Vous connaissez tous l’adage, « le mieux est l’ennemi du bien ». Ou « qui peut le plus, peut le moins ». Soit. Vous êtes donc au courant que pour beaucoup, la raison et la méthode sont plus importants que la passion et les électrodes. Rien à voir j’en conviens, quoique les électrochocs n’aient pas un rapport aussi lointain que ça avec la sortie du jour.
Dans les années 80, le Metal ne suffisant plus, les musiciens ont inventé le Thrash comme une catharsis, mais là encore, c’était bon enfant.
Le Death a pris le relais, jusqu’à ce qu’une bande d’allumés Anglais ne se vautre dans les blasts du Grind. En accélérant un peu le tempo, et en accentuant le côté porcin des vocaux, quelques illuminés ont créé sans le faire exprès le Goregrind.
Et puis le reste…Le Brutal Death, le Noisecore, j’en passe, des GEROGERIGEGEGE et des GORE BEYOND NECROPSY qui trépassent, parce que les exemples sont trop nombreux et que je n’ai pas le temps.
Pour résumer mon propos, vous trouverez toujours un quidam qui en a fait plus que les autres, ou qui veut toujours se faire remarquer.
C’est rigolo, parfois un peu salaud, mais de temps en temps, assez finaud. Exemple.
Prenons le cas des VERMIN WOMB.
Construit sur les cendres de la déjà pas très empathique entité CLINGING TO THE TRESS OF A FOREST FIRE par son ancien guitariste/vomisseur Ethan Lee McCarthy (aujourd’hui dans PRIMITIVE MAN, concept qui lui va à merveille) et son bassiste Zach Harlan, VERMIN WOMB s’est voulu le golem de leurs cauchemars les plus tourmentés et inconcevables.
En langage moins poétique et onirique, un défouloir énorme, qui leur permettait des exactions de violence incommensurables et non mesurables, histoire de repousser l’extrême de quelques extrémités supplémentaires.
Opération réussie ? La greffe a elle pris ? On aurait pu croire les muscles déjà trop distendus et prêts à lâcher, mais non, ils ont tenu, et pour résultat, Decline ressemble à une séance de muscu d’une rare intensité, pratiquée dans une vieille grotte suintante loin de toute forme d’humanité…
Le processus a requis une mutation de quelques gênes de base. De l’ADN de musiciens forgés à l’exercice de l’intensité absolue, sur lequel on a appliqué des greffons de Death, de Black, de Grind, en attendant que la bête se transforme en Némésis, et commence à montrer des velléités de violence absolue et incontrôlable. L’expérience avait déjà été plus ou moins tentée sur les monstruosités GNAW THEIR TONGUES, REVENGE, FULL OF HELL ou PISSGRAVE, mais il faut admettre que cette fois-ci, l’équilibre entre un embryon de musicalité et une excroissance de brutalité a été trouvé et que notre trio en question, qui d’ailleurs depuis ne partage qu’un tronc et trois têtes/six bras est parvenu avec Decline, à synthétiser la brutalité musicale dans sa forme la plus pure, en l’expurgeant de toute poussée humaniste, quelle qu’elle soit.
Pour les bourrins que mon discours ennuie, VERMIN WOMB, c’est l’absolu de l’extrême, c’est le Blackened Grind passé au hachoir Brutal Death, et dont les morceaux sont ensuite réduits en bouillie par une presse hydraulique Indus, histoire de ne laisser que le gras, et pas la chair.
Alors tout commence dans l’inconfort d’un gros feedback qui fait mal aux oreilles, avant de partir en vrille le long de blasts qui font mal aux orteils.
Basse et guitare indiscernables, voix caverneuse de plantigrade qui ne maîtrise pas forcément bien la communication orale, accélérations, écrabouillements Death qui concassent la pierre de taille, contretemps type marteau-piqueur à 7 AM, densité Sludge/Death qui étouffe l’espace, et « Entomb » de montrer la marche à suivre, qui se termine entre quatre planches alors même que personne ne vous a déclaré décédé.
On pourrait croire à une entame/formule pour attirer le chaland par une sale odeur de putréfaction, mais « Industrialist » enfonce le second clou dans le cercueil et diminue les chances de s’en sortir sinon indemne, au moins encore un peu…vivant.
Avouons-le, même en ayant entendu pas mal de choses, même en ayant passé des nuits blanches de terreur après avoir posé nos oreilles sur des ignominies comme la collaboration entre MERZBOW et FULL OF HELL, comme le Eschatological Scatology de GNAW THEIR TONGUES, les premières démos d’ABRUPTUM ou les délires de MORTICIAN et autres intensités débiles des groupes de NoiseGrind Japonais, VERMIN WOMB surprend, en parvenant à résumer des années de pics de folie bruitiste, et en associant le Black, le Death, Le Grind d’une façon que peu ont osé mettre en place depuis…très longtemps, voire le début.
Decline n’est pas long, mais suffisant pour se demander comment trois musiciens parviennent à faire plus de boucan qu’un orchestre symphonique sous acide, dirigé par une équipe de chantier dopé au crystal meth.
De leur passé, Ethan et Zach n’ont retenu que le plus excessif, et le poussent à bout histoire de tester votre résistance à la douleur auditive.
Avec un son à décorner Chris Barnes et slicer le prépuce des membres d’AVULSED, Decline se permet de toiser les cimes de l’absolu, tout en restant captivant de bout en bout. Car la question qui se pose dès le départ et qui reste jusqu’à la fin, c’est « Vont-ils tenir jusqu’au bout à ce rythme ? » La réponse est évidemment éminemment positive, et l’image la plus idoine pour décrire cet exercice en péril majeur est celle d’un homme, confronté à un mur de béton, et qui n’aurait que sa tête qu’il frappe à répétition pour tenter d’y creuser un trou.
Ça joue très vite, très fort, très dense, mais c’est rythmiquement affolant, ça lâche quelques plans qui restent incrustés dans les neurones, et le chant d’Ethan atteint les limites du non-sens dans une imitation probante de John Gallagher qui lui-même essaie de reproduire le son de basse de Shane Embury avec la bouche.
Constant dans l’horreur (« Rank & File », subtile alternance d’écrasements compacts Death et de montée en puissance Crust, avec une fois de plus des lignes vocales ignobles), parfois plus chafouin que la moyenne (« Inner World », genre NAPALM DEATH et SINISTER qui partent en pique-nique), et finalement vraiment méchant (« Cancer », Ethan abandonne toute forme d’intelligibilité, et la rythmique se prend pour un rouleau-compresseur conduit par un épileptique), Decline est en quelque sorte un essai sur la possibilité d’aller encore plus loin que le bout de la fin, et se savoure d’un trait, laissant l’esprit un peu embué. Mais on ne peut qu’être admiratif face à ce wall of violence que Phil Spector n’aurait pas pu cauchemarder dans ses pires nuits de dépendance.
Mettez-vous dans le tambour d’une machine à laver industrielle perdue dans un ancien goulag Russe encore peuplé de quelques prisonniers restés à l’état sauvage, réglez le programme sur un essorage à 15.000 tours par minute, et attendez que ça fasse hurler sadiquement les pauvres bougres jamais libérés par le KGB. Bam, vous avez compris, mais c’est déjà trop tard.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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