La mort telle que nous la connaissons. Moi, je ne suis pas contre, mais laquelle ? Longue maladie ? Suicide ? Exécution ? Accident ? Mort factuelle ou conceptuelle ? Ou alors, en poussant le bouchon encore plus loin, la mort artistique ? Celle qui survient une fois que toutes les ambitions de création sont définitivement en stade terminal ? On pourrait utiliser cette métaphore pour parler de la vague old-school sévissant depuis quelques années partout dans le monde, et qui se contente de recycler de vieilles idées sans même essayer de les remettre au goût du jour. Etant friand de la méthode, je suis quand même assez lucide pour reconnaître que parfois, l’euthanasie reste le meilleur moyen d’éviter à des plagiaires de souffrir et de terminer leurs jours dans une maison médicalisée. A quoi bon répéter comme un patient atteint d’Alzheimer des formules et préceptes déjà énoncés des décennies auparavant, si ce n’est pour sombrer dans la paraphrase stérile…Mais la mode cyclique étant ce qu’elle est, et telle que nous la connaissons, acceptons-là comme une renaissance perpétuelle des idées et des inclinaisons, d’autant plus que nous étions les premiers à les acclamer du temps de leur grandeur. Et en cette chaude matinée de dimanche promettant une canicule fort malvenue, j’accueille les américains de PHANTOM WITCH qui ne font pas grand mystère de leur fascination pour un passé de violence. Mais après tout, avec une bio qui ose le gimmick « Nous avons été envoyés dans le temps de 1986 pour propulser le Thrash vers l’avenir », pas de doute à avoir, le vintage sera une fois de plus roi, ce que quelques références laissées là tout sauf au hasard confirment.
Fondé non en 1986 mais en 2017, après avoir erré quelques années sous le nom plus court de PHANTOM, ce collectif californien de Salinas (Q Minor - batterie, Travis Ochoa & Cross Carrasco - guitares, Mateo Ramos - basse et Zach Cox - chant) n’a pas attendu bien longtemps pour jeter sur le marché son premier longue-durée, après avoir offert à sa fanbase naissante un premier single éponyme. Caché sous une pochette numérique assez passe-partout se terre donc le 127ème album de Thrash old-school du mois, mais pas des moindres. En osant l’heure de jeu comme point de départ, les californiens ont pris le risque de se montrer roboratifs, mais ont profité d’une inspiration plurielle pour remplir leurs sillons d’attaques mortelles, qui en appellent autant au Thrash de grand-maman qu’à celui plus moderne du petit fils. Evidemment, aucune accolade qui n’ait été donnée par des références éprouvées (les leurs sont visiblement classiques, METALLICA, MEGADETH, SLAYER, ANTHRAX, TESTAMENT, PANTERA, IRON MAIDEN, AVENGED SEVENFOLD, BLACK SABBATH, OVERKILL, ARTILLERY, DESTRUCTION, EXHORDER, KREATOR, EXODUS, SEPULTURA, SODOM, DEATH, DETHKLOK, ANNHILATOR, THE BLACK DAHLIA MURDER, MUNICIPAL WASTE, WARBRINGER, DRI), mais une réelle densité dans les attaques, et une volonté de varier le propos entre ruade âpre et virile et downtempo lourd et glauque, ce qui nous permet d’apprécier un éventail de possibilités assez conséquent.
Bons musiciens, les cinq instrumentistes font parler la poudre, et font même preuve d’un peu d’audace au moment de nous introduire à leur univers, puisque « Call of the Reaper », en intro, se passe de chant pendant quatre minutes, nous renvoyant à cette période glorieuse durant laquelle les chanteurs n’hésitaient pas à se taire pour laisser les instruments s’exprimer. Mais une fois ces présentations faites, le groupe ne perd plus de temps à nous persuader de sa capacité à faire parler la poudre, et nous explose d’un « Death as We Know It » déjà paru en single qui n’a rien perdu de sa force de frappe. On regrette un peu évidemment le son trop compressé de la batterie qui rend la double trop synthétique et insupportable, mais on aime ce chant revanchard qui harangue et ne lâche jamais prise, et cette performance rythmique qui va constamment de l’avant. Les guitares quant à elles se situent en convergence du Thrash d’avant et de celui de maintenant, gardant lien avec la scène Hardcore sans trop verser dans le Crossover malmené. Des soli humbles mais à l’impact notable, des breaks bien amenés, mais aussi une folie qui combine la rigueur US et l’exagération allemande, pour un mélange entre les éternels VIO-LENCE et les plus réservés ACCUSER. Et loin de se contenter de répéter ce mode opératoire jusqu’à la nausée, le quintet plaque un gros mid tempo sur la table, qu’il souligne de chœurs parfaitement hystériques, qui dopent encore plus cette exubérance qui permet à ce premier album de se distinguer. Toujours à cheval entre efficacité immédiate et travail de fond, le groupe comble tous les vides et ne laisse que peu de respirations, pour nous entraîner dans un tourbillon de brutalité qu’une basse Core vient aimablement accentuer.
Du très solide donc, avec quelques crises de démence en BPM (« In Deluison »), mais surtout, des conséquences, et des faits, celui d’avoir affaire à un groupe qui domine son sujet. Il semblerait que les musiciens les plus nostalgiques aient enfin compris qu’un copié/collé de classiques ne suffit plus à enthousiasmer le fan vintage, et qu’ils travaillent enfin leurs partitions. Grosse intro mélodique qui débouche sur un massacre homérique (« The Enemy », il y a du ONSLAUGHT nouvelle donne là-dedans), dissonances et drôle d’ambiance pour une boucherie digne de DESTRUCTION (« Eternal Damnation »), ambition affichée pour déroulé nuancé (« Spiderwebs », la Bay-Area résumée en six minutes), riffs saccadés qui citent EXODUS, SLAYER et leurs grandes sœurs (« Torture Chamber »), tout est passé en revue pour faire de Death As We Know It un classique bienvenu, et une sorte de synthèse absolue. Avec un son qui claque, quelques idées beaucoup moins convenues que la moyenne, et des talents individuels notables au service d’un collectif formidable, PHANTOM WITCH se démarque de la masse et impose sa patte, avec vigueur et rigueur, et nous permet de constater que la mode cyclique commence à évoluer. On pourrait pinailler et leur reprocher de s’éterniser, malgré des plans sans cesse renouvelés, mais en tant qu’acte notarié de la mort d’une disette créative, ce premier jet est convaincant et malmène les tympans. Une façon de mourir que l’on connaît bien mais que l’on accepte comme technique du passé qui s’accommode fort bien d’une absence de lendemains.
Titres de l’album :
1.Call of the Reaper
2.Death as We Know It
3.Basilisk
4.Volcanic Calamity
5.In Deluison
6.The Enemy
7.Eternal Damnation
8.Blood on the Ice
9.Demon in Black
10.Spiderwebs
11.Torture Chamber
12.Undead
13.In Delusion
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