Ben mon cochon, il a l’air de faire bon vivre à New York. Si j’en crois les IMMORTAL ROTTING, cette mégapole sent bon les égouts, transpire le mal-être, suinte la violence sourde, et charrie son lot quotidien de cadavres anonymes. Ceux qui ne le sont pas, ce sont justement Keith Christhunter (guitare), John Corpse (guitare/chant/basse/programmation) et Andrew Ghoul (batterie), puisque depuis 2019, ce trio accumule les trophées comme un serial killer des morceaux de ses victimes. La liste des sorties est longue comme un jour sans quiche lorraine. En à peine quatre ans d’existence, ces terroristes sonores nous ont gratifiés d’un nombre incalculable de démos, splits, live, compilations, et évidemment, longue-durée.
Et Death Doom Mafia est justement le sixième d’une longue lignée.
Quel titre adéquat. A peine les premières mesures de « Blood Stained Crucifix » plaquées comme un macchabée sur une table d’autopsie, l’ambiance se délite, et les murs commencent à transpirer de la bile. Dans un registre de Death Doom catatonique et traumatique, le trio se débrouille comme un chef, et nous soumet ses obsessions les plus morbides. Appartenant à la frange la plus extrême du sous-genre, IMMORTAL ROTTING joue certes toujours la même chose, mais le joue avec un brio incontestable.
A la manière d’un AUTOPSY qui reprendrait à son compte les formulations d’INCANTATION et ENCOFFINATION sous l’égide de la vague Nola, IMMORTAL ROTTING prône la lourdeur, l’oppression, la suffocation, et l’amertume transformée en résignation. On se laisse bercer par cette comptine pour psychopathes avérés, même si les ressorts dramatiques sont toujours les mêmes. Intro maousse sur les toms, voix cauchemardesque, riff unique répété ad nauseam, et arrangements réduits au strict minimum. En gros, prenez du MORTICIAN, passez le en 10 tours/mn, et vous obtiendrez quelque chose de très approchant.
Mais comme d’habitude, ça fonctionne, puisque le principe du pendule est toujours aussi efficace pour nous plonger dans une hypnose extatique. Cette musique annihile toute réaction, tout réflexe conditionné, et nous transforme en larves à peine capables de marcher. Et c’est justement ce qu’on recherche dans le Doom Death lorsqu’il se refuse à toute compromission. De l’horreur, des abominations sonores, et des répétitions qui sont autant de coups de marteau sur le crâne.
Dès lors, inutile que je vous fasse un dessin. D’autant que la pochette de cet album est suffisamment explicite. Trois potences, des corps à terre, inutile de s’attendre à aller siffler sur la colline avec un petit bouquet d’églantines. Mais si toutefois, la symbolique ne vous suffisait pas, les titres en eux-mêmes sont assez révélateurs. « Blood Vomit », « Bleeding Jesus », « Ripped Apart In New York », tout ça n’engendre pas la gaieté, et suppure de mauvaises intentions parfaitement traduites par cette énorme basse qui tombe comme un couperet sur la nuque des condamnés.
Mais qui sont les condamnés justement ? Visiblement, tout le monde, puisque la vision du trio est apocalyptique, globale et lucide. Death Doom Mafia dépeint la société à travers le prisme de la gravité outrancière, et ne laisse aucun faux espoir planer quant à la conclusion. Une mort annoncée bien en avance, et qui va se régaler le jour où la planète nous enverra paître dans les limbes.
Mais est-il possible de résister à l’appel du néant quand on vous sert encore froid et moisi un « Blood Vomit » atroce ou un « Unearthed Empty Casket » abominable ? Il faut une part de masochisme pour se délecter de cette lancinance post-mortem, qui ronge les chairs plus efficacement qu’une armée d’asticots affamés. Alors, certes, les itérations, répétitions et reproductions sont la base même de l’entreprise, mais IMMORTAL ROTTING parvient toujours à aller plus loin, plus fort et plus lent. Ainsi, la fin de l’album à de faux airs de split partagé entre AUTOPSY et GODFLESH, un mécanisme bien huilé qui pourtant couine à la moindre rotation.
De quoi gâcher la plus belle journée possible. Comme cet été capricieux nous rationne en soleil, autant rester à l’ombre des nuages noirs qui vont bientôt pleurer des larmes acides sur nos parasols sagement rangés. Si ça balance pas mal à Paris, ça stagne beaucoup à New-York, et les nouvelles ne sont pas bonnes. Et comme en plus, on nous les lit en détachant chaque syllabe (« Bleeding Jesus », affreux et plein de pustules), impossible de se tromper.
Beurk, mais yummy quand même.
Titres de l’album :
01. Blood Stained Crucifix
02. Ripped Apart In New York
03. Flood Of Ghosts
04. Blood Vomit
05. Bone Field
06. Unholy Majestic Hell Portal
07. Unearthed Empty Casket
08. Warlock Empire
09. Bleeding Jesus
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49