« Mexico, Mexico...Sous ton soleil qui chante, le temps paraît trop court, pour goûter au bonheur de chaque jour…Mexico, Mexico...Tes femmes sont ardentes, et tu seras toujours, le paradis des cœurs, et de l'amour. »
Bon, OK, tout ça sonne un peu cliché. Mais s’il est certain que le soleil de Mexico réchauffe les cœurs, je ne suis pas certain que les mexicaines soient plus ardentes qu’à Rio ou Paris, et si le soleil chante, il connaît visiblement un autre air que celui de l’opérette du Chanteur de Mexico de Francis Lopez…
Et si j’en crois ce que mes oreilles ont entendu ce matin, l’astre ardent serait plutôt du genre thrashisant, et apte à brûler la peau de guitares incendiaires et de harangues vocales infernales.
Oublions donc les vocalises chevrotantes et concentrons-nous sur les vocations hardantes, puisque l’objet de la chronique du jour se focalise sur un jeune quintette de chiens fous, qui sont plutôt portés sur les attaques franches et massives de la Bay Area et les soubresauts rythmiques à l’allemande.
Le nom de ce nouveau projet qui électrifie les nuits de Léon sans sombrero ?
Pas vraiment du meilleur goût, mais du genre qu’on retient du premier coup, THIRD REICH.
Je vous arrête tout de suite, aucune référence malsaine ni provocation cheap. Et si analogie vous cherchez, regardez plutôt du côté des séminaux SACRED REICH ou de WEHRMACHT, qui eux aussi jouaient de la provocation patronymique sans friser le mauvais gout nationaliste.
Et même si stylistiquement, les cinq originaires de Léon partagent un minimum de points communs avec ces deux références, leurs inclinaisons pour une musique brutale et des textes qui ne le sont pas moins sont assez explicites pour oser le rapprochement.
Mais pas de doute, les influences du quintette (Miguel – chant, Dave – batterie, Fer & Cristian – guitares et Alex – basse) sont clairement indiquées sur leur page Facebook, et se contentent de baliser les sempiternels classiques, citant SLAYER, MEGADETH, ANTHRAX, IRON MAIDEN, EXODUS, KREATOR ou NUCLEAR ASSAULT. Un panel large évoqué sans grand risque de se tromper, même si leur musique n’a rien d’aussi professionnel que toutes ces références placées en guise de balises génériques.
En suivant leur bio, mais en prenant note et comparaison sur leur Bandcamp et leur page Metal Archives, les THIRD REICH disposeraient d’une discographie assez contradictoire. Si les deux pages désignent Degeneration comme étant une première œuvre, leur laïus Facebook nous parle d’une première démo publiée en 2015 par Bunker Records, et d’un premier LP l’année suivante, enregistré aux Kunak studios. Mais après tout, peu importe et précisons juste en guise de conclusion que le quintette s’est formé en 2014, qu’il est complètement autonome, et qu’il a partagé la scène avec quelques grands noms du créneau.
Lequel ? Celui d’un Thrash franc et assez massif, qui ne crache toutefois pas sur quelques subtilités bienvenues. Disposant d’un son très rêche et un peu fluctuant, ce premier/second album a opté pour un parti pris assez risqué, puisque la plus courte des huit compositions se sent bien seule avec ses trois minutes et trente secondes, alors que la plus longue surnage à près de huit minutes.
De là, on comprend assez vite sans même avoir encore écouté la moindre note que les THIRD REICH vont nous la jouer finaude et de biais, en privilégiant l’alternance Heavy et le Thrash en furie, ce qui est exactement le cas chers amis.
Ne cherchant pas l’originalité sous le moindre caillou soulevé, les mexicains osent un Thrash en demi-teinte, qui a parfois tendance à se mordre la queue dans des plans assez plats, même si une basse claquante vient toujours sauver le manque de fronde par ses graves fouettant.
Niveau technique, pas de souci à se faire, les musiciens connaissent leur boulot, mais il faut reconnaître qu’ils restent souvent à la surface des débats sans vraiment chercher à fouiller dans les hauts fonds de quoi nous surprendre pour de bon.
A l’écoute de ce Degeneration, on pense plutôt au Crossover des CRUMBSUCKERS en moins béton, voire à une digression sur le Thrash Punk des DETENTE/DISSECTION, le radicalisme légèrement atténué dans le ton (« Hate’s On »).
L’ensemble n’est pas désagréable et assez frais dans l’âme, même si les passages les plus speedés sont les plus enjoués, alors même que les longues digressions Heavy nous font plutôt dériver. On aurait aimé plus de folie et de diversité, et surtout, moins de riffs réchauffés, même si ceux-ci sont servis avec efficacité.
La production un peu amateur sur les bords attise la chaleur, et évoque quelques pistes vintage d’il y a trente ans (INDESTROY, EXUMER), mais le fait d’opter presque systématiquement pour des contretemps certes claquant, mais un peu prévisibles, ou un mid tempo pas forcément écrasant, relègue souvent les THIRD REICH au rang d’acteurs de série B se contentant de reprendre à leur compte des idées déjà abondamment utilisées.
Pourtant, lorsqu’ils le souhaitent, ils sont tout à fait capables de composer éclaté, comme le démontre ce multiple « Judgement Day », qui profite d’une rythmique un peu Hardcore et de riffs aiguisés par la mort pour se rapprocher d’un très bon DARK ANGEL ou d’une ébauche de DEATH ANGEL mâtiné de LUDICHRIST de transition, entre Crossover et Thrash médian en fusion.
L’évolutif pamphlet final « Degeneration », quoiqu’un poil trop long, distille une ambiance un peu délétère et nous renvoie les pieds en l’air pour une séance de Thrash progressif massif, avec breaks intuitifs et chant qui flirte avec un Death plaintif, sur lequel Miguel se sort les tripes et Alex ses notes les plus typiques. Dans une mouvance TESTAMENT diluée d’une basse à la Lilker/SOD, les mexicains s’en tirent plutôt bien, même si les tics les plus énervants des morceaux précédents sont toujours constants, quoiqu’un peu moins patents. Riffs qui se ressemblent, production qui amalgame le tout sans faire de différence, et chant un peu linéaire, soli qui pâtissent d’une baisse de dynamique d’enfer, enfin, le genre de reproches que l’on formule assez souvent aux nostalgiques du Thrash qui se contentent souvent du tout-venant.
Et si « Bloodface » n’est pas l’entame rêvée avec son Thrash encore balbutié, trempant encore les pieds dans un Heavy tâtonné, si « Assassins » nous colle un lick assez anodin et typique d’une NWOBHM un peu chafouin, si « Hell Is Here » se voit soudainement boosté d’un volume sonore pas vraiment maîtrisé, « War Reigns » nous la joue SLAYER enfumé et « Death Holocaust » travaille enfin la nuance et accentue la méfiance, en disposant d’une atmosphère délétère sincère.
En gros, un équilibre pas encore parfait, qui demandera quelques efforts pour vraiment nous faire adhérer à la cause d’un quintette encore un peu timoré.
Mais ne soyons pas trop catégorique et laissons les THIRD REICH devenir moins hermétiques. Je ne sais pas s’ils nous chanteront les Parisiennes en retour, mais gageons que leur Thrash nous inondera d’un soleil torride pas forcément paradis des cœurs et de l’amour.
Titres de l'album:
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