Dead End

Night Fever

02/02/2024

Svart Records

Si nous mettions autant d’énergie à changer le monde que NIGHT FEVER à jouer sa musique, alors il deviendrait en un rien de temps un endroit magnifique, où la vie s’écoule paisiblement. Et finalement, un constat s’impose : seul le Hardcore peut transposer le marasme dans lequel nous évoluons, sociétal, environnemental, et financier. Les uns se tournent vers les autres, les autres se castagnent avec les uns, et rien n’avance, la machine tournant à vide, comme une turbine s’alimentant elle-même juste pour continuer à tourner.

NIGHT FEVER vient de Copenhague, et s’évertue depuis ses débuts à retrouver la puissance de la rue. Après deux albums remarqués par la critique et les fans, le quintet s’était muré dans un silence inquiétant, nous laissant même croire à une mort prématurée. La résurrection n’en est que plus heureuse, puisque c’est aujourd’hui par le biais de Svart records que le groupe revient, et franchement pas content. Et avec douze cris de haine et un timing d’une demi-heure, Dead End s’impose comme l’impasse qu’il incarne.

Une impasse formidablement bien transposée par cette pochette menaçante, plaçant cinq silhouettes inquiétantes à la sortie d’une bouche de métro ou d’un tunnel quelconque. Des silhouettes qui rappellent les gangs des années 80, prêts à en découdre, les poings serrés dans les poches, et la mine basse. Une violence sous-jacente qui permet à la musique de faire son office en toute tranquillité.

Cette musique est viscérale, autant que le Hardcore peut l’être. Une violence de la rue, que connaissent bien les parias, les vilains, les oppressés et les révoltés, et qui permet de rester lucide alors que la morale et la politique vous obligent à fermer les yeux. Mais le regard fixé sur un présent qui ne leur plait guère, les NIGHT FEVER nous rappellent au bon souvenir du POISON IDEA historique et de l’AGNOSTIC FRONT atomique, tout en saluant la scène Punk-Hardcore suédoise.

DEATH SIDE, SLAPSHOT, YOUTH OF TODAY, le spectre des influences est large, mais seule la conviction reste importante. Et à ce petit jeu de brulots qui explosent les illusions et exposent les trahisons, les NIGHT FEVER passent pour des cadors, chaque tranche de vie étant animée d’une haine féroce et d’un ressentiment nucléaire. Cathartique au premier et au second degré, ce troisième album dit de la maturité reste un manifeste revanchard qui se base sur des postulats anciens pour tirer un bilan actuel :

C’est la grosse merde, et personne ne semble s’en préoccuper.

Alors on met les mains dans le cambouis, et on redémarre la machine anarchique. Guitares en surchauffe constante, chant braillé comme un veau séparé de sa mère, rythmique en béton qui utilise le moindre roulement pour faire tomber les murs, et cette hargne constante qui tient au corps, et vous permet d’aller plus loin. Plus loin dans la dénonciation, mais aussi plus loin dans l’action. Et Dead End est exactement l’album de Hardcore dont nous avions besoin pour ouvrir les yeux.  

Aussi vilain et méchant que la scène New-yorkaise, aussi dangereux et fielleux que les cousins de Portland, mais fluide en mode SoCal Punk, NIGHT FEVER fonce dans le tas, et se pose des questions une fois les yeux au beurre noir comptabilisés.

Cet album passe comme le cortège d’une manifestation altermondialiste, cortège euphorisé par quelques slogans bien sentis. La révolte des laissés pour compte fait froid dans le dos, mais si nous voulons encore avoir une chance de survivre sur cette planète de plus en plus hostile, il va falloir nous sortir les doigts de vous savez où. Et avec des hymnes endiablés comme « Dead End », « Rot », « Waiting For Death » ou « Lone Wolf », il reste encore un  peu d’espoir. Tous ne sont pas anesthésiés par les fausses promesses et les fausses idoles, et le consumérisme ne séduit pas tout le monde. Et mieux même : il dégoûte de plus en plus de communautés.

Et le disque qui tourne certainement plus vite que la normale nous fait réaliser qu’il est temps de se recentrer sur l’essentiel, et de redonner à l’humain la place centrale qu’il occupe dans une société viciée et vicieuse. Alors merci aux cinq danois de nous avoir rappelé l’urgence du véritable Hardcore, un Hardcore encore lové dans le giron rassurant d’un Rock n’Roll joué à la RAMONES, mais éructé à la URSUT.

Pas de temps à perdre les gars. Et si Dead End vous motive comme il le devrait, vous êtes sans doute prêt à dresser les barricades et à lancer les pavés.

Et « By The Throat » impressionnera suffisamment les forces de police pour qu’elles reculent de peur. Le seul sentiment encore pur.

            

      

Titres de l’album:

01. Dead End

02. Rot

03. Numb The Pain

04. Lone Wolf

05. Amen

06. Up The Wall

07. Reunited

08. Waiting For Death

09. By The Throat

10. Life Is Hell

11. The Killing Floor

12. Make 'Em Pay


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 23/03/2024 à 17:21
80 %    528

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09