Projet international à cheval entre le Brésil et le Chili, OMAGO nous propose donc une tranche de mort très classique, et très influencée par la vieille école des années 90, lorsque le style était encore un tant soit peu analogique et ne cédait pas encore aux facilités de brutalité modernes. Mis sur pied par le chanteur chilien Eduardo Jarry, OMAGO profite donc d’une collaboration typiquement sud-américaine pour développer de solides arguments bestiaux, chirurgicaux dans l’interprétation au biseau, mais suffisamment violents pour convaincre tous les fans de Metal de la mort le plus traditionnel. Accompagné par deux autres musiciens capés, Eduardo Jarry nous présente son premier longue-durée, témoin d’une foi indéfectible envers un Metal non édulcoré, rappelant le meilleur de BOLT THROWER, SUFFOCATION, DEATH, PESTILENCE, ASPHYX et tous les cadors de la scène brutale des nineties.
Autour de lui, deux musiciens solides à la réputation en béton. A la guitare, et à la basse, le petit prodige brésilien Victor Hugo Targino (THYRESIS, WOODEN BRIDGE, ex-FORAHNEO, ex-DISSIDIUM, ex-METACROSE (live), ex-SOTURNUS (live)), roi du riff qui charcute et du solo en parachute, et le batteur Demetrius Pedrosa (METACROSE, THYRESIS, ex-DISSIDIUM, ex-EGREGORA, ex-ROADIES), soit le backing-band idoine pour se reposer sur de solides épaules instrumentales. En résulte un premier album qui sent bon le sadisme en vogue il y a quelques décennies, et les exactions de tueurs en série lâchés dans un foyer de jeunes filles au pair ukrainiennes.
Mixé et masterisé par le légendaire Dan Swanö, qui a conféré à l’œuvre une patine épaisse et un relief conséquent, Decrepitus est tout sauf un monolithe décrépi par le temps, et s’affirme comme une gigantesque construction défiant les cieux de sa vilénie. Arborant en sus un magnifique artwork signé de la main experte de Marcelo Vasco, artiste brésilien ayant déjà mis sa créativité au service de SLAYER, KREATOR, DARK FUNERAL ou TROOPS OF DOOM, Decrepitus charcle donc dans tous les coins de la pièce pour ne laisser aucun survivant. On apprécie donc ce formalisme qui ne se déguise pas en fausse innovation, puisque le trio ose offrir un regard neuf sur des théories anciennes, en faisant preuve de respect mais d’assez de personnalité pour se dégager de la masse.
Avec à peine trente-cinq minutes de musique, ce premier jet joue la concision, et a fait le bon choix. Ce qui nous permet d’apprécier non seulement la cohésion, mais aussi la diversité des approches, qui trouve son acmé sur l’impitoyable et saccadé « Burn the Books ». Véritable hit de l’outrance, ce titre joue avec les atmosphères, proposant du confiné mélodique à la MACHINE HEAD de Burn my Eyes, avant de nous exploser les tympans d’une accélération totalement gratuite, mais jouissive. Loin d’une simple démarcation de grand classique, Decrepitus, sans vraiment chambouler les rangs de la classe old-school ose donc deux ou trois choses plus intimes, mais privilégie quand même la violence la plus rodée (« Decrepitus », hymne qui tombe à point nommé à mi-parcours).
Et question hymnes, l’album offre de quoi hurler comme un goret, puisqu’en ouverture, « Sore Loser » se pose là avec sa rythmique immense et son chant raclé comme la gorge d’un porc avant le coup de surin fatal. Les riffs, formels, sont propulsés par la batterie infatigable de Demetrius Pedrosa qui connaît bien son boulot, et qui impose des fulgurances d’une fluidité incroyable. Un peu de MORBID ANGEL pour la religion de la mort, pas mal d’influences bataves pour l’underground et la sècheresse de ton, OMAGO connaît ses classiques, mais les récite avec inspiration.
Résultat, le temps passe très vite, et les croches aussi, spécialement lorsque les deux instrumentistes se sentent pousser des ailes. « No Reconciliation » malgré son titre risque pourtant de réconcilier les fans de nouveauté et les nostalgiques, en traçant un trait d’union entre les époques. C’est fast, c’est raw, mais c’est pro, ça ne grogne pas dans le vide, ça ne recycle pas bêtement de vieilles idées trop éculées, et ça domine du chef et des soli pas mal de leaders old-school actuels. Pas de temps à perdre, pas de minute à gâcher, on fonce, mais on fonce avec intelligence, en baissant dans les tours pour ne pas cramer le joint de culasse. Alors, le mid tempo se fraie un passage vers les intros (« Kingdom of Cowards », plus catchy qu’un live d’OBITUARY), le Thrash parvient parfois à se rappeler à notre bon souvenir (« Cold »), mais la mort plane toujours très bas, prête à nous emporter vers des enfers personnels vraiment effrayants (« Brother Against Brother »).
Bon coup de semonce pour ce projet unissant le Brésil et le Chili, pour un Death efficace, accrocheur, et pas seulement assemblé de parties ramassées dans les charniers de l’histoire. Mais après tout, on imagine assez mal Dan Swanö cautionner le travail d’un docteur Frankenstein du pauvre. Même par curiosité morbide.
Titres de l’album:
01. Sore Loser
02. Headless
03. Vile Schemer Vile
04. Burn the Books
05. Decrepitus
06. No Reconciliation
07. Kingdom of Cowards
08. Cold
09. Worst Blind
10. Brother Against Brother
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