Tout ça commence comme du SLAYER repris par FEAR FACTORY, avant que les AT THE GATES ne s’invitent à la danse en compagnie d’OOMPH. Entendu de loin, ça sonne américain tripoté par des allemands méchamment martiaux, mais c’est en fait norvégien, presque tout neuf, et salement efficace. Mais le public connaît déjà les FIGHT THE FIGHT si j’en crois les onze mille abonnés de leur page Facebook, et à juste titre, puisque le quintet a déjà fait des siennes il y a trois ans sur un premier LP éponyme. Un LP étrange, en convergence, aussi dansant qu’il n’était écrasant, et qui plaçait le groupe d’Oslo sur la carte des olibrius difficiles à classer. Encore une histoire de potes de lycée d’ailleurs nous précise leur label norvégien, qui un jour se sont dit que les délires entre amis pouvaient être formalisés en musique, et je remercie ces cinq-là d’avoir pris cette décision. Avec ce second longue-durée, ils confirment tout le bien que l’on pensait d’eux, et nous livrent dix nouveaux hymnes au Metal le plus moderne et décomplexé de ses influences. Pourtant, la bio communiquée par Indie Recordings n’y va pas avec le dos de la cuillère, et lâche sans honte :
« Deliverance has the stompy power of SLIPKNOT’s heaviest songs, the grooviest elements of LAMB OF GOD, a cray approach like Devin TOWNSEND, and an overall smashing, but catchy sound comparable to RAMMSTEIN »
Evidemment, comment leur en vouloir pour leur enthousiasme, d’autant que cette accroche décidément très culottée n’est pas si éloignée de la vérité que ça. On trouve en effet dans la musique des norvégiens la puissance brute et mécanique de SLIPKNOT, le groove de LAMB OF GOD et le mélange très intelligent de Pop et de Krautrock de RAMMSTEIN, mais d’autres noms se dégagent du tas d’influences, comme les MUSHROOMHEAD, GODSMACK, SPINESHANK, et quelques autres que vous trouverez vous-même sans peine. Et à la rigueur, en imaginant un OOMPH moins automatique et liquoreux, on parvient sans peine à deviner un titre comme « Triggerfinger », sorte d’archétype Metalcore passé au prisme du sérieux germain. Alors, prêt à vous laisser tenter par cette valse sans hésitation qui donne autant envie de groover que de headbanguer ? Vous auriez tort de refuser, le fun s’échange contre des sommes astronomiques de nos jours. Bien évidemment, inutile de prétendre que les FIGHT THE FACT ont inventé quoi que ce soit, ils se contentent de reprendre des formules très éprouvées à leur sauce, mais leur façon juvénile d’appréhender le Metal des adultes comme des adolescents qu’ils sont toujours a quelque chose de fascinant, même si la combinaison grosses guitares, rythmique pilonnée et refrains Pop est passée dans le langage courant depuis des années.
Mais on peut apprécier un disque sans lui trouver de fondamentales qualités d’innovation, et reconnaissons au quintet (Lars Vegas: chant, Amok & Lord: guitares, HM: basse et Bjørn Dugstad Rønnow: batterie) d’avoir encore une fois tenté quelque chose d’un peu différent. Et avec une petite bombe catchy comme « Deliverance », la partie est presque gagnée d’avance, en tout cas rudement bien négociée. Le reste du répertoire, du moins une partie rentre plus dans le rang pour se caler sur une ligne plus conventionnelle (« Calling You Back », cliché du hit Metalcore/Nu Metal qu’on laisse passer parce qu’on est de bonne humeur), mais heureusement, les originaires d’Oslo sortent régulièrement des lapins de leur chapeau pour ne pas passer pour des nigauds, et s’amusent beaucoup avec le beat et les riffs élastiques pour nous faire danser la gigue (« Pacemaker », vous risquez d’en avoir besoin). De plus, avec l’intelligence de chansons courtes et d’un timing global très raisonnable, Deliverance se déguste d’un trait, diffusant des parfums différents dans les tympans, calmant le jeu pour mieux l’enflammer juste après, sans jamais trop se prendre au sérieux. Ce qui nous permet d’excuser quelques facilités comme « Dying », décidément trop coincé dans l’ombre des années 2000 de LAMB OF GOD pour convaincre le vieux loup de mer qui a vu d’autres levers de soleil.
MAIS.
Le tout est plaisant, juste assez teen pour faire fondre le jeune public, et pas encore assez déluré pour être snobé par les anciens. Conscients que la brèche qu’ils ont ouverte n’est pas encore assez grande pour les laisser passer pour des stars, les FIGHT THE FIGHT se ressaisissent toujours au bon moment en faisant monter la température et la pression, évoquant une belle gigue dansée par WHITE ZOMBIE et SPINESHANK sur l’implacable « Pitbull », avant d’en mettre un coup bien Heavy sur « Love », qui ne ménage pas les effets synthétiques, mais qui retombe encore une fois dans les travers habituels du refrain Metalcore typique. La dualité vocale, traditionnelle elle aussi manque un peu de panache, quoique le chant clair de Lars Vegas passe mieux la rampe que ses growls trop convenus, et si la paire de guitaristes se contente souvent de mouliner des thèmes classiques, la frappe solide de Bjørn Dugstad Rønnow rattrape le coup la plupart du temps. Mais il faut l’admettre afin de ne flouer personne, le groupe sonne beaucoup plus original sur bio que sur partition. Sa musique est plus classique que sa maison de disques et ses fans ne veulent bien l’admettre, et à part quelques crises de folie sympathiques, l’album reste assez formel. Il convient alors de souligner les véritables moments d’euphorie, comme « Turbo Sex » qui se rapproche d’une version bien teigneuse de MARILYN MANSON, ou le final « Paradigm », ouvertement Pop Metal, mais plaisir pas si coupable que ça.
Alors, non les FIGHT THE FIGHT ne sont pas les messies annoncés à grand renfort de manchettes, mais restent des musiciens cools qui jouent une musique bien dans son temps. Pas un groupe anecdotique qu’on oublie une fois écouté, mais surtout pas un leader non plus. Et Deliverance ne doit son salut qu’à sa brièveté, et à ses quelques morceaux qui déforment un peu le moule trop restrictif finalement dans ses formes.
Titres de l’album:
01. Deliverance
02. Ritual
03. Triggerfinger
04. Calling You Back
05. Pacemaker
06. Dying
07. Pitbull
08. Love
09. Turbo Sex
10. Paradigm
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