Le Metal et l’occulte ont toujours fait bon ménage, et ça n’est pas BLACK SABBATH qui nous contredira. Lovecraft, le Necronomicon, les messes noires, le bordel norvégien et les églises en barbecue, KING DIAMOND, DEATH SS, COVEN, Anton LaVey, les candélabres, bref, tout une iconographie opportuniste plus qu’une réelle croyance. Heureusement, nos musiciens préférés ne s’enterrent pas dans les forêts pour sacrifier des vierges ou de pauvres boucs, Glen Benton n’est qu’un gentil monsieur avec un regard bizarre, et le tout s’emballe de lui-même dans un gros paquet cadeau pour ados en mal de sensations fortes. A ce petit jeu, les italiens sont assez forts, mais ce sont évidemment les américains qui poussent le bouchon le plus loin, alors même que les origines de la magie noire viennent d’Amérique du Sud, d’Haïti et l’alchimie d’Europe.
Bref.
Les VAULTWRAITH ne se posent pas la question de l’appartenance ni de la nationalité, et plongent la tête la première dans les ténèbres. Depuis 2012, ce trio improbable aux pochettes superbes nous propose une sorte de Black/Heavy, ou de Blackened Heavy, ou de Heavy Black selon votre humeur, joué avec les tripes et des idées noires plein la tête. Habiles artisans, ces trois musiciens aux pseudos fleuris (Baron Blood - batterie, The Warlock - guitare/basse/claviers et Esteban Walpurgis - chant) nous ont déjà narré leurs aventures macabres sur deux longue-durée, savoureux, iconoclastes et hauts en monochrome, Death Is Proof of Satan's Power (2017) et Light the Candle in Honour of Devils (2019). Bien lancés sur leur trajectoire descendante, les trois compères ont ensuite lâché en totale autoproduction le malin et sournois Decomposing Spells, repris en 2023 par les mimines de Hells Headbangers. Une réédition juteuse, qui permettra aux plus passionnés de découvrir un groupe sympathique, aux motifs dignes d’un Grand-Guignol de l’occulte.
Ce troisième album, le plus important, a été composé avec des idées derrière la tête, et un paquet d’influences. Que le groupe cite même sans honte sur son Bandcamp, et qui se résument à cette liste intrigante :
Helga Line, Paul Naschy, Horror Rises From The Tomb (1973), Ring of Darkness (1979), Stephen Lawrence, Alice Sweet Alice (1976), Brigitte Lahaie, Jean Rollin, Fascination (1979), Colin Towns, The Haunting of Julia (1977), Skywald Horror-Mood, The Incubus (1982), Mortuary (1983), El ataque de los muertos sin ojos (1973), House By the Cemetery (1981)
Un sacré bon choix, avec des allusions à Fulci, aux templiers espagnols, au porno, au surnaturel, au macabre, histoire de planter le décor encore plus efficacement qu’un vieux village recréé en studio par la Hammer. Le village arpenté par les trois marsouins est mal éclairé, étrange, aux volets clos dès la nuit tombée, et aux cris que l’on perçoit venant du bois voisin. Un bois fréquenté par des silhouettes étranges, encapuchonnées, et quelques femmes légèrement vêtues, exhibant leurs courbes avant adoration du Malin.
Si l’image est très étudiée, la musique n’est pas en reste. Mais cette musique, aussi ludique soit-elle n’en est pas moins classique, quelque part entre la scène italienne de la fin des années 80 et celle plus conventionnelle du Heavy/Thrash américain des mid eighties. Beaucoup de riffs simples donc, une rythmique qui ne prend pas de risque inutile, et un chant vomi comme les entrailles de l’enfer sur la tronche d’un prêtre un peu trop téméraire.
Les structures sont donc d’usage, les soli rudimentaires, mais ce sont les effets et arrangements qui font tout le charme de cet album, qui abuse d’ambiances délétères aux claviers, de chœurs en remugles, de notes sentencieuses et autres volutes morbides soufflées sur le visage. Et une fois les portes passées, impossible de faire marche arrière : les démons, zombies, sorcières gardent le domaine et ne comptent pas vous laisser vous en échapper.
Efficace autant qu’atmosphérique, Decomposing Spells fonctionne peu ou prou comme un album de la NWOBHM traduit dans un langage plus obscur et perméable aux formules magiques et autres enchantements. Toutefois, on perçoit de temps à autres l’influence conjointe de KING DIAMOND et DEATH SS, sur l’efficace en diable « The Sinister Scythe », alors qu’au contraire, « Wax Cylinder Apparition » joue le gothique sympathique avec brouillard à couper au couteau et ombres menaçantes au coin d’une rue condamnée.
C’est du vrai, du pur et du massif, qui s’écoute comme on regarde un vieux film des années 60/70. On remarque le décor en carton-pâte, on sourit du jeu chargé des héroïnes vouées à porter un déshabillé audacieux avant de se faire sacrifier sur un autel de fortune (« Decomposing Spells »), et on se laisse prendre au jeu d’un autel infernal encombré de potions, parchemins et autres accessoires de divination et de malédiction.
Les VAULTWRAITH sont doués, inutile de le nier. Leur musique est catchy comme du CARCASS repris par BULLDOZER (« The Mortuary Succubus »), leur mid-tempo martelé et entêtant, et la voix immonde de Walpurgis évoque le marteau des sorcières et Christopher Lee. De quoi se replonger dans sa collection de VHS pour exhumer une petite perle oubliée, et en prendre mesure via celle d’un Heavy occulte mais sympathique et relativement inoffensif.
On peut sourire et faire ressembler le mouvement à un rictus diabolique. C’est le ressort de toute œuvre noire qui ne se prend pas au sérieux, mais qui ne lèse jamais ses fans énamourés.
Titres de l’album:
01. Wax Cylinder Apparition
02. The Devil's Dish Served Cold
03. Decomposing Spells
04. Carnivorous Coven
05. Church Burned
06. The Sinister Scythe
07. Full Circle Possession
08. Hearse Hauntress
09. The Mortuary Succubus
10. Of Skeletons And Metal
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22