Deathly Silence, le septième album de MEMBRANE, nous confronte à une réalité déprimante : la montée des injustices sociales, la folie croissante de l’humanité et la crise climatique en cours.
Il semblerait que tous les groupes partagent la même obsession thématique. Ceci étant dit, comment leur en vouloir ? Le monde est dans un tel état catastrophique qu’il serait inconscient de tourner la tête ou de l’enfoncer dans le sable. D’ailleurs, notre sablier se vide à une vitesse phénoménale, nous laissant seuls avec nos échéances. Et comme rien n’est fait pour inverser le cours des choses, l’issue n’en est que plus inéluctable. Au départ, les indices sont à peine perceptibles. Des nappes phréatiques contaminées, quelques dixièmes de degrés supplémentaires, une calotte glaciaire à la dérive et des espèces qui disparaissent dans la plus grande indifférence. Et puis, de jour en jour et de mois en mois, les red flags s’agitent plus énergiquement, et pointent la mort des océans, l’extinction de masse, la xénophobie ambiante, l’ostracisme, le repli sur soi et le protectionnisme. Et nous en sommes arrivés à un point où la réalité nous explose au visage chaque jour. Alors, je ne peux qu’approuver le choix des termes de MEMBRANE :
une réalité déprimante
Le Post Hardcore a ceci de pratique qu’il permet de mettre en sons ce contraste permanent entre les ténèbres et la lumière. Encore faut-il qu’il soit joué par des musiciens créatifs et intelligents. Mais personne ne doute que MEMBRANE possède ces deux qualités, d’autant que les vésuliens ont déjà six longue-durée dans leur balluchon. Et cette aventure entamée en 2000, l’année du grand bug, continue aujourd’hui sous d’autres auspices, mais avec le même talent.
Deathly Silence est donc le septième album du quatuor français (Nicolas Frère : guitare/chant, Nicolas Cagnoni - basse/chœurs, Maxime Weingand - batterie et Hugo Perestrelo - guitare), qui a doucement dérivé d’un Sludge poisseux à un Post Metal aventureux. Trois ans nous séparaient de leur dernière création, Beyond Your Beliefs, traité dans ces colonnes, mais le quatuor a toujours été réglé comme une horloge déréglée. Alors, ces trente-six mois d’attente ont été mis à profit pour enregistrer le disque définitif que l’on est en droit d’attendre de tels musiciens. Enregistré et mixé par Cyrille Gachet, masterisé par Alan Douches (Westwestside Music), Deathly Silence recycle, comme l’époque l’exige, mais le fait avec un brio incontestable. Dans un registre qui pourrait plaire aux fans d’HYPNO5E, MEMBRANE fait vibrer celle de notre haut-parleur mental, et nous alerte sur l’urgence d’une situation qui ne peut être inversée. Le destin nous attend donc au coin de notre pitoyable existence, et ce silence de mort dont le groupe parle risque très bientôt d’assourdir les cris poussés dans les démonstrations et manifestations altermondialistes et environnementales.
Avec une solennité majestueuse et légèrement empruntée de NEUROSIS, Deathly Silence impose évidemment un tempo énorme, lourd, lent, insistant et martelé, et brode des thèmes nostalgiques transcendés par un chant hurlé, époumoné, qui souhaite se faire entendre bien au-delà du champ d‘inspiration du groupe. « Too Late » souligne tous les éléments du concept en un peu plus de six minutes. Un titre explicite, des guitares qui passent de riffs aplatis à des arpèges acides en son clair, une voix qui risque l’extinction et qui soudainement râle loin dans le mix, des cassures évidentes, et une volonté d’illustrer le marasme ambiant en traduisant les évènements qui nous menacent directement.
Et le résultat est à la hauteur des ambitions. Effrayer, tabler sur une lucidité tardive, et faire comprendre l’inévitable : le bout de la route est très proche.
la folie croissante de l’humanité et la crise climatique en cours
Les deux vont quelque part de pair, puisque cette crise climatique a été causée par la folie de l’homme incapable de préserver son habitat et ses ressources au nom du capitalisme et de l’avidité. Pêche massive, déforestation, consommation astronomique d’énergie électrique, fuel remplissant les réservoirs de paquebots, avions de ligne, voitures…la source est donc presque tarie, ce qui n’empêche guère les multinationales de continuer à les assécher…Les dividendes, toujours…
Cette quête perpétuelle est formidablement bien mise en musique par « Deathly Silence », sournois, effrayant aussi, mais surtout rigide comme une news catastrophique qui tombe sur les écrans. En baignant son jus dans le fiel d’un Metal plus généraliste, MEMBRANE nous permet de nous accrocher à un thème plus consensuel, et osons le mot, accrocheur.
