Pologne, Death Metal. Avec ça, tous les débats sont clôt et les initiés renseignés. Depuis les années 90, la Pologne se taille le bout de gras le plus conséquent de la boucherie européenne d’ultraviolence. Je ne retranscrirai pas ici toutes les preuves à charge d’un pays qui a tout compris à la brutalité maîtrisée, mais les connaisseurs savent. D’ailleurs, ces mêmes connaisseurs savent qu’un label comme Selfmadegod n’engage pas sa crédibilité sur un coup de tête, d’autant plus que les BANISHER ne sont pas nés de la dernière pluie d’acide. Non, en 2020, le groupe en est déjà à son quatrième longue-durée, chiffre assez faible au regard de leur quinze années d’existence. Mais une fois encore, la quantité ne prend pas le pas sur la qualité, et les quatre longue-durée lâchés par les originaires de Rzeszów sont de niveau égal, et d’une propension à la bestialité proportionnée. Respectant toujours un délai de trois ou quatre années entre chaque effort, les polonais nous en reviennent donc avec quarante minutes de ce mélange unique entre puissance et technique, sans nous les briser avec des aspirations intellectuelles ni nous plomber avec une gaudriole de tripailles. Et quatre ans après Oniric Delusions, Degrees Of Isolation vient replacer la Pologne sur l’échiquier mondial en bougeant le fou sur tout le plateau : et pour cause, les mouvements sont toujours aussi logiques, et la partie menée de main de maître. Pour les étourdis, BANISHER est/était constitué de membres ou anciens membres de DECAPITATED, BELPHEGOR, VITAL REMAINS, HATE, REDEMPTOR ou SHODAN, ce qui vous permet de situer un peu mieux les capacités des gus. En 2020, Hubert Więcek, seul membre originel encore présent à son poste est toujours secondé par le gosier de Szczepan Inglot, hurleur depuis 2015. A la rythmique, les deux petits derniers, au palmarès impressionnant, Piotr Kołakowski à la basse (VIOLENT CREED, ex-NEYRA, ex-EMPATIC, ex-HATE (live), ex-VEDONIST (live)) et surtout Eugene Ryabchenko à la batterie (CASTRUM, LOCRACY, ANGERSEED (live), BELPHEGOR (live), FLESHGOD APOCALYPSE (live), OBLITERATE (live), AFGRUND, ex-POSTHUMOUS BLASPHEMER, ex-WALDSCHRAT, ex-DECAPITATED (live), ex-VANE (live), ex-VITAL REMAINS) assurent le service après-vente, et propulsent les idées de Więcek dans une dimension d’ultraviolence et de manque d’empathie total. Et de fait, sans surprise, Degrees Of Isolation est une boucherie chirurgicale intégrale.
On connaît la propension du Death polonais à manier avec excellence toutes les composantes d’un style multiple. Sous cet aspect des choses, BANISHER est l’un des groupes les plus polonais de Pologne. Quinze ans après sa naissance, les choses n’ont pas vraiment changé, et ces huit nouveaux morceaux offrent une continuité dans le changement, ou l’inverse. Une sorte de logique implacable qui reprend les éléments d’Oniric Delusions tout en leur conférant un éclairage nouveau. Le son d’abord, est impeccable, la batterie à cet écho mat des meilleurs albums de BM, tandis que la guitare mouline en arrière-plan, parvenant de temps à autres à imposer un motif bien catchy et Thrash. Aussi technique qu’un album supportable et humble peut l’être, ce quatrième effort des polonais est un modèle d’équilibre. Equilibre entre les compositions, qui jouent la brièveté et la longueur, équilibre au sein même des morceaux qui osent les plans complémentaires, équilibre global qui trouve un juste milieu entre la violence crue et la brutalité millimétrée. On en trouve le parangon sur le long et emphatique « Lockdown » qui en huit minutes résume tout un pan d’histoire de l’extrême, utilisant des éléments typiques de GOJIRA, VITAL REMAINS ou DECAPITATED pour passer en revue toutes les possibilités. Les dissonances, très présentes, apportent le climat malsain qu’on est en droit d’attendre d’une telle réalisation, tandis que la guitare multiplie les bends, les harmoniques et les glissandos pour ne pas se contenter de riffs prémâchés. Avec ses lignes de chant doublées et ses chœurs démoniaques, ce titre est une acmé en lui-même. Il synthétise tout l’esprit d’un groupe qui a toujours mis sur un pied d’égalité la brutalité la plus ouverte et la finesse la plus avouée, pour tenter de proposer aux fans un Death barbare, mais intelligent. Intelligent dans ses motifs, qui se retiennent, intelligent dans ses mélodies, qui apportent une réelle plus-value. Mais tout ceci est palpable dès l’ouverture dantesque de « Actors And Accomplices » qui sous couvert d’une accroche immédiate, rend hommage à la scéne Néo-Death scandinave des nineties. Ça peut surprendre sur le coup, mais les BANISHER ne traînent jamais très longtemps dans le même coin, et les blasts ne tardent pas à tout bousculer pour tout remettre en ordre. « Devil In ISO 5 » densifie les débats, précise la technique, mais ne perd pas en efficacité ce qu’il gagne en nuance. Nous évoluons toujours en terrain heurté, et les cascades de guitare sont tout bonnement impressionnantes et révélatrices de l’importance de MORBID ANGEL encore aujourd’hui.
Les non-initiés vous diront, « ouais, ça mule, mais ? ». Les passionnés leur répondront « écoute donc « Extradition » et essaie de comprendre ». Et leur argument sera le bon. On retrouve le meilleur de VITAL REMAINS sur ce morceau, mixé à la complexité oppressante de MORBID ANGEL, le tout sous couvert d’une débauche de vélocité DECAPITATED. D’ailleurs, le label pour mieux cerner les choses recommande cet album aux fans de SUFFOCATION, HATE ETERNAL, PESTILENCE, DEATH, THE FACELESS, et CRYPTOPSY. C’est certes en partie justifié, mais terriblement réducteur dans son accumulation de références. Car si BANISHER à l’immédiateté de SUFFOCATION et les aspirations personnelles et instrumentales de CRYPTOPSY, son nom seul aujourd’hui suffit à situer la problématique. Oh, rien qui ne remette en cause l’ordre mondial de la débauche sonore, mais largement de quoi se considérer comme un leader quelque part, entre l’instinct qui prime sur la réflexion (« Apotheosis », le plus radical de l’ensemble) et la réflexion qui ne bride pas les instincts (« Echoes », avec encore une fois cette utilisation d’un mid tempo catchy qui permet de capter l’attention des plus sensibles). Avec Degrees Of Isolation, BANISHER devient de moins en moins isolé sur la carte du Death européen et offre un peu de fraicheur dans le classicisme. Du Death polonais qui en est, et du meilleur, mais qui est plus que ça.
Titres de l’album :
01. Actors And Accomplices
02. Devil In ISO 5
03. Extradition
04. Illusory Enslavement
05. Sacred Rules
06. Lockdown
07. Apotheosis
08. Echoes
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