François Roux pourrait être un normand comme les autres. Un habitant de Caen tranquille, partageant sa vie entre son boulot et ses passions, mais François Roux n’est pas un normand comme les autres. Il y a fort longtemps, il a décidé que ses passions seraient son travail, et que sa musique le définirait mieux que n’importe quel parcours professionnel plus classique. Boulimique d’art, François l’est sans conteste, et un simple coup d’œil à ses implications musicales suffit à le comprendre. Excusez du peu, mais le musicien a, est, ou fut partie prenante dans des collectifs comme AUM, CENOTAPHE, HÖGGVA, IPHICRATE, REX MÜNDI, SALAMANDAR, ULFBERHT, WELTERING IN BLOOD, ASYLUM PHENOMENA, BIRTHDECLINE, DRANGSALYMIR, OBSCURITE, QUINTESSENCE, CAVERNE, NECROPOLE, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND, AURVANDIL, SICKBAG, UMBAKRAIL, ANGMAR, et bien sûr, NORMAN SHORES, dont le mois d’avril a célébré la naissance du quatrième longue-durée. NORMAN SHORES, c’est un peu son bréviaire de poésie noire, une façon d’adopter les codes du Black Metal pour les faire siens, entre emphase dramatique et prétentions presque symphoniques, entre BATHORY et EMPEROR, avec évidemment cette touche rugueuse héritée de la scène nationale des années 90, et cette sècheresse harmonique que les canadiens ont popularisé à la même époque. Une manière de faire rimer l’ineffable, une façon de décrire l’abscons, et surtout, une voie qui lui permet d’explorer les recoins les plus sombres de sa créativité, tout en restant en phase avec le réalisme d’une violence inhérente au genre. Fan d’épique, le musicien n’a jamais hésité à laisser s’exprimer ses fantasmes sur de longs morceaux évolutifs, ce que De L'ombre Surgit La Lumière confirme de ses inserts dépassant allègrement les neuf minutes, sans jamais combler le vide par le vide. Et tout en restant traditionnel dans son approche, l’homme se permet encore d’élargir son champ des possibles en intégrant plus d’arrangements troublants, de longues plages de solitude, et de soudaines tempêtes de violence appuyées.
Fondé en 2011, le projet a déjà publié trois LP, dont l’underground s’est régalé. Return to the Norman Shores en 2012, Le Tombeau de Brume en 2015 puis le petit dernier, Norske Herra l’année suivante. Très occupé et impliqué, François nous a donc laissé dans les ténèbres pendant trois années, avant de revenir frapper à notre porte avec de nouveaux fléaux dans la musette, et huit morceaux qui continuent le travail lyrique entrepris depuis ses débuts. S’il est boulimique, François n’en est pas pour autant complaisant. L’autosatisfaction n’est pas sa tasse de thé, et il n’est pas du genre à polluer le marché avec des sous-produits tenant plus de la démo qu’autre chose. Chacun de ses albums au sein de NORMAN SHORES est d’importance, et créativement à la hauteur des plus grandes références internationales. Et une fois encore, en cédant à la grandiloquence de la cruauté, il signe un manifeste de BM gigantesque, qui nous entraîne sur les pas de l’histoire d’une Normandie mystérieuse, occulte, ne se révélant que par petites touches. Sans changer sa formule, le multi-instrumentiste nous persuade du bien-fondé de sa philosophie, en n’utilisant que les thématiques de base d’un style qu’il adule plus que tout. C’est ainsi qu’une fois encore, nous retrouvons la froideur de la brutalité originelle des premiers efforts norvégiens et suédois, le tout agrémenté d’une culture nationale plaçant l’inventivité au-dessus de toute autre valeur, ce qui donne lieu à des mélanges assez intéressants entre divers courants de classicisme. En témoignent les deux titres les plus amples de ce quatrième album, placés dos à dos, « La Terre et le Sang » et « Les Lamentations de l'Univers », qui explorent le passé d’un style qui renaît sans cesse, et qui prouve qu’il est capable de se renouveler sans se trahir. Le chant, écorché et sous-mixé est évidemment ancré dans la tradition, mais cette façon de faire sonner des guitares comme des menaces qui planent, ces rythmiques qui s’adaptent et modulent, et ces harmonies maladives qui vous contaminent comme une peste du moyen-âge prouvent que l’artiste n’a rien perdu de son touché, et qu’il est toujours capable de se montrer efficace autant que progressif.
Agrémenté d’une intro et d’un insert de transition, De L'ombre Surgit La Lumière est une obscurité perméable à l’espoir d’une lumière faible et tremblante, mais bien réelle. Doté d’une superbe pochette en noir et blanc et d’une production parfaitement adaptée, il suit la route pavée par les trois albums précédents, tout en ouvrant de nouvelles pistes. Et contrairement à beaucoup de ses homologues qui entassent les travaux sur leur bureau sans douter de leur pertinence, François agence, fait le tri, ce qui lui permet de n’offrir que des compositions nobles et riches, qui utilisent le meilleur du BM symphonique des nineties et de l’ire du Raw BM de la même époque. On pense évidemment à une multitude de références, spécialement lorsque la cadence s’emballe (« Impure Immortalité »), mais on sait les musiciens du cru parfaitement allergiques aux comparaisons. Disons simplement que le normand sait toujours comment nous séduire de sa violence brute sans nous écorcher de délires bruitistes, et que sa science du silence comblé est toujours aussi efficace, lorsqu’il agrémente ses pistes de samples et d’arrangements étranges, à l’instar de cet hypnotique et sinueux « Macabre Désespérance ». Mettant toujours en exergue la beauté dans la laideur, l’auteur/compositeur et interprète nous bluffe de ses ambitions, qu’il matérialise avec toujours autant d’aisance, tâtant de la tragédie morbide pour mieux se vautrer dans la luxure poétique, et ne laisse pas passer la moindre minute sans la justifier d’un plan solide. On apprécie ses intros qui jettent dans la fosse, et sa constance dans la qualité, celle de ce quatrième album ne se démentant pas de bout en bout. L’effort se termine même sur l’implacable « Le Vagabond », lent, processionnel, qui démontre que NORMAN SHORES n’est pas que vitesse et véhémence. Aussi beau qu’il n’est sombre, ce nouvel LP est une pierre de plus ajoutée à l’édifice du parcours de ce musicien hors normes, un peu misanthrope sur les bords, mais terriblement généreux de son art.
Titres de l’album :
1.Astrale Décrépitude
2.Les Jours S'assombrissent
3.La Terre et le Sang
4.Les Lamentations de l’Univers
5.Ode
6.Impure Immortalité
7.Macabre Désespérance
8.Le Vagabond
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24