Ça faisait quand même six ans qu’on roulait sans casque. Bof. Après tout, les pouvoirs publics nous saoulent tellement avec la sécurité qu’il est bon parfois de prendre des risques, quitte à se manger les transversales et les barrières.
C’est un peu la philosophie adoptée par Page Hamilton depuis le début. Rien à foutre. Tu veux du Metal ? Je te donne du lo-fi.
Tu veux de l’Indus ? Je te donne du mainstream légèrement Pop. Tu veux de la diversité ? Je reste monobloc et m’accroche à un riff pendant trois minutes sans en dévier.
Page, son line-up qui bouge, ses mots rouges qui touchent en plein cœur ou qui te passent au-dessus de l’âme, c’est quasiment un héros des nineties, que des groupes comme TOOL ou PANTERA ont honoré plus que de raison. Ou à raison justement, à cause de Strap it On, Meantime, de ces clips machinerie froids et encore plus réguliers qu’un beat de Ted Parsons.
Alors arrivé à son âge, Page s’en tape et tourne celles de sa vie comme bon lui semble.
Beaucoup reprochent. Le HELMET d’aujourd’hui n’est plus celui d’avant-hier. Comme si eux-mêmes n’avaient pas changé. Mais nous changeons tous, et le temps n’infléchit que rarement sa course. Alors autant se retrouver apaisé au moment de ne PAS faire le bilan.
Ce bilan, Dead To The World ne l’établit pas plus que Seeing Eye Dog en 2010, parce que le leader casqué ne cherche pas à capitaliser sur son héritage, ni sur son passé. Il vit sa vie, regarde autour de lui, en tire des aphorismes, et s’en sert même d’argument promotionnel.
Tiens, lisez donc cette accroche qui normalement, devrait vous donner envie d’écouter les onze nouveaux morceaux d’Hamilton & co.
« Catch phrases, punchlines, guns, bluster, ammo, incivility, impatience, murder. You, me, us, them, life, liberty and the pursuit of property. We disagree, we disrespect, discourse disappears in the age of access. When in doubt GET LOUD! It's my way or the highway, thank you Lawrence Tierney! »
Pas anglophones ? Vous n’y comprenez pas grand-chose, c’est du charabia ? Alors écoutez plutôt le huitième album d’HELMET, ce Dead To The World qui nous a fait rouler sans casque pendant six ans, puisque finalement, c’est la musique de Page qui parle le mieux à sa place.
On fait (presque) table rase du passé, on oublie les répétitions, les automatismes lourds, et surtout, on se dirige là où personne ne nous attend. Ou pas loin. C’est un peu le leitmotiv de ce nouvel effort produit par Hamilton himself, et mixé par Jay Baumgardner (HELMET bien sûr, UGLY KID JOE, PAPA ROACH, COAL CHAMBER, bla, bla, enfin vous avez pigé les références), qui finalement, n’est pas si différent de ses prédécesseurs, pour peu qu’on le prenne sous le bon angle.
De facto, c’est sans doute l’album le plus libre de Page. Celui sur lequel il assume enfin ses envies, et n’anticipe pas celles des autres. Celui pour lequel il a composé l’esprit libre, en humant l’air social du temps pour le restituer façon Rock alternatif à peine Metal, presque ludique parfois, un peu enjoué sur les bords, et parfois complètement bluffant de naturel.
L’homme a digéré ses mélodies, et se complait dans le rôle du trublion mainstream qui se prend pour un Ray Davies de la rue, observant ses contemporains et raillant leurs travers avec gentillesse et amour, et exposant ses vues autour d’une Post Pop guillerette, entraînante, sorte de mélange inavouable entre les KINKS, les SMASHING PUMPKINS et les BLUR. « Green Shirt », c’est un peu son « Country Life »/ « Village Green » à lui, assumé, un peu WEEZER triphasé, et restitué avec une sublime candeur qui ne laisse personne indifférent.
