Encore un projet monté de toutes pièces par des musiciens prolixes, dont le nom revient au générique d’un nombre incroyable de productions. D’un côté, le maître d’œuvre R, aka Ryan Wilson, à l’instrumentation et au chant (CROWHURST, ENDLESS DISEASE, EXCANTATION, INTESTINAL DISGORGE, ISCHEMIC NECROSIS, LIQUID VISCERA, PROFUNDUM, THE HOWLING VOID, ex-NORMPETERSON, ex-HORDES OF THE MORNING STAR, ex-TETHERED/TO/A/DYING/ANIMAL, ANCIENT CRYPT, BLURRICANE, EXECUTIONER'S MASK, FESTERING WOUNDS, SERPENTINE TUNNELS, SEVEN HEADED SERPENT, WORLD HATER, ex-ABOSRANIE BOGOM, ex-CARRION THRONE), de l’autre, Shane Elwell, un batteur poulpe qui cogne sans discontinuer (AMATEUR PODIATRY, COVERED IN FLIES, ENDLESS DISEASE, EXCANTATION, FLESH CONSUMED, INTESTINAL DISGORGE, LIQUID VISCERA, NOISY NEIGHBORS, SYSTEMATIC EXTERMINATION, UROSEPSIS, VAGINAL BEAR TRAP, VOID COLLAPSE, ex-GRIEVED, ex-WILTING AWAY, ex-OPPRESSIVE FORCE, ex-BALLGAG, ex-DEFILED CRYPT, ex-IMAGES OF VIOLENCE, ex-IN OBLIVION).

Associés, les deux compères s’affrontent au sein de PNEUMA HAGION, combo valide depuis quelques années, et très porté sur un Death sourd, hyperrapide, à la limite d’un Black Death, compétitif, et éminemment bourrin. En gros c’est vilain mais ça joue bien, le vibrato et les sifflantes sont présents, les blasts ininterrompus, la voix caverneuse à souhait, et il est étonnant de constater que des labels comme Putrid Cult ou Nuclear War Now! Productions ne se soient pas jetés sur le concept pour en tirer des bénéfices.

Oh, wait…

Mais bien sûr ! Sorti en autoproduction, ce second long aura droit à une nouvelle vie à la fin de l’année via justement les sévices de Nuclear War Now!. Comme quoi, j’ai parfois l’instinct viable, spécialement en matière d’extrême qui ne cache pas en être.

Demiurge n’est pas le premier album de Ryan Wilson et Shane Elwell. Il y a deux ans, Voidgazer venait sanctionner une longue période de démos et splits, pour enfin légitimer cette violence sourde qui ne demandait qu’à s’exprimer avec plus de latitude. Dès lors, Voidgazer et Demiurge se ressemblent beaucoup, évidemment, et les sites spécialisées n’hésitent pas à comparer le duo à des pointures comme DISMA, MORBID ANGEL, CIANIDE et INCANTATION, ce qui n’est pas totalement faux sans être franchement vrai. Autant dire les choses comme elles sont, ce second LP est une véritable tuerie de Death brutal, mais pas de Brutal Death, sorte de mélange entre l’ignominie putride des premiers albums ricains des années 90, et de l’ultraviolence du nouveau siècle, avec un tempo tergiversant entre BPM affolés et puissance lente et insistante.  

Tout ça sent mauvais donc très bon, et même si le métrage est digne d’un court EP (neuf morceaux, vingt-cinq minutes, pas une seconde de plus), l’intensité est telle qu’un auditeur lambada n’aurait guère pu encaisser beaucoup plus. On se concentre alors sur l’alternance, sur l’insistance, sur la violence, cette bestialité froide qui certes, nivelle les morceaux, mais qui appuie sur les tempes comme une méchante migraine.

Pas de morceau à vraiment mettre en avant, un bloc indissociable, pour un résultat très professionnel. Il faut dire que les deux acolytes se connaissent depuis suffisamment longtemps pour se compléter, mais une fois encore, le travail admirable et cruel de Ryan Wilson frappe très fort sur le thorax, compressant la cage pour provoquer un malaise palpable.

Je me permettrai toutefois de mettre l’énormissime « Portals » en avant, pour sa construction ambivalente et sa cruauté sincère,  « Imprisoned in Flesh » pour son immédiateté bestiale, et « Yaldabaoth » pour son aspect hypnose régressive nous ramenant trente ans en arrière. Du gros Death assombri par des humeurs chafouines, deux mecs qui connaissent leur boulot, et un deuxième album qui ne fera pas tâche dans la discographie de collectionneurs de Death brutal du monde entier.

Titres de l’album :

01. Tyranny

02. Hypostasis of the Archons

03. Yaldabaoth

04. Deathcrowned

05. Seven Sacrifices

06. Portals

07. Holy Silence

08. A Throne Behind the Stars

09. Imprisoned in Flesh

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