« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark ».
Non, ce postulat véhément n’est pas de moi, et gageons que vous aurez reconnu la célèbre signature de William Shakespeare. Cette citation d’Hamlet (être ou ne pas être est toujours la question, qui n’a pas trouvé de champion), extraite de son contexte à postériori ne se veut pas jugement sur l’attitude mercantile de Lars Ulrich, mais définit assez bien les contours obscurs du projet TAPHOS, qui nous propose donc en ce mois d’avril propice aux blagues et aux cloches de Pâques son premier longue durée, édité par les puristes de Blood Harvest, en bons voisins suédois. On reconnaît bien d’ailleurs la patte underground du label qui n’hésite jamais à fouiner les poubelles de l’underground pour y dénicher une pitance sonore adaptée. Ne voyez pourtant aucune malice ni second degré dans cette allusion, puisque je suis moi-même client de leurs productions, que je chronique d’ailleurs avec une foi sans failles. Spécialisés dans les exactions les plus sombres et bruitistes des sous-couches de l’évolution musicale, les scandinaves nous ont une fois de plus déniché une petite perle noire, qui depuis sa création (pas de date précise, mais aux alentours de 2015/2016) a cumulé les sorties sans s’essayer au longue durée. Ce qui n’est toujours pas le cas, puisque ce CD proposé par BH se veut compilation des deux œuvres primales des danois, la fameuse Démo MMXVI de 2016 et l’EP MMXVII qui s’ensuivit, aujourd’hui réunis sur un même format pour nous enthousiasmer ici-bas. Mais en fait, il est question de quoi ? De Death Metal, et d’assez fameux, qui va puiser son essence aux origines bestiales du style, tout en admettant de sévères accointances avec le BM nordique le plus bordélique. Pour autant, pas question de Black Death par ici, ni de Death Black, mais plutôt d’un Metal de la Mort sévèrement assombri par quelques impulsions païennes locales, et qui fleure tout aussi mauvais la Floride que Göteborg ou Oslo.
Contemporains des UNDERGANG et PHRENELITH, les TAPHOS (D &M - guitares, H - chant/basse et U - batterie) se permettent donc d’incarner un certain renouveau de la scène en regardant dans leur rétro, et d’évoquer les vagues américaines, suédoises et norvégiennes avec un certain panache morbide. Si les comparaisons avec INCANTATION, SADISTIC INTENT ou DEAD CONGREGATION pourraient s’avérer probantes, la musique contenue dans cette démo et cet EP est suffisamment convaincante par elle-même pour ne pas s’embarrasser de principes d’emprunts. Toutefois, et c’est là un élément important de la problématique, inutile d’attendre une quelconque audace instrumentale ou créative de la part du quatuor, qui préfère se fixer sur des concepts éprouvés pour mener sa barque. On retrouve donc des accents bien connus des amateurs de la scène Death scandinave des early 90’s, mais aussi des débuts de la vague BM des MARDUK, qui à l’époque, ne savaient pas encore à quel démon se damner, et qui erraient dans les limbes du purgatoire pour officialiser leur culte. Tout ceci est donc éminemment chaotique, violemment bruyant, mais musical au demeurant, histoire de ne pas verser dans le bordel ambiant auquel nous ont pourtant habitués quelques malandrins de l’écurie Blood Harvest. Les morceaux sont donc très construits, plutôt d’humeur macabre, et voguent au gré de riffs que les GRAVE, UNLEASHED, et autres INCANTATION ont répandu dans les océans gelés il y a vingt et quelques années de cela. Rythmiquement imparable, et régulièrement soumis à des soubresauts de cruauté, Demo MMXVI & 7" EP MMXVII nous offre donc un joli voyage dans le temps et l’espace, et se permet même de citer les AUTOPSY, MORBID ANGEL et autres chantres divinatoires typiquement US de Floride, tout en flirtant avec la rugosité de CANCER ou l’ascétisme de CARBONIZED, sans pour autant loucher du côté de l’Amérique du Sud où ces musiciens n’ont certainement jamais mis les pieux. L’ensemble est donc sévère mais concret, palpable mais subtilement évanescent lors de soli qui semblent s’évanouir dans le néant, alors que le chant se focalise volontiers sur les intonations sardoniques et rauques d’un Jeff Walker, sans jamais citer CARCASS dans le texte. Halte-là, point de Gore à l’horizon, mais un Death vraiment sauvageon qu’on imagine très bien déambuler dans les allées d’un cimetière rural abandonné à la recherche de son inspiration.
Chaque morceau nous permet donc de savourer un certain nombre de plans qui se succèdent assez rapidement, et qui s’enchaînent avec une logique imparable, formant au final une symphonie de violence tout ce qu’il y a de plus acceptable. Pas d’esprit frondeur ni d’ambitions de novateurs, mais un classicisme qui fait plaisir à subir, et qui nous maltraite les oreilles aussi bien que les pères fondateurs il y a trois décennies ou presque. Certains titres, dotés d’une production très vintage, pourraient presque passer pour des classiques du genre, voire des incunables perdus dans une boucle temporelle, à l’image de ce terminal « Purging Pyres » qui se réjouit de petits motifs tournoyants pour imposer une ambiance vraiment pesante, que Trey et David savaient encore bricoler au début de leur carrière. Les deux segments les plus longs sont d’ailleurs les deux plus intéressants, et « Venomous Tempest » de passer en revue le cahier des charges Death, avec sifflantes, riffs ténébreux, et cassures rythmiques indépendantes. D’un tempo aléatoire, ce premier longue-durée qui n’en est donc pas un fait admirablement bien le job, et ressemble à une vieille photo oubliée traînant sur une commode, qu’un quidam un peu plus curieux que la moyenne finit par remarquer. Et si « Venus’ Death » en intro (issu de la première démo) semble indiquer des variations BM assez marquées, il convient de le prendre pour une mise en bouche destinée à nous allécher, et non comme un indicateur des digressions à suivre. Mais finalement, et avec un peu moins d’une demi-heure d’écoute, ce CD se digère parfaitement bien, et laisse un arrière-goût irrésistiblement putride en bouche. Il y a certes quelque chose de pourri au royaume du Danemark, mais de la pourriture nait la vie. Et donc la mort, par extension.
Titres de l'album:
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