Fut un temps où dans le domaine du Rock, les nationalités Anglaises et Américaines vous ouvraient toutes les portes de l’adulation. Dans le même temps, signifier à un tiers une guitare en bandoulière que vous veniez du Japon, de Suède, de Norvège ou du Brésil, et c’était le sourire narquois assuré. Le mépris, la condescendance, ou pire, « l’exotisme ».
Mais comme les modes, comme les mentalités, le temps passe.
Et en 2017, jouer du Rock en possédant un passeport Suédois, Japonais ou Norvégien, c’est l’assurance de passer la douane de la crédibilité la tête haute, sans presque avoir besoin de dégainer une cassette dans le lecteur.
Surprenant n’est-ce pas ?
Pas tellement. La preuve ?
Le second album des Norvégiens de TIEBREAKER.
Il y a deux ans, émanaient de Bergen des sons bien connus des aficionados d’un Rock costaud, puisant ses racines dans les glorieuses et inépuisables 70’s. Un disque, le premier, We Come from the Mountains, qui fit grand bruit et permit à cinq jeunes locaux de s’exporter sur la toile (Thomas Espeland Karlsen - chant, Eirik Wik Haug - guitare, Olav Vikingstad - guitare, Patrick Andersson - basse, et Pål Gunnar Dale – batterie), via une évidente fascination pour les mastodontes des dix glorieuses du Rock flamboyant et transpirant, DEEP PURPLE, LED ZEPPELIN, CACTUS, et autres amoureux d’un Blues électrifié et passé au prisme d’amplis orange flambant vintage.
On le sait, cette mode depuis quelques années à tendance à devenir envahissante et parfois redondante, souvent même, et il devient difficile de faire le tri entre les véritables orfèvres et les faiseurs de prêt-à-porter. Mais lorsque les sensations sont viscérales, que les rythmiques sont animales, que le chant fait mal et que les riffs sentent le mâle, alors il convient de ne pas chercher la petite bête pour savoir qui l’a débusquée le premier.
D’ailleurs, depuis leurs débuts, il est évident que les TIEBREAKER ne sont pas là pour se prendre la tête. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est que la vôtre dodeline d’avant en arrière, que vos poings se serrent, et faire trembler votre tanière.
La recette est simple, et calquée sur celle des grands anciens. Du feeling à revendre, s’il existe toujours des acheteurs, des guitares fiévreuses, des tempi chaloupés ou bien frappés, une basse qui ondule, qui avance et recule, et un chant qui vient des tripes, balèze comme Hercule.
On connaît le principe, et évidemment, si l’on est déjà fan des GRAVEYARD, BLACK COUNTRY COMMUNION, BLACK STONE CHERRY, KADAVAR et autres BLUES PILLS, l’initiation est déjà finie depuis longtemps et on se permettra même de faire la fine bouche devant toute nouvelle dégustation proposée. Sauf que faire la fine bouche dans le cas de ce Death Tunes revient à refuser une double ration de bourbon ET de dessert tant les mets ont été élaborés avec passion et dévotion, et qu’ils coulent en bouche comme des rivières du passé, claires comme un riff de Jimmy Page un soir d’été.
Le ZEP bien sûr, mais pas l’influence la plus évidente. Il faut aller chercher ailleurs son inspiration de comparaison, et plutôt parler des BLACK SABBATH métissés de GRAND FUNK, et mâtinés d’une grosse louche de FREE, en version plus Heavy, puisque c’est l’option choisie par ces Norvégiens pas encore refroidis.
Et même si « Hell » en intro déboule comme une groupie backstage, le pas rapide et la moue lippue, la rythmique est plus volontiers médium sur la plupart des titres, qui injectent pas mal de Blues dans leur Rock.
Et de chansons de la mort, nous ferions bien d’évoquer la vie, puisque ce second album respire le bonheur de jouer une musique simple mais chaude comme des braises, ce que démontre sans apriori le terrible « Pan American Grinstone », que les GRAVEYARD auraient justement pu graver sur leur pierre tombale.
Chant hurlé à plein poumons (« You could be my king and I’ll be your QUEEN ? » Bonne idée, je vous laisse le trône et la robe qui va avec), riff gluant comme un chewing-gum sous des bottes western, rythmique à l’unisson qui gronde, mais ne tourne pas la croche à quelques pauses, permettant un sale crescendo.
Et ça déroule, pas vraiment cool, mais un peu quand même, et les hits seventies ou presque s’enchaînent sans temps mort.
« Cannonball » malgré son nom joue la syncope Bluesy, alors que « Commando » frappe encore plus fort et taquine un Heavy naissant par l’entremise d’une guitare d’encens et d’un chant transcendant.
En version plus développée, « Building Up To Die » s’amourache de l’intro glauque du séminal « Black Sabbath », avant de se vider dans un trip stellaire digne d’un mariage consenti entre HAWKWIND et CACTUS pour un énorme orage de Hard Blues sous une pluie de riffs diluviens.
« Killer » de son côté ne doit rien au COOPER, mais s’appuie sur une charge phénoménale qui ne ménage ni la distorsion, ni une basse qui serpente à l’unisson. Breaks, hurlements de guitares qui prient les Dieux du Rock vintage des FREE et autres NOVEMBER, et chant une fois de plus au bord de l’asphyxie, qui pourtant tient le souffle pour accompagner un festival de soli qui étouffent.
Sur cette succession de morceaux courts mais intenses, Death Tunes égale le niveau de qualité imposé par le début We Come from the Mountains. Même authenticité, même fougue, même puissance et délicatesse en aisance, mais c’est le final homérique « Heavy Lifting » qui permet à ce deuxième né de se démarquer, avec ses dix minutes d’errances sur les routes du psychédélisme light.
Tour de force progressif sans le côté « pomp », ce morceau est assez révélateur du potentiel énorme des TIEBREAKER, potentiel qui permet donc de les placer en avant pour un avenir en tête de liste, loin de la horde de suiveurs sans âme.
Avec son accroche Bluesy qui prend aux larmes, et qui monte en puissance tout du long pour finir dans un orgasme d’électricité sous couvert de pudeur Soul, c’est l’équivalent longue durée du phénoménal « Slow Motion Countdown » des GRAVEYARD, ou pourquoi pas, dans un excès/accès d’enthousiasme, la version contemporaine et norvégienne d’un « Freebird » qui hésiterait encore à célébrer la vie plutôt que la mort.
Deuxième album, mais maturité impressionnante. Dans le jeu bien sûr, mais aussi dans la composition, qui permet à ces dix brulots de vous réchauffer le cœur mieux qu’une bouteille bue au goulot.
De l’excellent boulot d’ailleurs, et un nom qu’il faudra retenir, susceptible de vous faire oublier tous les autres.
Avec Death Tunes, les TIEBREAKER sont plus vivants que jamais. Et ils n’attendent pas la fin du set pour lâcher le smash rageur. Ils gagnent haut la main sans avoir à attendre le jeu décisif.
Titres de l'album:
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