The golden ages of Black Metal
C’est tout ce qu’on peut trouver comme indice en lisant la bio du collectif international THE DEATHTRIP sur leur page Facebook. Dès lors, il n’est pas forcément difficile d’extrapoler, l’âge d’or du BM ayant toujours été situé dans les glorieuses nineties, avec l’émergence de la scène nordique, et les MAYHEM, DARKTHRONE, EMPEROR, BEHERIT, IMMORTAL et toute cette vague de musiciens grimés au tempérament de feu dans un univers de glace. D’ailleurs, le label historique européen du groupe ne s’y est pas trompé. Dès les premières lignes de description, Svart Records cite DARKTHRONE, THORNS et BEHERIT comme balises d’influence, en grossissant le trait, mais sans non plus essayer de nous tromper sur la marchandise. Il est d’ailleurs assez étonnant que la maison de disques finlandaise ait choisi de distribuer en Europe cet album sous licence Profound Lore aux Etats-Unis, leurs dernières productions étant assez éloignées du style…Il fallait donc se douter qu’il y avait anguille sous roche, Svart n’étant pas réputé pour accepter n’importe quel combo dans son écurie sans avoir au préalable enquêté sur sa probité artistique. Et c’est ce fait qui m’a entraîné à m’intéresser de plus près à la musique de cette association d’anglais et de norvégiens, déjà responsable d’un premier LP en 2014, Deep Drone Master. Il aura donc fallu cinq ans à THE DEATHTRIP pour offrir une suite de ses aventures à ses fans, qui a n’en point douter commençaient à trouver le temps long. Mais leur attente est récompensée par quarante-six minutes de brutalité, de sècheresse sauvage et de hurlements écorchés, et surtout, d’une créativité renouvelée, le groupe ayant trouvé ses marques et s’étant subtilement éloigné de ses références trop marquantes pour proposer une œuvre personnelle, et osons le mot assez « glauque » dans le rendu, histoire de rendre hommage à l’histoire et aux premiers cris d’une scène qui n’allait pas tarder à faire parler d’elle pour de mauvaises raisons.
Kvohst (Ex-DØDHEIMSGARD/CODE) au chant et à l’écriture, Host (THINE) à la guitare, Storm (Ex-MY DYING BRIDE, BLASPHEMER) à la batterie, et le nouveau venu Thomas Eriksen (MORK) à la basse, un quatuor au pedigree certain pour une musique étrange, incantatoire, brute mais soignée, truffée d’arrangements sonores, et maléfique au possible. Le but avoué de THE DEATHTRIP a toujours été de rendre hommage aux grands anciens, tout en insufflant à cette révérence un souffle putride très particulier, dérivé du Heavy des origines, d’un Doom maladif, mais plus généralement d’un désir d’extrême semblant condamné à ne jamais être assouvi. Profitant d’une production étouffée très symptomatique des premiers efforts norvégiens du cru, Demon Solar Totem joue le mysticisme, l’occulte, sans se contenter des litanies d’usage et de riffs usés jusqu’à la corde. « Demon Solar Totem » impose d’ailleurs sans ambages les théorèmes de ses auteurs, et cavale bon train pour nous entraîner dans un déferlement de violence n’étant pas sans rappeler les étouffements du DARKTHRONE le moins complaisant, mais un DARKTHRONE aux ambitions plus grandes, et ne crachant pas sur des digressions progressives et une théâtralité héritée de la scène allemande. On sent aussi en arrière-plan un dramatisme que les ANOREXIA NERVOSA avaient pu proposer au début de leur carrière, de la même façon que des tentatives avant-gardistes plus symptomatiques des DODECAHEDRON et autres DEATHSPELL OMEGA, sans le caractère farouchement opaque. Et pour être plus clair, il semble que Demon Solar Totem joue la liaison entre les époques, synthétisant plusieurs courants et temps pour nous perdre plus facilement, et nous hypnotiser de ses breaks imprévisibles et de ses strates de chœurs opératiques désincarnés. Non dénué d’une certaine technique, ce second LP fait la part belle aux ambiances. Il n’est pas rare que la bestialité crue laisse place à une forme de séduction vénéneuse, via des lignes de chant nostalgiques et mélodiques, ce qui achève de conférer à cette œuvre une aura unique, entre sadisme rythmique et complaisance harmonique. Mais ne vous leurrez pas, c’est bien la violence et l’oppression que recherche THE DEATHTRIP, à la manière d’un BATHORY en transition entre le satanisme misanthrope de ses débuts et sa grandiloquence Viking à suivre. A la différence près qu’un morceau acide de la trempe de « Angel Fossils » ne laisse planer aucun doute. Ce sont bien les origines des années 90 que le collectif recherche, même si sa solidité et sa froideur ne sont pas sans évoquer les efforts les plus martiaux d’Europe centrale.
D’accord pour DAKTHRONE, et cette façon d’avancer sur fond de rythmique inamovible et de riffs concentriques, mais inutile de fouiller pour trouver des traces du chaos imposé par BEHERIT au début de sa carrière, puisque la musique des anglais/norvégiens est beaucoup trop agencée pour permettre de tels débordements. BEHERIT est d’ailleurs plus présent en termes d’ambiance, ces ambiances fétides, poisseuses, poussiéreuses que l’on retrouve sur le monolithique et pesant « Vintage Telepathy », qui se traîne d’un tempo lourd sur fond de guitares résignées, à la manière d’un « The Hordes of Nebulah » de qui-vous-savez. Et avec des titres dépassant presque systématiquement les cinq minutes, l’ambition du groupe est palpable. Laisser les idées s’installer, le virus se propager, casser les codes et les progressions pour accentuer l’impression d’urgence, à la manière d’un apocalyptique « Surrender To A Higher Power » qui nous renvoie plus de vingt ans en arrière. Ce qu’on apprécie par-dessus tout, c’est ce professionnalisme teinté d’amateurisme de cœur, qui donne à ce LP des airs de premier jet retravaillé par des musiciens au potentiel certain. Les chœurs, omniprésents, ajoutent à cette sensation de procession, de messe noire célébrée secrètement, même si le rythme global est largement au-dessus de la moyenne. Autre fait notable, l’évolution progressive de l’album qui semble s’enfoncer de plus en plus dans les abimes de cruauté, à la manière d’un De Mysteriis Dom Sathanas. Ainsi, le triptyque final « Vintage Telepathy » / « Abraxas Mirrors » / « Awaiting A New Maker » offre une conclusion méchamment glauque, entre les excès de fureur de « Abraxas Mirrors » qui empile les arrangements, et les étirements interminables de « Awaiting A New Maker », qui offre l’épilogue digne d’une telle aventure intérieure.
Ce dernier morceau est plus ou moins l’apogée d’une démarche, avec son beat affaissé, son chant qui devient de plus en plus éprouvant, et ces guitares qui geignent en arrière-plan. En plus de dix minutes inamovibles, et une théâtralité vocale saisissante THE DEATHTRIP insiste sur le caractère viscéral de sa musique, et nous laisse entre onirisme et pragmatisme, pas vraiment certain de ce que nous venons d’entendre. Belle opération séduction/dégoût pour un album qui parvient à retrouver l’essence diabolique originelle, tout en la traduisant dans un langage plus contemporain. Une sorte d’âge d’or du Black Metal actuel en quelque sorte.
Titres de l’album :
01. Demon Solar Totem
02. Angel Fossils
03. Enter Spectral Realms
04. Surrender To A Higher Power
05. Vintage Telepathy
06. Abraxas Mirrors
07. Awaiting A New Maker
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