Les mélodies, amères et empoisonnées se battent constamment contre ces à-coups rythmiques abrupts, créant un décalage entre les intentions. Mais la seule à prendre en compte est celle-ci : traduire le malaise ambiant, la peur grouillante et le chaos déjà dense en une poignée de chansons suffisamment explicites et contemplatives à la fois. Ce qui est le cas de « The Soft Whispers », qui utilise les riffs poisseux et insistants du Sludge sur une option Post-Metal pertinente et assurée.
Cette plongée dans les abysses d’un avenir glauque n’est pas sans conséquences. On se retrouve la tête remplie d’images flippantes, et le cœur débordant d’une encre noire qui sèche plus vite que l’histoire. « Earth » est à ce titre le morceau le plus direct et puissant. Sur un riff hautement redondant, les quatre vésuliens digressent sur un discours proche d’un Black Metal discipliné et viscéral, avant de laisser les percussions nous révéler ce qui nous attend.
une réalité déprimante
Deathly Silence l’est, sans conteste. Il est aussi un nouvel avertissement qui ne fera sonner aucune cloche ou battre aucun rappel. A bientôt, le néant étant assez vaste pour accueillir tous les coupables.
Titres de l’album:
01. Raise
02. Fire and Fear
03. Too Late
04. Deathly Silence
05. The Soft Whispers
06. Earth
Oui il y avait des tensions je pense. Hinds voulait clairement une orientation moins "Metal" depuis quelques temps pour Masto... Et dernièrement il était très critique sur le concert d'adieu de Black Sab' auquel Masto va participer. Il avait po(...)
11/03/2025, 20:35
Du tout bon ça !!!PS : L'intro de la chro c'est pour de vrai mortne2001 ou juste pour la beauté du texte ???
11/03/2025, 19:29
Apparemment Hinds était moins impliqué dans le groupe ces derniers temps mais c'est vraiment dommage cette séparation.
11/03/2025, 07:47
Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.
08/03/2025, 16:08
Tout comme Gargan, bien plus ADIPOCERE que HOLY à l'époque.HOLY étant bien trop atmo-avant-garde-mélo-musique-du-monde pour moi.Pout autant, GLOOMY GRIM et TRISTITIA ont été de très grandes révélations au mili(...)
08/03/2025, 10:09
Le catalogue était culte avec ses descriptions d'albums !!! ("la batterie va à 1000 km/h", "l'album de la maturité",...) Ma discothèque s'est constituée au début en grande partie grâce à eux.
07/03/2025, 16:48
@ Mortne2001 :J'ai maté les films que tu conseillais et que je n'avais pas encore vu (voir même entendu causer...) :- ODDITY : Mouuuais... ... ...Idée de base pas mal mais des incohérences scénaristiques qui gâche totalement t(...)
04/03/2025, 12:25
Possible qu'ils tournent, étant donné que Bobby est devenu un meme depuis quelques jours....
04/03/2025, 10:50
De mon côté, j'ai forcément découvert Holy Records avec Metallian dans les années 90. J'avais acheté le premier Septic Flesh parce que j'avais aimé la pochette. J'ai aimé la zique dans la foulée. J'aimais bien (...)
03/03/2025, 13:09
Pour moi Holy, c'était principalement Elend, groupe qui m'est toujours resté cher. Mise à part ça je n'étais pas un holy maniac hehe. Pour la distro, j'étais plus Adipo, même si je me souviens avoir passé des heures sur le(...)
03/03/2025, 10:45
Yep, c'était le war volume III de chez SOM. De mémoire les deux autres étaient ceux de Bloodthorn/And Oceans et Bethzaida/Anata. Un peu comme à la même époque le Thorns/Emperor mais c'était chez Moonfog :)
03/03/2025, 10:39