Encore un retour auquel on ne s’attendait pas, et qui ne concernera qu’une petite partie de notre lectorat. Cette petite partie passionnée par le Death des années 90, et qui ne manquait aucune sortie à l’époque, au risque de se fader des resucées fort peu passionnantes. Mais en procédant de la sorte, ces mêmes fans sont tombés un jour sur une sortie certes anecdotique, mais savoureuse. Celle du premier et unique album des américains de SORROW, qui en lieu et place d’une tristesse mélancolique nous proposaient une relecture des canons Death/Doom, tels qu’énoncés par AUTOPSY, SEMPITERNAL DEATHREIGN ou les premiers PARADISE LOST.
Ainsi, Hatred and Disgust, plus de trente ans après sa parution, continue de fasciner une ancienne et une nouvelle génération de son ambiance putride, et de son romantisme morbide. Solide entrée de l’année 1992, cet album trouve aujourd’hui une suite logique, puisque Death of Sorrow vient le compléter et lui offrir une fin digne de ce nom.
Oui, une fin. Le titre de cet album n’a pas été choisi au hasard, puisque SORROW nous traîne jusqu’au cimetière célébrer ses propres funérailles. Loin d’une œuvre originale et actuelle, ce second tome se propose d’explorer un répertoire inédit datant de l’année même de sortie de son prédécesseur, avec six morceaux enregistrés en 2022/2023 payant leur tribut à l’odeur pestilentielle de l’époque.
Un nouveau vieil album ? C’est un peu ça, pour autant, le tout ne sent pas le renfermé, et peut même prétendre rivaliser avec la seule production officielle des américains. Classique jusqu’au bout des riffs, ce nouveau disque né d’un comeback inopiné est une procession de première classe avec corbillard en bois et croque-mort en costume d’apparat usé et poussiéreux. On retrouve dans ces titres l’impulsion originelle d’un Death Metal sale et nauséeux, celui que l’on savourait sur Mental Funeral ou même Cause of Death.
Doté d’une production casher et d’un mixage incroyablement clair et spacieux, Death of Sorrow permet de se replonger dans ses souvenirs, et ressortir ses cahiers recensant les sorties les plus néfastes d’une ère loin d‘être enterrée et oubliée. Les guitares lancinantes, le chant caverneux au gros grain, les à-coups rythmiques soudains et les écrasements de mammouth sauront combler les nostalgiques indécrottables du sempiternel « c’était quand même mieux avant », mais aussi cette nouvelle génération qui n’a de cesse de réhabiliter des œuvres obscures en leur exhumant de leur sépulture.
Outre ces six morceaux remis au (dé)goût du jour, on retrouve sur cet album une relecture de « Hidden Fear », pavé de neuf minutes qui figurait sur la démo Human Fear. Prenant, ce morceau use de tous les effets pour nous replonger dans le marasme de la violence des égouts des années 90, lorsque le Death était le style extrême le plus prisé par les musiciens mal embouchés. Cette atmosphère déliquescente, cette odeur de linceul moisi, ce tapis de cranes qui flotte à la surface d’un ossuaire stimulent les sens, et nous étouffent d’une pression énorme sur le thorax, crise cardiaque d’une mémoire qui n’a pas oublié les sensations post-mortem les plus terrifiantes.
Alors, on se laisse aller, enivré par ce retour en arrière magnifique, mais définitif. Que dire donc de cette extrême onction prodiguée par un prêtre défroqué ? Qu’elle est sentencieuse, respectueuse, et qu’elle nous enserre de sa prise ferme pour nous faire regarder la mort en face. Autant se délecter de ces sonorités d’origine, de cette remise à niveau d’un goût exquis, qui reprend peu ou prou les mêmes recettes que développait Hatred and Disgust, l’attitude moderne en plus.
Sacré cadeau offert par SORROW, toujours aussi triste et renoncé. On ne change pas une formule qui schlingue, et cette nouvelle saillie donnera le tournis aux nettoyeurs de fosses-septiques et risque même de faire tourner de l’œil les chasseurs de parasites. Et si l’ensemble sonne convenu, autant qu’une nouveauté capitalisant sur le manque généré par un passé lointain, la jouissance procurée par ce jus coulant du corps putréfié du Death/Doom le plus abimé reste sans équivalent sur la scène actuelle.
Solide, laid, mais clean. La contradiction peut surprendre, et pourtant, Death of Sorrow est aussi propre que des chiottes après un traitement à la javel industrielle. On peut donc apprécier ces nuances macabres sans avoir peur de s’en foutre plein les mains, et mordre à pleines dents cariées dans « Scar », strié de mélodies maladives, ou avaler d’un trait le roboratif « Someone Else’s Blood » et sa basse excessive sur fond de riff unique à la BLACK SABBATH passé du mauvais côté du miroir.
En bonus, le quatuor (Mike Hymson - batterie, Billy Rogan - guitare, Brett Clarin - guitare et Andy Marchione - basse/chant, oui, le même line-up qu’en 1991) nous offre une outro tout à fait graveleuse, dans le genre larmes versées sur un cercueil à moitié bouffé par les termites.
Le Bandcamp du groupe vous offrira la surprise d’une poignée de titres en version instrumentale, et la bouche est définitivement bouclée.
Et comme le demande le groupe, « appréciez notre enterrement ».
Ce qui est logique puisque normalement, on est enterré qu’une seule fois dans sa vie.
Titres de l’album:
01. Doom the World
02. Judicial Falsity
03. Remembered Eternally
04. Scar
05. Required Irrationality
06. Someone Else’s Blood
07. Hidden Fear
08. Funeral March
Très heureux de ce retour que je n'attendais plus. Hatred and Disgust est un des meilleurs albums que j'ai acheté dans ma vie. Cet opus lui fait suite fort honorablement, quoique très légèrement inférieur. Je ne regrette pas mon achat. Merci Sorrow !
Thank you (Stéphane Bellehumour) for listening and Thank you (mortne2001) for the review..
We appreciate you.
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