Quand on vous dit que la scène BM française est en pleine ébullition depuis quelques années, ça n’est ni par chauvinisme ni par sens de la formule choc. Les exemples sont légion, et si vous n’êtes pas capable de citer au moins cinq ou six groupes dignes d’un intérêt Européen alors inutile d’aller plus loin, je ne peux rien faire pour vous.
Ou plutôt si, vous apporter un nouvel exemple appuyant cette assertion, sans aller plus loin que la capitale. Son nom ?
AMNUTSEBA, et vous n’en saurez pas beaucoup plus.
Tout est parti d’un mail mystérieux reçu dans ma boîte cette semaine, sans autre indication que ce nom, et un lien pour télécharger une première démo aussi mystérieuse que le projet en question. Aucune précision de line-up, aucune bio, aucun site officiel, juste des promesses alléchantes, et des questions qui se soulevaient d’elles-mêmes.
Quels étaient donc les tenants et aboutissants de ce projet opaque, et surtout, qu’avait-il à offrir à une scène déjà bouillonnante de créativité malsaine ?
La réponse fut aussi claire que les énigmes n’étaient nébuleuses, et ces quatre morceaux taillés dans le rocher noir d’un mysticisme musical fascinant me faisaient adhérer à la cause de ce « groupe » (ou one-man band, puisque je n’en sais pas plus que vous) à la direction aussi opaque qu’une nuit noire sans candélabre.
Dans un registre assez proche d’un NIGHT en moins emphatique, ou d’un DEATHSPELL OMEGA converti à la cause du malin, les AMNUTSEBA tissent une toile résolument avant-gardiste qui vous englue dans ses fils, usant tout autant d’une brutalité atonale que de mélodies immorales.
L’ambiance est poisseuse, sombre, et les dédales rythmiques semblent nous perdre dans une réalité plus onirique que concrète, mais le cauchemar fonctionne à plusieurs niveaux, comme un Inception de l’extrême qui vous renvoie d’un palier à un autre, sans vous offrir d’attache solide. Pas vraiment de franchise dans la composition, aucun riff vraiment mémorisable (les imbrications de cordes font d’ailleurs penser au travail post-mortem d’un Piggy de VOÏVOD perdu dans une matrice sans fond), beaucoup de grandiloquence traitée avec minimalisme, accentuant ce sentiment de décalage permanent entre le fond et la forme, et surtout, un gigantesque travail d’humeurs, toujours nihilistes, et pourtant assez humanistes en soi. En témoigne le dernier chapitre de la démo, « V », qui brosse un portrait assez déformé du BM scandinave balayé de brosses à poil ras de son homologue Allemand, dans un registre hermétique au possible qui noie toute velléité de cohérence et de logique.
Un voyage fantastique aux confins de l’anormalité, pour des envies d’ailleurs assez clairement exprimées. Difficile toutefois de comparer ce projet à d’autres plus reconnus, tant le désir d’individualité farouche domine les débats.
Touches Indus fugaces, répétitions traumatiques, motifs circulaires qui enivrent, blasts à peine soulignés de mélodies amères, le savoir-faire occulte des AMNUTSEBA est patent à chaque plan, et finalement, cette démo quatre titres revêt une importance assez surprenante, se montrant plus téméraire et aventureuse que bien des projets plus élaborés de combos à la réputation sans tâche.
Impossible de ne pas penser parfois à une transposition des Némésis d’EMPEROR dans le monde d’un Clive Barker légèrement plus torturé que d’habitude (« I », le plus long segment, mais un des plus féroces aussi avec ses rythmiques orageuses et son chant époumoné), mais la musicalité dont fait preuve « II » nous aiguille pourtant sur d’autres pistes, à la lisière d’un Black Doom débarrassé de ses obsessions funéraires, et plus volontiers concentré sur la nostalgie que sur le deuil des harmonies.
En somme, ce premier jet des parisiens d’AMNUTSEBA est une sacré introduction, qui laisse présager d’un monde fascinant que l’on attend de découvrir avec plus de temps.
Mais finalement, la brièveté de cette démo joue aussi en sa faveur, et agit comme un teaser diabolique qui rend très rapidement accro, et qui laisse entrevoir, sans vraiment montrer. Un inconnu qui ne devrait pas le rester longtemps, puisque son destin est intimement lié à celui du label ricain Caligari Records, dont la réputation risque fort de jouer en la faveur de ce projet novateur.
Titres de l'album:
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