Vous connaissez tous le principe d’un feel good movie…Le genre de film qu’on regarde quand on a le moral à plat, et qui nous redonne de l’énergie pour affronter la vie avec le sourire, aussi dures en soient ses épreuves…On a tous le sien, avouable ou non, mais peu importe puisque le principal est de plonger les idées noires en premier dans une liesse passagère, histoire d’oublier les tracas qui s’accumulent comme les factures empilées…Mais il existe aussi de la feel good music, celle qu’on chantonne le matin pour se donner du courage avant une journée de travail, ou qu’on hurle à pleins poumons avec deux ou trois potes les soirs de fiesta sous les étoiles. A chaque époque sa musique, à chaque époque son style, et avouons tout de go que la nôtre est plutôt demandeuse de ce genre d’albums qui laissent une impression sucrée dans l’âme et un goût de rêve sous la langue. Tristose, sinistrose, autant de maux que les mots ne peuvent guérir, mais que les notes et les refrains soulagent. Alors si en ce moment même, vous vous sentez un peu plombé et recroquevillé sous votre couette en attendant que la migraine de l’avenir passe, j’ai un truc à vous conseiller, en posologie libre et en administration immédiate. Le quatrième album des suédois de DEGREED, qui ne sont pas avares de hits et autres morceaux qui s’incrustent dans les neurones pour les secouer et leur donner une raison de lutter. C’est simple, une fois avalée la dose proposée, le ciel se teinte d’un soleil éclatant, les fleurs éclosent et le jardinier arrose, le sourire aux lèvres, vous demandant simplement comment vous allez.
Et on va bien, très bien même…
Il faut dire que les DEGREED n’en sont pas à leur coup d’essai, et qu’ils ont pu se faire la main sur trois LP presque parfaits. Life, Love, Loss en 2010, We Don’t Belong en 2013 et Dead But Not Forgotten il y a trois ans, tous animés d’une même passion pour un Hard-Rock mélodique bourré de bonnes intentions, et de Rock subtilement alternatif, plus volontiers porté sur les tics harmoniques que sur les gimmicks. Inutile d’attendre d’eux la dernière adaptation à la mode, les quatre musiciens (Robin Ericsson – chant/basse, Mats Ericsson – batterie, Micke Jansson – claviers et Daniel Johansson – guitare/chœurs) sont plus volontiers fascinés par l’AOR des 80’s qu’ils ont accommodé à leur sauce, ou bien par leurs aînés de STAGE DOLLS, et pratiquent un joli numéro de funambule entre le Hard-Rock typique des eighties, le Rock un peu abrasif des nineties, et l’AOR hautement radiophonique des seventies. On s’étonnerait presque de ne pas les retrouver sur un label comme Frontiers, friand de ce genre de sucrerie, ou sur Mighty Music, adepte des morceaux guidés par un thème fort et sincère. Alors, quatrième aveu, éponyme de surcroit, doit-on pour autant en attendre un postulat définitif ? C’est effectivement le cas, puisque Degreed résume en moins de quarante minutes tout le talent des suédois, qui n’ont pas laissé leurs mélodies au placard. Certes, l’approche est d’usage et le ramage/plumage brillant de mille feux d’orage, mais au bout de quelques minutes, l’addiction devient un adage qu’on récite la bouche aux commissures pliées et le regard un peu embué de retrouver tant d’espoir après une semaine si chargée. Non que les pièces entonnées sonnent comme un amour d’été, mais autant dire qu’elles procurent les mêmes effets, du cœur qui bat la chamade aux petons qui s’agitent sous les nuages, pour une danse en transe bousculée d’harmonies travaillées et d’up tempi renforcés.
Difficile de croire que le quatuor est parvenu à faire ça tout seul. On croirait l’effort cosigné par quelque gourou du hit cousu sur mesure, un peu comme lorsque KISS, ALICE COOPER, BON JOVI et autres BONFIRE débauchaient le beau Desmond Child pour tenir la plume sur la portée. Chaque chanson de ce Degreed est portée par une énergie de tous les diables, tandis que les notes se meuvent pour former une symphonie globale à l’euphorie, parfois plus intimiste, mais toujours exubérante et généreuse. Beaucoup de Rock nerveux, mais aussi quelques moments plus apaisés, sans que les ballades lacrymales ne cherchent à s’imposer. Les DEGREED ont rudement bien joué le coup en privilégiant la concision, et en restant dans les sacro-saintes balises de trois minutes et trente secondes, à quelques exceptions. Dont celle notable de « War ! » qui de son gros riff Heavy et de ses saccades de batterie secoue un peu l’ensemble pour rallier à sa cause les fans d’un Metal plus costaud, sans pour autant laisser de côté l’indispensable refrain fédérateur. Et en pointant « Shakedown » pour premier single, ils n’ont pas non plus commis d’erreur crasse tant ce titre se met en avant de lui-même de son intro délicate et de son chorus de stade. Magie ?
Oui, on peut le dire, même si tout ça n’est pas sorti du chapeau du lapin, mais bien de leur cerveau malin…
Produit avec grande classe, sans trop d’effets ni d’arrangements trop envahissants, ce quatrième album fait presque office de best-of déguisé tant son intégralité ne souffre d’aucun reproche à opposer. De l’intro contemporaine et catchy « Sugar », qui ose le synthétique presque Néo sur fond de thématique rétro, au final émouvant et touchant de « Silence », qui laisse les touches de piano taquiner une guitare au faible écho, tout est hautement recommandable et passe comme dans un songe, allongé sur un autre rivage. Si certaines interventions semblent plus évidentes que d’autres, l’équilibre est stable et notable, et les suédois font honneur à la réputation de leur pays, cette réputation que défendent aussi les MISS BEHAVIOUR et autres fans de Rock US dilué dans des mélodies européennes. On sent que DEGREED a accepté d’incarner le renouveau du Rock mélodique sans vraiment le vouloir, mais en assumant les capacités inhérentes à une conquête de trône, dont il pourrait bien s’emparer suite à cette sortie chromée.
Comment résister à l’impact émotionnel d’un « Animal », au chaloupé romantique de « Tomorrow », à la beauté épurée de la ballade énamourée « If Love Is A Game », ou à l’emballée soudaine et surboostée de « Evil Eye », au motif de clavier qui s’incruste dans votre tête secouée ? C’est bien évidemment impossible, puisque le groupe, outre ses sublimes nappes vocales a patiemment travaillé sa partition de construction, pour toujours placer l’idée idoine au bon moment, et le break fatal au bon instant.
Aussi à l’aise dans l’Easy-Rock que dans le Metal plus sombre (« Nature Of The Beast »), Degree se veut polyvalence dans la romance, et saura séduire tous les fans d’un Néo Melodic Rock en partance, qui s’arrime au port des classiques pour voguer le lendemain vers un futur personnel pas si incertain.
Et voilà, oubliés les tracas et séchées les larmes. Quand je vous parlais de feel good music, je savais pertinemment ce que je faisais, et le bonheur que cet album pouvait vous apporter. Cette musique qu’on chantonne le matin pour se donner du courage avant une journée de travail, ou qu’on hurle à pleins poumons avec deux ou trois potes les soirs de fiesta sous les étoiles.
Et celle de DEGREED n’est pas prête de s’arrêter de briller…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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