MR. BIG, THE WINERY DOGS, Richie Kotzen, Billy Sheehan, tout ça commence à sentir la consanguinité à plein nez, mais après tout, on connaît les musiciens et leur propension à se mélanger et à profiter du moindre quart d’heure pour enregistrer un truc. Et comme Frontiers n’est pas du genre à brider ses poulains, il y a peu de chances que la tendance s’inverse.
Bref.
Avec ou sans Richie, avec ou sans Billy, dans l’un ou l’autre des groupes, seule la musique compte, et celle de MR. BIG a toujours été généreuse et conséquente. Personne n’a oublié leurs tonitruant débuts en tant que premier supergroupe des early 90’s, lorsque le monde découvrait hagard, un truc complètement à part, un genre de David Lee Roth band composé de superstars du Hard-Rock ayant décidé de mettre leur destin en commun. Une pelletée d’albums, des hits (« Green-Tinted Sixties Mind », « To Be With You », « Wild World »), et puis une longue descente vers l’oubli, des charts évidemment, pas du public qui les a toujours chéris.
Et puis un final, début 2000, et un comeback, quelques années plus tard avec le line-up d’origine, que nous retrouvons pour la troisième fois sur bande depuis 2010.
What If…était plutôt bon, …The Stories We Could Tell aussi, mais le tout sentait quand même la remise en jambes, surtout comparé aux futurs et présents albums de Billy avec Richie et Mike, qui eux rappelaient salement les débuts éponymes de Paul, Pat et Eric.
Moins d’énergie, mais toujours autant de passion pour ce troisième LP post retour sous les spotlights, qui célèbre aussi la reprise de fonction du producteur historique Kevin Elson, aux commandes des consoles de Mr. Big à Hey Man.
Defying Gravity est donc une affaire de famille, quoi que celle-ci ait dû faire face à quelques problèmes de santé, depuis la détection de la maladie de Parkinson chez Pat Torpey, qui a été remplacé sur quelques morceaux par Matt Starr, qui assurera comme d’habitude une grosse partie de la tournée.
Ce qui n’empêche nullement ce nouvel opus de groover comme un beau diable, et de rocker bien fiable sans se caler sous l’ombre du dirigeable.
On y retrouve bien sûr tous les ingrédients qui ont fait du groupe un membre de la A list Hard-Rock, avec cette musicalité exacerbée, et cette technique époustouflante mise au service de morceaux conséquents, qui n’oublient jamais les harmonies au placard.
Halte là, le BIG n’est pas le DOG, et la démonstration n’est pas à l’ordre du jour. On sait qu’Eric et les siens ont toujours adoré mélanger la Pop avec le Rock, et le Blues avec le Hard, d’où ces douze morceaux bien équilibrés, variés, qui explorent tous les territoires déjà défrichés, en apportant une petite touche de nouveauté.
S’il est toujours délicat de juger de la qualité d’une production en écoutant d’infâmes mp3 compressés, on peut quand même souligner que cette dernière est assez brute, et évite le piège du standardisé et émoussé qui aurait condamné les morceaux les plus soft à tomber dans la soupe radiophonique trop délayée. Mais on peut toujours faire confiance à Paul Gilbert pour mettre son grain de sel et de poivre avec ses guitares toujours aussi mordantes, et ses soli toujours pertinents et impatients. Du coup, Defying Gravity défie vraiment la gravité et s’élève bien au-dessus des attentes médianes que suscite un groupe de cette trempe, et se permet de tutoyer l’excellence des meilleurs chapitres de l’histoire de MR. BIG.
On oscille entre le bon, le très bon et l’excellent, pour presque une heure de musique qui tient la barre et ne relâche jamais la pression de l’exigence. Rien de foncièrement novateur pour le quatuor, mais un soin particulier apporté aux compositions qui tiennent debout en tant que telles et individuellement. Que le ton soit méchamment Hard et bluesy comme sur l’entame « Open Your Eyes » (qui aurait pu être composé par Kotzen & Co. pour les WINERY DOGS), ou subtilement Pop-Hard à la EXTREME sur le magnifique « Forever And Back », aux chœurs très QUEENesques, Eric, Paul, Pat et Billy assurent et tiennent une forme olympienne, pour nous offrir un album qui a quand même des allures de faux Greatest Hits d’une carrière impeccable.
On y trouve de tout, mais pas n’importe quoi, et les amateurs de puissance tous comme les adorateurs des nuances seront ravis, puisque le quatuor s’est surpassé pour nous proposer leurs meilleures compos depuis très longtemps. D’ailleurs, ils tiennent parfois à jouer la carte de la nostalgie sans tomber dans la mièvrerie, avec le clin d’œil à la gloire passée de « 1992 », qui se souvient du sommet des charts via une charge frontale chaloupée tout sauf dupe de sa distorsion assumée.
Difficile de parler du LP sans faire une référence directe à toutes les chansons qui chacune dans leur créneau, visent et atteignent la perfection. Ainsi, on retrouve le BIG le plus énergique sur le trépidant « Defying Gravity », qui laisse Paul s’amuser avec les harmoniques, et le picking électrique à la Van Halen, mais aussi le plus acoustique et frénétique sur « Damn I’m In Love Again », l’un des titres les plus accrocheurs de l’ensemble avec ses arrangements vocaux ludiques et ses accords Country en friche.
Comme l’affirme le groupe, « Everybody Needs A Little Trouble », et il semblerait que les épreuves aient renforcé leur sens inné de l’accroche, puisqu’ils nous font groover comme de jeunes excités. Mais comme ils le disent aussi avec fermeté, « Nothin’ Bad (‘Bout Feeling Good) », qui nous rapproche d’un « Green-Tinted Sixties Mind » et même d’un PEARL JAM contemporain, de son Adult Rock qui n’a pas oublié sa jeunesse dans son costume de travail.
D’ailleurs, comment assumer son âge lorsqu’on est capable de se déhancher comme un funkster déchaîné sur « Nothing At All », au phrasé rappé par un Eric sans casquette, mais bien motivé.
« Be Kind », est tout sauf ce que son titre souhaite indiquer, et nous fait le coup du shuffle plein de stupre à la Steve Lukather, pour sept minutes jouissives d’un Blues amadoué de chœurs Pop qui trainent dans le coin du bar.
« Durant ces dernières années, nous avons pas mal expérimenté avec la technique, mais la meilleure façon de faire est toujours de jouer simplement en tant que groupe, ensemble […], nous avons tout de suite ressenti l’alchimie, et nous avons presque tout fait live en studio.»
Paul affirme, et assume ses arguments, que l’écoute de Defying Gravity rend immédiatement viables. Et après tant d’années de carrière et plus grand-chose à prouver, il est possible que MR. BIG ait soigné son album le plus équilibré depuis Lean Into It. Un album mûr, mais jeune, un peu fou, mais rationnel, explosif, mais séduisant et caressant. Mais quoi que vous fassiez, la pomme que vous jetez en l’air finira toujours par retomber. Il en va de même avec le talent, qui vous colle à la peau comme Newton à son arbre.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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