Si nous mettions autant d’énergie à changer le monde que NIGHT FEVER à jouer sa musique, alors il deviendrait en un rien de temps un endroit magnifique, où la vie s’écoule paisiblement. Et finalement, un constat s’impose : seul le Hardcore peut transposer le marasme dans lequel nous évoluons, sociétal, environnemental, et financier. Les uns se tournent vers les autres, les autres se castagnent avec les uns, et rien n’avance, la machine tournant à vide, comme une turbine s’alimentant elle-même juste pour continuer à tourner.
NIGHT FEVER vient de Copenhague, et s’évertue depuis ses débuts à retrouver la puissance de la rue. Après deux albums remarqués par la critique et les fans, le quintet s’était muré dans un silence inquiétant, nous laissant même croire à une mort prématurée. La résurrection n’en est que plus heureuse, puisque c’est aujourd’hui par le biais de Svart records que le groupe revient, et franchement pas content. Et avec douze cris de haine et un timing d’une demi-heure, Dead End s’impose comme l’impasse qu’il incarne.
Une impasse formidablement bien transposée par cette pochette menaçante, plaçant cinq silhouettes inquiétantes à la sortie d’une bouche de métro ou d’un tunnel quelconque. Des silhouettes qui rappellent les gangs des années 80, prêts à en découdre, les poings serrés dans les poches, et la mine basse. Une violence sous-jacente qui permet à la musique de faire son office en toute tranquillité.
Cette musique est viscérale, autant que le Hardcore peut l’être. Une violence de la rue, que connaissent bien les parias, les vilains, les oppressés et les révoltés, et qui permet de rester lucide alors que la morale et la politique vous obligent à fermer les yeux. Mais le regard fixé sur un présent qui ne leur plait guère, les NIGHT FEVER nous rappellent au bon souvenir du POISON IDEA historique et de l’AGNOSTIC FRONT atomique, tout en saluant la scène Punk-Hardcore suédoise.
DEATH SIDE, SLAPSHOT, YOUTH OF TODAY, le spectre des influences est large, mais seule la conviction reste importante. Et à ce petit jeu de brulots qui explosent les illusions et exposent les trahisons, les NIGHT FEVER passent pour des cadors, chaque tranche de vie étant animée d’une haine féroce et d’un ressentiment nucléaire. Cathartique au premier et au second degré, ce troisième album dit de la maturité reste un manifeste revanchard qui se base sur des postulats anciens pour tirer un bilan actuel :
C’est la grosse merde, et personne ne semble s’en préoccuper.
Alors on met les mains dans le cambouis, et on redémarre la machine anarchique. Guitares en surchauffe constante, chant braillé comme un veau séparé de sa mère, rythmique en béton qui utilise le moindre roulement pour faire tomber les murs, et cette hargne constante qui tient au corps, et vous permet d’aller plus loin. Plus loin dans la dénonciation, mais aussi plus loin dans l’action. Et Dead End est exactement l’album de Hardcore dont nous avions besoin pour ouvrir les yeux.
Aussi vilain et méchant que la scène New-yorkaise, aussi dangereux et fielleux que les cousins de Portland, mais fluide en mode SoCal Punk, NIGHT FEVER fonce dans le tas, et se pose des questions une fois les yeux au beurre noir comptabilisés.
Cet album passe comme le cortège d’une manifestation altermondialiste, cortège euphorisé par quelques slogans bien sentis. La révolte des laissés pour compte fait froid dans le dos, mais si nous voulons encore avoir une chance de survivre sur cette planète de plus en plus hostile, il va falloir nous sortir les doigts de vous savez où. Et avec des hymnes endiablés comme « Dead End », « Rot », « Waiting For Death » ou « Lone Wolf », il reste encore un peu d’espoir. Tous ne sont pas anesthésiés par les fausses promesses et les fausses idoles, et le consumérisme ne séduit pas tout le monde. Et mieux même : il dégoûte de plus en plus de communautés.
Et le disque qui tourne certainement plus vite que la normale nous fait réaliser qu’il est temps de se recentrer sur l’essentiel, et de redonner à l’humain la place centrale qu’il occupe dans une société viciée et vicieuse. Alors merci aux cinq danois de nous avoir rappelé l’urgence du véritable Hardcore, un Hardcore encore lové dans le giron rassurant d’un Rock n’Roll joué à la RAMONES, mais éructé à la URSUT.
Pas de temps à perdre les gars. Et si Dead End vous motive comme il le devrait, vous êtes sans doute prêt à dresser les barricades et à lancer les pavés.
Et « By The Throat » impressionnera suffisamment les forces de police pour qu’elles reculent de peur. Le seul sentiment encore pur.
Titres de l’album:
01. Dead End
02. Rot
03. Numb The Pain
04. Lone Wolf
05. Amen
06. Up The Wall
07. Reunited
08. Waiting For Death
09. By The Throat
10. Life Is Hell
11. The Killing Floor
12. Make 'Em Pay
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30