Les japonais sont vraiment frappés. Entre leurs distributeurs de culottes sales, leur obsession pour les uniformes, le cosplay, les quinquagénaires bien tapés qui s’habillent comme des fées/licornes et qui suivent leur teen idol préférée partout dans le pays, les hikikomori, et la scène musicale azimutée, la folie est partout, et c’est sans doute pour ça qu’on les aime. Sans oublier évidemment leurs jeux télévisés avec des défis complétement secoués, et ces poupées gonflables plus vraies que nature qu’on prend pour épouse pour cause de séduction défaillante. Les écoles de formation de teen stars. Les vidéos voyeuristes sous les jupes. Les groupes de Grind. Enfin, vous voyez le topo, alors laissez votre raison et vos principes au placard.

Et enlevez vos chaussures.

ZOMBIE RITUAL comme son nom l’indique a piqué son baptême à DEATH, et là est bien le seul point commun entre les deux groupes. Formé en 2003 et produisant des albums avec la parcimonie des pingres, le collectif de Tokyo attaque aujourd’hui le troisième chapitre de sa carrière, sans rien avoir changé à sa démarche ou à sa passion.

Une passion saine, comme beaucoup d’autres. Les zombies.

ZOMBIE RITUAL a toujours relevé la gageure qui consiste à refourguer le mot zombie à toutes les sauces. Chacun de ses albums, chaque morceau de chacun de ses albums le contient, et les aventures narrées sont donc toutes focalisées sur ces créatures que Fulci et Romero aimaient tant nous faire aimer, et le résultat des courses est sensiblement le même à chaque fois. Un Death/Thrash plutôt Death, et un esprit farceur obnubilé par les chairs putréfiées et autres tombes profanées.

Nul besoin de pluie acide, de baril de produit chimique ou de virus qui contamine, les morsures de ce nouveau répertoire sont assez efficaces pour vous transformer en déambulateur vivant, à la mâchoire un peu fragile et aux membres chancelant. Le quatuor (Negative - batterie, Alcohol - guitare, Dr. Hatred - chant et Jason F. - basse) imposent une fois encore leur foi en un foie qui dépasse du bide, et nous convient à cette grande-fête post-mortem avec cerveaux frais et victimes désignées.

Cette chasse du Comte Zaroff moderne ressemble beaucoup à ces BD éditées par ‎EC Comics, avec ces gueules grandes ouvertes, ces gags tordus, ces massacres bien vendus et ces demoiselles peu vêtues. Nous sommes donc là pour sourire et courir, le but étant de contaminer le plus d’imbéciles possibles. Mais les ZOMBIE RITUAL sont tout sauf des imbéciles. Ces musiciens au second degré patent savent manier leur instrument, et surtout, composer des morceaux qui ont de l’allant. Ce troisième tome est donc des plus passionnants, et nous renvoie aux grandes heures de NECROPHAGIA/FULCI et autres abonnés aux vidéoclubs les plus craspec.  

Une rythmique qui bastonne, des riffs qu’on tronçonne, une voix qui désarçonne, pour un ballet très amusant digne d’un Dan O’Bannon en très grande forme et épaulé par les SFX de Tom Savini. Tirant sur le versant le plus rigolard du Death pour trouillards, Day Of The Zombie Demons est une journée comme une autre aux pays des zombies moisis, et détale bon train pour rattraper tous les crétins.

Efficace, exubérant, ce Death tonitruant à tout pour plaire aux masses à la masse. Evidemment très nippon dans la gestuelle, prononcée et excessive, Day Of The Zombie Demons est une anthologie de petites saynètes qui font plus sourire que froid dans le dos, même si Dr. Hatred dégueule comme un samedi soir au bistro. Quelques mélodies pour donner dans le romantisme à la Nekromantik, des plans faciles mais fonctionnels, et une énergie incroyable au moment d’affronter le reste du monde qui n’attend pas forcément une nouvelle pandémie zombiesque.

Lourd quand il le faut, très gras, enregistré à la louche mais joué par des esthètes qui louchent, ce troisième longue-durée fait la part belle à l’hédonisme morbide et au culte du moi après la mort. On se concentre donc sur les figures les plus classiques de la culture vaudou et ses extensions, et la vision de ces crânes décharnés d’où pendent encore quelques nerfs et autres joyeusetés sous-cutanées donne la pêche pour le reste de la journée.

Je vous disais que les japonais sont bien barrés. Mais c’est pour ces divers excès qu’on les aime, et ZOMBIE RITUAL fait partie intégrante de cette culture du « trop, c’est pas encore assez », et développe de beaux arguments Gore, et sans remords. C’est la fête au pays du soleil levant. Mais dès le couchant, les créatures commencent à s’agiter pour bouffer du cerveau frais. Les cerveaux étant denrée rare ces temps-ci, ils risquent de crever de faim dans l’indifférence générale.

Triste.   

Titres de l’album :

01. Zombie Tyrant

02. Guillotine Zombies

03. Invoke the Zombie Demons

04. Run Zombies Run

05. Zombie Carnage

06. Zombie Armageddon

07. Zombie Witching Dancers

08. No Zombies Never Die

09. In This Zombie World

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