Alors cette démo-là, à la base, je l’ai choisie d’une, parce que je n’avais pas eu ma dose de Grind du weekend, et de deux, parce que sa pochette m’a irrémédiablement fait saigner les yeux. Oui, rendez-vous compte, moi qui ai grandi dans les années 70, ce putain de gamin Kinder toujours content d’avoir un œuf moisi à la surprise pourrie, ça fait des siècles que je rêve de lui régler son compte. De me rappeler de ses lèvres bougeant en allemand sur un français digne d’Eric Rohmer en extase devant un brocoli m’a traumatisé à vie, et rien que de voir sa tronche même arrangée me donne la nausée. Alors, merci les SUICIDEFORCE de lui avoir collé un flingue sur la gueule, et de l’avoir affublé d’une espèce de poupée zombie en arrière-plan, c’est bien tout ce qu’il mérite pour avoir foutu la haine à toute une génération de bambins dont je fus. Sinon, musicalement parlant, je n’ai pas fait un mauvais choix, puisque cette nouvelle maquette des transalpins marque aussi les esprits, de son mélange chafouin entre Hardcore, Fastcore, Powerviolence et Grind, le tout joué avec une bonne humeur flagrante et un sacré sens des valeurs. Qui plus est, l’objet en question, se décline en deux versions, l’une américaine et dispo en tape sur les labels Jerk Off Records et Ratgirl Records et l’autre en CD-r en France, via les bons services d’Inhuman Homicide, ce qui en fait un bel objet multiple pour les collectionneurs de démo. Et croyez-moi, en sus de son packaging ultra, cette accumulation de crises de colère vaut largement le détour, ne serait-ce que pour avoir des nouvelles de la scène extrême italienne. A défaut de participer à la coupe du monde (j’aime remuer le couteau dans la plaie et enlever la pizza du four), nos amis peuvent se délecter de cette décharge de colère brute, qui en quatorze minutes joue un jeu pluriel et assez démentiel.
Nous en venant d’Alexandrie, les SUICIDEFORCE (Giulio: basse, Sporko: chant, Diego: guitare et Nicola: batterie) n’en sont pas à leur coup d’essai puisque cette maquette succède à plusieurs sorties, dont principalement un premier EP, Kolosimo: A Way of Life, sorti en 2016. Depuis, pas grand-chose à signaler, à part cette démo adressée au public national, aux voisins français et aux cousins américains, et surtout, une envie, un allant, et une façon de considérer le Hardcore le plus féroce comme un moyen d’expression analogique. Bons musiciens, les italiens ne confondent pas vitesse et précipitation, et nous offrent un éventail de possibilités loin d’être anecdotique. Pas franchement adepte de la fuite en avant, ce quatuor à les moyens de ses ambitions, et semble parfois se rapprocher de la scène bruitiste belge, par son refus de considérer le chaos comme un puits sans fond. On tombe donc sur une belle ambiance, et surtout, des parties pleines de démence, qui s’articulent autour de riffs assez étranges et parfois dissonants, de lignes de basse serpentines un peu vicieuses, et d’un chant parfaitement intelligible. Pas le tout-venant comme vous le constatez, et si l’on met de côté certains samples un peu envahissants, le tout sonne comme une belle ode à l’incongruité, synthétisant la fronde Hardcore US de la première moitié des années 80, et son pendant Powerviolence européen de cette dernière décennie. Quelques traces de Rock N’Core subsistent même au détour de certains couplets, et les embardées en blasts, assez rares, sont toujours bien assénées.
C’est légèrement excentré, un peu bancal, mais suffisamment original pour mériter votre temps. D’ailleurs, plus la démo avance, plus les morceaux changent de cadence, et masquent la violence sous une épaisse couche de sadisme et d’étrangeté. On se perd parfois en conjectures, ne sachant plus très bien sur quel pied sautiller, mais la sensation, loin d’être désagréable, nous permet de respirer un air différent, moins systématique que celui exhalé par les combos les plus chevronnés. On se demande même parfois si cette maquette n’a pas échappé au temps, et n’a pas été enregistrée il y a longtemps, tant les plans qu’elle diffuse singent les débuts du Thrashcore et du Speedcore, un peu comme si la modernité n’avait pas adopté un autre nom de baptême pour ce Hardcore rapide et saccadé. Les premiers titres jouent plus ou moins franc jeu, même si le tempo dérate un peu, à l’instar de celui de « T’s Monster », qui finit sur le bas-côté, alors que la rythmique de « Human Book » n’a de cesse d’accélérer et de décélérer. Montagnes russes qui laissent des graves de quatre cordes s’imposer aux avant-postes, pour une petite touche psychédélique, alors que l’Indus parvient parfois à se faire une petite place dans les intros (« Son Of a Crippled God »). Tout ceci n’est donc pas facilement labellisable, et si la brutalité est somme toute assez souple, l’intensité elle redouble d’efforts. On note surtout les prestations individuelles, qui font parfois ressembler les italiens à une version psychopathe des DESCENDENTS (« Meatgrinder »), ou à des NOMEANSNO perdus dans les affres de la virulence gratuite. Quelques hymnes pour la forme (« Loki »), des petits trucs plus abordables (« Deal With Death », stridences, latence, lancinance, et fulgurances), mais en tout cas, beaucoup d’assurance de la part d’un guitariste inventif, et d’une section rythmique polyvalente.
Dans ta gueule le gamin Kinder. Tu croyais vraiment t’en tirer comme ça ? Et maintenant, attends qu’on s’occupe de ta mère et de ses dents blanches…
Titres de l'album:
1.Hurt Yourself
2.T's Monster
3.Human Book
4.Son Of A Crippled God
5.Meatgrinder
6.H Smartphone
7.Loki
8.Deal With Death
9.Food For Worms
10.Five Seconds More
11.Final Cut
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