Ouverture d’esprit, tu t’empares de moi comme un virus contamine un cœur pur, pour me détourner du droit chemin que je m’étais tracé et m’emmener sur des voies de traverse que finalement, j’emprunte sans trop me méfier. Ainsi, ce matin, tu m’obliges à me pencher sur le nouvel album d’un combo russe que je ne connaissais pas, histoire de me faire apprécier sa musique contre vents et marées. Et s’il est certain que le Metalcore et le gros bourrin alternatif ne sont pas mes shots de vodka préférés, j’aime parfois tremper les pieds dans une eau plus chauffée pour voir si mon objectivité est capable de prendre le dessus sur mes idées préconçues. Ainsi, en cette morne et tempétueuse matinée du 1er janvier, j’aborde le cas d’un combo de Voronezh, dont les informations ne sont pas légion sur cette toile qui laisse en suspens quelques questions…Mis à part une page Vk somme toute assez sommaire, les MIDNIGHT CITY ne dispensent pas énormément de renseignements à leur sujet, ce qui n’empêche nullement le chaland d’apprécier leur musique pour ce qu’elle est, à savoir un sympathique crossover entre un Metal alternatif costaud et un Metalcore un peu moins falot. Niveau bio, on apprend que les russes ont formé leur groupe aux alentours de 2012, et qu’ils ont proposé comme entrée un premier album entièrement instrumental (Revival), avant d’être rejoints par une chanteuse, Lili An, qui agrémenta alors leur musique de lignes vocales assez convaincantes. Depuis, quelques changements de personnel et autres ajustements, pour parvenir à graver une suite pour la postérité, qui trouve ici de quoi s’enthousiasmer sous la forme d’un nouvel LP, Не умрем, qu’on pourrait traduire par l’hymne à la vie Let’s Not Die, ce qui semble quand même être une idée fort raisonnable.
Oui, ce quintette (Lily Ahn - voix, Alexander Clark & S'tan - guitares, Dmitry Ilyash - basse et Andrew Petrosyants - batterie) chante donc dans son idiome natal, mais loin de handicaper le projet, ce choix linguistique lui confère une patine slave assez appréciable, et n’empêche pas non plus la très belle Lili de rugir comme un tigre de Sibérie lorsque l’ambiance l’exige. Mais la vocaliste est aussi capable de nuances, et s’adapte fort bien à un répertoire très fluctuant, qui hésite entre mélodies appuyées et puissance débridée, histoire de faire la jonction entre un Metal alternatif typiquement Européen et un quasi Metalcore très américain. De quoi détendre les relations est-ouest et les mettre en transe ? Je n’irai pas jusque-là, mais aussi peu révolutionnaire d’octobre soit Не умрем, il reste contestataire de décembre, ce qui n’est déjà pas si mal. Impossible de ne pas trouver de quoi étancher sa soif de modernité dans ce LP aux atours finement ouvragés, et dont la production met en avant les saines qualités. Lesquelles ? Une interprétation sans faille en premier lieu, qui confirme le potentiel de musiciens qui traînent leurs basques dans le métier depuis suffisamment longtemps pour savoir ce qu’ils veulent jouer. Et ils le jouent bien, même s’ils le jouent classique, et que de nombreuses influences pointent à l’heure d’affluence. Je ne m’amuserai d’ailleurs pas à les recenser, même si les silhouettes de LACUNA COIL ou d’une plus discrète ARCH ENEMY (en version vraiment fluette, on n’est pas ici pour jouer à cache-Death non plus) se montrent de temps à autres au détour d’un refrain ou d’un couplet méchamment compressé. Autant le dire tout de suite, des structures à l’inspiration, en passant par les saccades de guitares qui n’en font pas plus que ce qu’on attend d’elles, tout est assez convenu, mais très touffu, et pourra satisfaire les moins exigeants sur l’originalité, qui acceptent un produit calibré pour se rassasier.
Et entre les breaks malmenés par une double grosse caisse contrôlée, les envolées lyriques sur refrains typiques, et autres accès de tendresse inopinés, tout le catalogue est passé en revue, mais pas corrigé, puisque les MIDNIGHT CITY semblent vouloir s’adresser au plus grand dénominateur commun d’une jeune génération avide de sensations mesurées. Ce qui n’empêche nullement les russes de jouer un jeu un tantinet différent par moments, comme à l’occasion de « Лови меня », qui sautille de couplets Electro-Pop pour se lâcher sur un chorus plus convenu et fédérateur. Mais ce morceau est la parfaite occasion pour souligner l’importance du travail vocal de Lili, décidément à l’aise dans tous les domaines, et qui parvient à suggérer l’innocence avant de céder aux pulsions de la puissance. Avec un instrumental se mettant au diapason, ce morceau à la texture presque cristalline est selon moi le point d’orgue d’un album parfois un peu trop stéréotypé, qui ne doit son salut qu’à ces quelques idées un peu excentrées. Mais le quintette sait aussi se démarquer d’une modération un peu timorée, et s’amarrer à des cotes plus aiguisées, laissant la coque de leur navire chatouiller des récifs Néo-Thrash assez affutés (« Из глубин », arrangements, saccades, chant véhément, tout y est, et on rentre dans le jeu sans frapper). Mais l’up tempo plus foncièrement Heavy leur va aussi à merveille, et « Жизнь учила прощать » de nous faire gentiment dodeliner, d’un Hard-Rock moderne moins planifié, qui se sent capable de signer de petits hymnes bien rythmés. D’ailleurs, cet enchaînement prouve que la seconde partie de l’album se veut bien plus culottée que la première, sans toutefois trop s’écarter d’un schéma bien détaillé, mais en prenant suffisamment ses distances pour se faire remarquer. Nous avons même droit à une bousculade Speed assez échevelée, via « Держись », qui ose même un refrain purement Pop pour encore plus contraster.
Et si « Сладкий яд » prouve que l’ambivalence et la dualité siéent parfaitement à un combo qui gagne vraiment à diversifier ses attaques, le final presque progressif de « Не моя реальность » (« Not My Reality ») synthétise toutes les idées déjà énoncées pour se faire valoir en parfait résumé d’un nouvel album, beaucoup plus riche que ses premiers morceaux ne le laissaient suggérer. Certes, impossible d’occulter l’efficacité d’une entrée en matière aussi rondement menée que « Не умрем », qui ose même échapper un phrasé rappé prêtant allégeance à la scène Rapcore des nineties, mais en tant que non-fan lambda d’un Metalcore alternatif, la deuxième partie de Не умрем m’a beaucoup plus fasciné par sa capacité à transgresser quelques règles un peu trop figées, et à proposer des choses un peu moins téléphonées. Mais camarade, choisis ton camp, et ton libre arbitre saura te guider dans les méandres d’un disque estampillé 50/50, qui après un classicisme un peu trop rassurant, ose prendre les devants au risque de se montrer gentiment choquant. Ouverture d’esprit, quand tu nous tiens…Tu changes la vie.
Titres de l'album:
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