Ou alors, pas complètement…
Des guitares il y en a beaucoup sur ce huitième album, mais la plupart du temps, elles carillonnent, elles sonnent comme scintillent des étoiles de Noël en plein centre-ville d’une agglomération quelconque. Elles ne sont plus plombées mais légères et virevoltantes, ce qui peut perdre le fan de base dans les méandres de son obsession pour les itérations Heavy.
Pourtant, même lorsque le pas cède à l’envie et que le groupe ressemble à une adaptation de SOUNDGARDEN de toutes les époques, ça sonne comme du HELMET, pas de soucis (« Expect The World »). C’est suffisamment lourd que pour qu’une enclume alternative des 90’s y retrouve son MTV, mais MTV, c’est comme Capri, c’est fini.
HELMET aujourd’hui, c’est un Page qui n’a cure de ce qu’on pense de lui, mais qui pense à lui. Alors des choses, éparses, une cohérence dans le badinage, mais des chansons qui sont parmi les meilleures qu’il a écrites en vingt ans.
Un peu comme si il oubliait son glorieux passe compact pour se tourner vers un avenir intact. Le passé est bien présent, mais par touches fugaces, dans le gros riff monolithique de « Life Of Death », immédiatement contredit par un refrain accrocheur et souriant, dans le rythme hypnotique de « Bad News », qui ne doit rien à Moon Martin, mais qui honore la mémoire des NERVES et de WIRE.
Il est surtout dans la pesanteur maniaque de « Drunk In The Afternoon », atténué par des modulations à la Billy Corgan qui aurait enfin découvert la puissance de guitares qu’on PEUT maîtriser.
Et globalement, dans les gênes de « Red Scare » qui se replonge dans les premiers instants, mais sans les imiter pour ne pas risquer de radoter comme un vieux Rockeur qui n’en a jamais été un.
« If you don't like it, leave' and call it democracy. »
Vous voyez, il vous donne lui-même le choix. Le choix de ne pas apprécier le hit formidable qu’est « I Love My Guru », qui s’amuse beaucoup d’un plan que les GIRLS AGAINST BOYS auraient pu lâcher à la glorieuse époque de Cruise Yourself. Quelques stridences, mais beaucoup de nonchalance alternative qui fait la jonction entre la froideur d’hier et la chaleur de demain.
Demain, de quoi sera t’il fait ? Nul ne le sait, même pas Hamilton lui-même qui se contente d’avancer, sans trop se disperser. Est-ce que Page va vraiment crever tout seul, comme il le hurle avec la seule conviction vocale affirmée de l’album, sur ce « Die Alone », qu’il aurait presque pu coller sur Meantime, ou Betty, auquel Dead To The World ressemble beaucoup finalement ?
Non, puisqu’il affirme finalement qu’il est bien vivant, avec tout son mordant et son legs si important. « Look Alive », et l’intimisme qui revient au galop comme une ultime preuve du « nouveau » HELMET. Mélodie susurrée, riff gratté mais pas convaincu, pour une longue suite presque psychédélique, mais hautement mélodique, qui singe les DEFTONES qui eux-mêmes copiaient…HELMET. La boucle est bouclée ? Non, justement elle se déroule sous nos oreilles et fait du bien au moral.
Pourquoi ?
Parce qu’en prenant le risque de décevoir un maximum de fans prétendus « hardcore », Page Hamilton peut enfin se débarrasser de ses oripeaux de super-héros de la dent plombée et être ce qu’il veut être au fond de lui-même. Un musicien en paix avec lui-même, prêt à lancer un album qui finalement, sera sans doute un des meilleurs de sa carrière, mais pas parce qu’il sera parvenu à capter la pseudo magie des débuts. Mais plutôt parce qu’il aura accepté de l’oublier pour regarder vers demain, vers un monde qui grâce à lui, n’est pas si moribond que ça.
Titres de l'album:
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