« Chaque jour, nous sommes les témoins des horreurs de ce monde…Tu allumes les infos, et tu te retrouves face à un tableau pessimiste de notre société. Les jours d’optimisme sont loin derrière nous, et deviennent de simples souvenirs. Nous vivons dans un monde virtuel, tout est faux. Ce que tu vois n’est pas la réalité. De la chirurgie esthétique aux profils Facebook, en passant par les médias qui falsifient des faits, jusqu’aux politiques qui nous inondent de merde quotidiennement. Nous avons créé des monstres qui prennent le pouvoir… »
C’est ainsi que Grey, chanteur des ENIME présente sa propre vision d’un monde qui part à la dérive…Le tableau décrit est en effet plus que pessimiste, mais somme toute assez lucide. Je veux dire…regardez autour de vous. La crise des migrants, les subprimes, le capitalisme/libéralisme consumant, le chômage, Trump, Poutine, MLP bientôt au second tour, les affaires de corruption…Et puis ce putain de quotidien qui nous rappelle à chaque instant dans quelle impasse émotionnelle nous nous trouvons.
Alors, nous trouvons refuge derrière des écrans, de fumée, qui nous enfument de leur réalité aussi fausse que les fesses de Kim K…
Peu réjouissant n’est-il point ?
C’est le moins que l’on puisse dire. Alors autant faire face à cet inéluctable destin en bonne compagnie, celle de Canadiens qui ont au moins le mérite de nous offrir la bande son idoine de cet apocalypse que tout le monde attend.
Les ENIME viennent donc de Montréal sont cinq (Rob – basse, Stef & Phil – guitares, Eric – batterie et donc Grey – chant), se sont réunis en 2014, et nous proposent donc aujourd’hui leur premier LP, sous la forme d’un assemblage de douze morceaux assez homogènes, mais à l’inspiration multiple.
Si les arguments promo les situent dans une mouvance de revival Thrash assez simpliste, leur musique nous prouve qu’elle est bien plus riche que ce simple raccourci marketing. Il semblerait que ces pourfendeurs de mensonges divers se soient autant inspirés de la première vague Thrash de la Bay Area que des écoulements posthumes de la NWOBHM, ainsi que de la vague Néo Thrash/Death des années 90, pour proposer une osmose assez intrigante entre tous ces courants.
Et de fait, Demon Inside est assez étrange dans les faits, et un peu le cul entre deux chaises. Mais comme ces cousins d’Amérique du Nord semblent assez à l’aise dans leur position, admettons leur sens de l’équilibre, et essayons de comprendre comment ils parviennent à rendre cette position probante et stable.
Pas grand-chose de notable à déclarer à leur sujet, puisque leur musique parle d’elle-même un langage assez fouillé et complet. Si la référence Thrash est indéniable, elle est à chercher du côté des MEGADETH de transition et METALLICA de tradition, mais n’est pas forcément la référence la plus évidente. A l’écoute des pistes de ce premier effort, on se sent confronté à un OVNI assez difficile à décrire en des termes précis, un peu comme si Rob Zombie apprenait le B.A-BA du dogme Thrash sans se départir de con crédo Alternatif/Indus. Non que la musique des ENIME soit électronique ou je ne sais-quoi, mais il est certain que la voix de Grey nous laisse partir sur une piste un peu confuse. Son timbre singe à merveille les tics de Rob, mais aussi ceux du rouquin teigneux Mustaine, et geint et louvoie plus qu’elle ne tonitrue.
Niveau instrumental, les choses ne sont pas plus simples, et même progressives si l’on tend un peu l’oreille, un peu à l’instar d’un CORONER simplifié ou d’un MEGADETH inspiré, à cheval entre un So Far So Good plus radical et un Youthanasia primal. Et si le quintette affirme prendre en compte l’évolution proposée par les KILLSWITCH ENGAGE, il est toutefois ardu d’en trouver trace dans leur inspiration, sans pour autant rejeter en bloc leur désir d’ouverture.
Alors, Thrash pas vraiment franc, Heavy chancelant ou Modern Metal encore hésitant ? Rien de tout ça, mais plutôt une osmose étrange entre toutes ces directions, pour un rendu qui laisse pas mal d’interrogations. Non que la musique soit désagréable, loin de là, et un morceau aussi opaque que percutant comme «The Darker Side Of Me » rend l’écoute de ce Demon Inside assez justifiable. Un peu ALICE IN CHAINS perdus dans les couloirs du temps du TESTAMENT de Low, ce titre est assez symptomatique de la démarche de biais des natifs de Montréal qui ne font rien pour nous simplifier les choses.
Mais comme leur but est de symboliser l’état d’un monde agonisant à travers une musique à plusieurs facettes, il est évident qu’il convient de souligner la réussite de leur entreprise. On ne sait vraiment pas sur quel espoir chanceler, entre un mid tempo typiquement Heavy comme « Choose a God », ou un Thrash modéré à la HOLY TERROR comme « Break The World », qui évoque même le « FFF » de MEGADETH, le grand écart est presque intégral, et pourtant la cohérence semble de mise.
Bizarre ?
Un peu, mais assez séduisant dans les faits.
Parfois, le tout s’agite et crépite, à l’instar de ce démoniaque « Claiming Justice » qui une fois de plus opacifie le Thrash de papa d’inflexions purement modernes, et qui aligne des plans remarquables, laissant même de la place à une basse ludique qui anticipe un solo plus Jeff Hanneman que nature.
Mais le terrain de prédilection des ENIME semble être l’entre deux eaux et le mid tempo un peu malmené comme le démontre « Can’t Rewind » qui une fois de plus juxtapose les inflexions pour les modeler à sa guise, et offrir une jolie démonstration de Heavy Thrash pas du tout nostalgique, encore moins opportuniste.
Produit par le groupe en compagnie de Francis Perron, et mixé par ce dernier aux Radicart Recording Studio, Demon Inside bénéficie d’une production parfaitement adaptée à sa ligne de conduite, et finalement incarne avec malice ce fameux démon intérieur duquel le groupe semble fasciné, et qui finalement incarne toute la dualité d’une humanité incapable d’admettre que l’ennemi, l’enfer, vient de nous et pas de l’autre comme Sartre se plaisait pourtant à l’affirmer.
Et même si certaines entrées rappellent vraiment un peu trop Mustaine & co. ou même le VENOM le plus rétro (« You Won’t Drag Me Down », jonction entre « Black Metal » et le côté le plus Punk de MEGADETH), on pardonnera cette tutelle auto-imposée qui ne devrait pas tarder à laisser place à des idées personnelles plus affirmées.
En attendant cette fameuse apocalypse programmée que l’on suivra certainement par écrans interposés, Demon Inside vous rappelle avec ambivalence que vous êtes aussi fautifs que les autres, sans pour autant vous pointer du doigt.
Titres de l'album:
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