Cinq brutes qui se réunissent sous la bannière d’un des labels les plus bordéliques du monde, évidemment, ça ne laisse pas perplexe, mais plutôt…attentif. Profound Lore continue donc son exploration des tréfonds de l’extrême mondial, et nous offre cette fois encore la crème de la crème, avec un nouveau supergroupe dont il a le secret. Le label canadien laisse donc pour une fois tomber le BM, le Sludge, le Post Metal et l’expérimental pour se jeter corps et âme dans le marigot d’un Death Grind de tradition, et nous présente par la même occasion le projet CAUSTIC WOUND, pas tout à fait inconnu, mais pas encore vraiment affirmé. Le groupe, déjà auteur d’une première démo en 2018 a donc patiemment attendu que ses membres se dégagent de leurs obligations pour se consacrer à l’écriture et la parution d’un premier longue-durée, ce qui est donc chose faite avec ce terrifiant et terrassant Death Posture. Obligations causées par l’appartenance à des ensembles connus de la scène noise mondiale, puisqu’on retrouve au casting de ce projet Clyle Lindstrom (CEREBRAL ROT, FETID) au chant, Max Bowman (MORTIFERUM) et Chase Slaker (MORTIFERUM) aux guitares, Tony Wolfe (MORTIFERUM) à la basse et Casey Moore (MAGRUDERGRIND) à la batterie, soit la quintessence du Death Grind contemporain qui trouve ses racines dans la tradition. Et en réunissant une telle palette de têtes brûlées, il n’y avait aucune surprise à attendre, sinon une gigantesque explosion de haine Death/Grind de première catégorie, ce que Death Posture propose sans détours ni artifices.
Il faut dire que la pochette en elle-même dévoile les intentions comme on affiche un étendard. Crâne légèrement bouffé par la putréfaction, lettrage classique Hardcore, noir et blanc de photocopieuse pour un LP qui se veut old-school, on se croirait reparti au temps béni du tape-trading, et avant même d’avoir heurté nos délicates oreilles, l’album séduit de son packaging. Enregistré et mixé par Detto et masterisé par Dan Lowndes, avec un artwork de Jonathan Bauerle, Death Posture est plus qu’un simple projet Death/Grind de plus, il est un manifeste, une preuve d’allégeance au style avant qu’il ne soit édulcoré et millimétré par les techniques de production modernes. On sent l’amour des musiciens pour les racines du style, et si l’ensemble ne déstabilise pas de son classicisme, il nous rappelle les œuvres les plus séminales. A l’écoute de ce barouf qui se veut aussi Gore que Grind et aussi Death que Noise, on se prend à rêver aux débuts du CARCASS solide, celui de Symphonies of Sickness, mais aussi à BRUTAL TRUTH, à un MORTICIAN plus analogique, et en gros, à tout un pan de la culture underground rapide et sans pitié. Les morceaux, courts et concis, dépassent rarement le temps imparti, mais vous pouvez compter sur le métier des musiciens pour emballer le tout dans une ambiance glauque et poisseuse. Loin des élans de joie du Grind moderne, CAUSTIC WOUND joue le traditionnel, applique les théories de la scène de Birmingham, et torche un vague riff d’intro gras pour mieux laisser les débats dégénérer à grands coups de blasts et de soli totalement hystériques.
La production du LP, carrée, n’en est pas moins suffisamment étouffée pour garder cette patine authentique, mais rassurez-vous, tous les plans sont discernables, peut-être plus lorsque le quintet ralentit la machine. Alternant les astuces Crust pour détourner les codes Death, CAUSTIC WOUND joue avec toutes les possibilités des genres en prenant bien soin de les respecter à la lettre, et « Death Posture » de présenter les arguments en trois minutes histoire de jour la franchise et de tout mettre sur la table. Intro poisseuse d’une bonne minute, soudain déchaînement instrumental à base de sifflantes et de notes grondantes, pour une entrée en matière de la rythmique sans ambages et un déluge de blasts. On appuie évidemment la comparaison avec CARCASS, puisque tout est fait ou presque pour suggérer un respect total pour la bande à Jeff Walker, mais on comprend aussi que l’expérience accumulée au sein de leurs combos respectifs a aidé à solidifier les idées et à affirmer les positions. Avec trois membres de MORTIFERUM dans l’équipe, il eut été surprenant que CAUSTIC WOUND ne soit pas ce qu’il est, mais autant dire que les musiciens ont su s’effacer derrière leur projet, et construire un répertoire particulier pour ne pas lâcher de simples resucées de leurs groupes d’origine. Ce qu’on apprécie par-dessus-tout, c’est ce passage en revue de toutes les combinaisons, avec ces ralentissements glauques, ces éclairs de violence soutenus, et ce son de basse énorme qui fait trembler les tympans, sans oublier la complémentarité de ces deux guitares qui épaississent encore plus les riffs simples, et directs. Le chant de Clyle Lindstrom est bien évidemment très grognon et parfois difficilement discernable, accentuant l’aspect un peu Gore de l’entreprise, qui ne sombre pourtant jamais dans les travers dégobillant du Goregrind. Pas question d’égorger le cochon ici, mais bien de le faire griller pour le déguster, et des inserts lapidaires et jouissifs de la trempe de « Terror Bomber » ou « Acid Attack » nous rappellent à quel point le Grind de tradition peut être cathartique.
Un LP en forme de pause dans des carrières bien chargées, mais pas une simple récréation pour refourguer un produit vite torché. Death Posture est un véritable album de Grind à prendre au premier degré et qui se rapproche même des plus grandes réussites du genre, ce qui n’est pas rien en 2021. Ça gicle, ça charcle, ça retourne les boyaux, mais ça fait du bien aux tuyaux. Et si l’humanité s’en continue de creuser son propre tombeau, autant que ça soit au son du bon combo.
Titres de l’album :
01. Death Posture
02. Cemetery Planet
03. Visions Of Torture
04. Black Bag Asphyxiation
05. Terror Bomber
06. Blast Casualty
07. Ritual Trappings
08. Uranium Decay
09. Cabal
10. Acid Attack
11. Invisible Cell
12. Guillotine
13. Automated Weapons Systems
14. Cataclysmic Gigaton
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