En matière de Thrash expérimental, on pense immédiatement à VOÏVOD, les rois du genre qui en ont repoussé les limites avant d’inventer leur propre version de l’histoire. On se dit aussi que les japonais de DOOM ont eu leur mot bizarre à dire, que les THOUGHT INDUSTRY n’étaient pas si loin du débat, et que le BLIND ILLUSION de Marc Biedermann pouvait aussi servir de référence. Mais que cache donc au juste le concept de Thrash expérimental ? Nous ne parlons pas ici d’avant-garde, quoi le terme puisse être approprié dans le cas épineux du Into the Pandemonium de CELTIC FROST, ni du Techno-Thrash des WATCHTOWER, TOXIC et autres SIEGES EVEN, trop classiques dans leur passion du Jazz. Nous parlons d’un Thrash qui n’oublie pas d’être violent, mais aussi aventureux, et qui refuse les saccades faciles d’un Thrash allemand ou de la Bay-Area, et qui s’aventure sur des territoires externes, pour proposer à l’auditeur autre chose qu’une salve lapidaire de quarante minutes. A ce titre, et selon cette définition tout à fait subjective, les TYPHON peuvent être classés dans cette case un peu bâtarde, et ce premier album paru il y a quelques mois risque fort de susciter l’intérêt de fans d’une musique plus complexe que la moyenne, mais aussi très étrange.
TYPHON à la base n’existe pas. Enfin pas vraiment, puisqu’il n’est qu’un véhicule pour son auteur, le batteur chanteur Ralski aka Chris Amesquita. Originaire de Simi Valley, Californie, Ralski a proposé en 2021 un album pour le moins particulier, et pour cause. Il en a composé toute la musique et écrit les textes, mais l’enregistrement de Delusions of Reality s’est fait en trio, avec l’aide de Justin à la grosse basse, et d’Ed à la solide et matte batterie. Et c’est ici que le parallèle déjà lancé en amont avec le BLIND ILLUSION de Marc Biedermann devient pertinente, puisqu’à l’instar de son modèle, Chris a décidé de réactualiser un répertoire vieux de plusieurs décennies, et composé dans les années 90. Si l’on trouvait sur The Sane Asylum des titres écrits à l’orée des années 80, on trouve donc aussi sur ce surprenant Delusions of Reality des morceaux accusant les trente ans ou presque d’existence, ce qui a le don de rendre cet effort pour le moins intriguant, si ce n’est passionnant par moments.
Le concept est donc digne d’intérêt, encore faut-il que la musique suive. Si le tracklisting ne contient pas que des pépites, il cache en son sein des morceaux vraiment hypnotiques, et des parties instrumentales riches et culottées. Les arrangements, pour le moins cryptiques, agrémentent aussi la réalisation, qui parfois prend des airs de bande-son d’un film arty tourné en fin de cycle d’étude. Complètement à part dans la production actuelle, et pourtant partie-prenante de la vague nostalgique, TYPHON possède donc une identité forte, et une originalité indéniable dans le traitement old-school d’un Thrash qui n’hésite pas à tremper son inspiration dans le Heavy Metal un peu Post-Grunge des années 92/93. Ainsi, « Washed Away » pourrait aisément passer pour une démo d’ALICE IN CHAINS, avec son ambiance amère et sa mélodie fanée, tandis que le monstrueux « Pow Wow » éclate de toute sa puissance et de sa rythmique tout en acceptant des inserts psychédéliques pour le moins particuliers. Le travail des trois musiciens pour remettre au goût du jour ces vieux morceaux est donc très pertinent, et l’écoute de ce premier album laisse un goût très bizarre dans les oreilles, un peu doux-amer, mais qui lubrifie les tympans et donne envie d’y revenir. Et s’il faut un peu de temps pour s’habituer à la production, très sèche et mettant incroyablement bien la basse en avant, il faut aussi s’acclimater aux constructions qui nous renvoient au dernier souffle de la troisième vague Thrash des années 90, lorsque la production mondiale tirait ses dernières et plus créatives cartouches.
Nous sommes donc loin de la linéarité des hordes vintage des années 2010, et loin de la tutelle évidente d’un SLAYER, d’un METALLICA, d’un EXODUS ou d’un MEGADETH. Mais nous sommes aussi loin des VOIVOD, et plus proches des THOUGHT INDUSTRY ou des magiques PSYCHOTIC WALTZ, et la fusion entre les divers courants (Jazz, Grunge, Thrash, Metal, et Rock pourquoi pas) donne lieu à un ballet interrompu de séquences terriblement inspirées, d’accélérations bien pensées, de soli surprenants, et de breaks en osmose. Je le concède avec enthousiasme, il est terriblement plaisant de tomber sur un album qui éloigne des standards un peu trop en vogue de notre époque, même si le dit album n’est pas dénué de défauts. Mais j’avoue aussi que les défauts de Delusions of Reality sont minimes, et deviennent même des qualités avec un peu de mauvaise foi. Je parle évidemment du son de l’album, très étouffé, mais du coup symptomatique de ce qu’on pouvait entendre dans les nineties, et d’une poignée de riffs plus convenus que la moyenne. Mais comme ces riffs sont souvent rattrapés par une trouvaille totalement incongrue (les cris et la montée en puissance de « Jump Off » par exemple, et très bon exemple même, limite Hip-Hop), on les excuse facilement.
D’autant que d’autres compositions terriblement osées rétablissent l’équilibre, et que l’originalité ne prend jamais le pas sur l’efficacité. J’en veux pour preuve irréfutable « Bumperhead », qu’on pourrait croire échappé du répertoire des MINDFUNK ou de MORDRED, ou le final « Slipping », très Electro et qui suggère des accointances avec les dancefloors.
Sacré baffe donc que cet album en escapade dans le passé. Surprenant, attachant, bizarre, biscornu, bricolé, mais très addictif, Delusions of Reality est une bouffée d’hélium dans un discours trop rigide, et une démonstration hors-norme du potentiel Thrash de série B des années 90. Bien joué Ralski.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Delusions of Reality
03. Cell
04. Pow Wow
05. Mental Breakdown
06. Washed Away
07. Jump Off
08. Bumperhead
09. Slipping
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