Metal internationale, et qu’ils n’ont toujours aucun rival sur leur propre terrain. Et c’est sans doute pour ça que je les aime tant depuis plus de trente ans.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Funeral Flower
03. Mad Honey
04. Chase
05. Search For The Way
06. Finzione Epieno
07. Draw
08. Conductor
09. Anche Uno (feat. 鎌田 英嗣)
10. At Last
11. 茜 -A Grudge- (feat. 鎌田 英嗣)
12. 桎梏 -Shackles
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