Je suis tombé sur ce magnifique album tout à fait par hasard, croyant à une réédition du fait de sa présence sur un certain site…Il est possible qu’une nouvelle version existe, via un autre label, mais comme je n’ai aucune confirmation…Mais bref, 2017 ou 2014, peu importe, seul compte son contenu, qui séduira à n’en point douter les amateurs d’un Rock très abrasif et inventif, dans la droite lignée d’une certaine scène Stoner/Sludge/Hardcore des 90’s/2000’s, ainsi que les passionnés de musique débridée et inventive qui exploite à fond toutes ses possibilités rythmiques.
Pour autant, il n’est pas question d’avant-garde ou d’expérimental, mais plutôt de liberté de création qui s’exprime autour d’une structure réduite en format trio, et qui nous agite l’esprit de ses références multiples, mais aussi de son audace créative qui nous emporte dans un tourbillon de riffs gras, de chant léger et de plans qui se mêlent avec une élasticité menaçant de vous péter à la gueule à tout instant…
Alors, si d’aventure, un affranchissement certain des conventions vous sied, ainsi qu’une folie instrumentale débridée mais parfaitement cohérente, jetez-vous donc sur ce debut LP des allemands de DEAMON’S CHILD, qui vous emportera très loin dans un tourbillon de groove bruitiste ayant gardé prise avec la mélodie, certes bien tassée…
Publié en 2014, Deamon’s Child se cache sous une pochette étrange mais sublime de beauté graphique, nous offrant un décorum de rêve/cauchemar. Jeune fille aux yeux vides, singe à casque à pointe, dauphin, fées, animaux morts et couleurs vibrantes, tout un barnum pour situer une musique pas vraiment onirique, mais susceptible de troubler vos nuits de sa complexité et de ses tassements rythmiques, dans une veine qui n’est pas sans évoquer les MELVINS, en version plus légère et subliminale, ou le Stoner des QOTSA, revu et corrigé d’une Allemagne qui n’en est plus à une démarcation près.
Les DEAMON’S CHILD sont donc trois (Ana Muhi – basse et chant, Sven Missulis – guitare et Tim Mohr – batterie), se sont formés aux alentours de 2013, et comptent déjà deux albums et un live à leur actif. Leur vision d’un Rock tirant sur un Punk pas très léché est parfaitement séduisante, et se concentre sur une osmose tangible entre trois instrumentistes qui ont privilégié l’esprit d’équipe à la performance personnelle, quoique chacun dans son domaine soit une référence. Il est tout à fait logique à l’écoute de ces huit morceaux de penser à une ébauche larvée du Rock minimaliste et puissant des RAMONES ou de MOTORHEAD, revue et corrigé d’un Punk allemand très resserré, et amplifié de l’électricité de Seattle ou du Michigan.
Les noms de ZEUS et de DAISY CHAINSAW (sans leur délire barré et leurs massacres en règle de l’harmonie) peuvent aussi être cités, tout comme celui d’HELMET ou des SMASHING PUMPKINS, mais pour être vraiment honnête, leur identité est tellement affirmée que ces diverses influences ne peuvent être considérées que comme des balises destinées à aiguiller le chaland perdu dans les rayons.
La méthode est simple et d’usage, beaucoup d’exercices rythmiques très compressés, un maximum de riffs tendus à la distorsion abrasive et légèrement rouillée, un batteur qui ne peut se fixer sur une jauge fiable, et une chanteuse qui répand ses rares effluves vocales d’une voix enfantine un peu glauque sur les bords, dans un style Katie Jane Garfield revue et corrigée Lewis Carroll pour adolescents perturbés.
On pense aussi à un brouillon des divers projets annexes de notre cher Jack White, les RACONTEURS par exemple, pour cette crudité de ton qui met en avant une attaque franche et des guitares affamées (« Affchen Fahrt Fahrrad », le genre de truc en entame qui te fait dodeliner de la tête même levé à 6 A.M).
C’est un peu à la rigueur une vision très particulière du Heavy Metal massif et un peu gauche des origines revu au travers du prisme Hardcore/Punk Allemand, même si la dextérité et la folie de frappe de Tim Mohr nous aiguille vers des horizons beaucoup moins primitifs de Core dissonant et libre à la NOMEANSNO (« Delfine »). L’homme maltraite ses fûts mais caresse le groove et impose sa patte, se calant sur les divers changements de rythme en les imposant avec fermeté, et se sentant pousser des ailes en survolant ses toms d’une valse des baguettes qui laisse admiratif.
Binaire donc, pas mais que, bizarre mais tout aussi étrangement accrocheur (« Alles Bio, Immer Bio », qu’on mémorise sans peine à cause de son riff à la Lemmy & co. doublé d’un chant très fluet), un peu comme si les arty rigoristes de PRONG se livraient à une bataille rangée de points de vue avec le groove gluant des frères Wright.
On verse même parfois dans l’atmosphérique tout sauf contemplatif (« Mine Leer » et son riff PANTERA fatigué montant le long de l’échine dorsale, mais aussi sa double grosse caisse tranquille), qui d’ailleurs trouve écho d’un morceau à l’autre (« Lutscher », et ses cris primaux d’une enfant paniquée dans le noir), mais qui nous permet d’enrouler notre réalité autour de fils de rêve d’un univers bizarre ou la linéarité n’est pas de mise. Le trio bénéficie en outre d’un son tout à fait adapté à son monde un peu tordu mais attirant, un son qui laisse les instruments s’épanouir au sein de compositions qui n’hésitent pas à se concentrer sur l’essentiel, mais aussi à digresser pour atteindre un nouveau septième ciel, un peu assombri quand même (« Geier Zwei », instru Ambient un peu Post sur les bords, mais bien perturbant au milieu)
Le voyage se termine dans des brumes un peu opaques, en déclaration d’amour à l’antique déesse « Venus », qui elle aussi bénéficie de soins très particuliers. Progression à la MELVINS sous acide KYUSS, avec arrangements sous-jacents qui dominent une ambiance un peu sourde permettant à un riff épais de s’imposer comme aux grandes heures du basique à la « Louie, Louie », conclusion faussement épique mais vraiment épidermique d’un premier album qui imposera le nom de DEAMON’S CHILD dans l’underground.
Cet underground qui va se repaître de ces sonorités primales et de ces excroissances rythmiques incongrues, qui une fois superposées donneront lieu à une union étrange, consommée lors d’une nuit pas vraiment reposante ni romantique.
Une nuit chantée dans un allemand guttural par des conteurs venus de WHITEBUZZ et des THE PSYCHEDELIC AVENGERS, qui une fois regroupés, vous font regretter une enfance passée à regarder sous le lit pour vérifier que le monstre y est bien tapi.
Titres de l'album:
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