J’écouterai le KRALLICE jusqu’à l’hallali.
J’aime bien la formule. Moi qui comme tant d’autres ai découvert les américains assez tôt dans leur carrière, j’ai tout de suite été fasciné par leur liberté, et leur désir d’emmener le Black Metal hors de sa zone de confort. Il y a une véritable folie ordonnée qui se dégage de leurs albums, tous similaires et pourtant si différents. Depuis le premier éponyme de 2008, le groupe n’a pas été avare en inédits, sortant un nouvel album à intervalles très réguliers. Depuis ce premier témoignage, pas moins de sept longue-durée ont rassasié l’appétit des fans les plus délurés, mais avec Demonic Wealth, les KRALLICE ont frappé encore plus fort, et encore plus vite. A peine annoncé il y a quelques temps par quelques teasers sur leur Bandcamp, ce huitième LP surprend donc la fanbase, et voit le jour quelques mois seulement après le déjà extraordinaire Mass Cathexis, qui a pourtant divisé. Mais il est difficile d’admettre avoir un album préféré de la bande, tant leur œuvre semble s’appréhender dans sa globalité et non dans le détail.
J’en étais resté personnellement à God be Forgotten au niveau des chroniques, et j’avais fondu pour ce BM en roue libre, sorte d’assemblage hétéroclite d’éléments disparates qui une fois fondus, donnaient naissance à une symphonie magnifique en l’honneur de la démence rythmique. KRALLICE en 2021 n’a pas changé sa formule, mais l’a quelque peu adoucie, comme pour amadouer plus d’âmes perdues et les rallier à sa cause. Sans aller jusqu’à dire que le plus gros des hordes BM est aujourd’hui à même d’apprécier leur approche, Demonic Wealth a fait des efforts, et peut s’écouter sans avoir besoin de prendre de pause ou du recul pour encaisser le choc.
Evidemment, les compositions portent toujours la trademark des musiciens (Lev Weinstein - batterie, Colin Marston - guitare/claviers/basse, Mick Barr - chant, et Nicholas McMaster - basse), mais leurs mélodies plus prononcées, leurs ambiances plus prenantes, et la quiétude apparente qui les relie permettra sans doute à quelques néophytes de rattraper le train en route et de s’accrocher au wagon sans perdre un de leurs bras.
Selon le groupe, toujours avide de formules choc, cet album a été écrit, enregistré, écouté et sorti en pleine isolation, et les méthodes d’enregistrement ont été pour le moins originales. Les parties de batterie ont été captées sur un téléphone, le chant dans une voiture près des marais, tandis que la guitare, la basse et les claviers ont été plaqués au Menegroth the thousand caves, lieu du mixage et de la masterisation. Une technique d’enregistrement qui en vat une autre, plus professionnelle, mais qui correspond assez bien au propos développé sur ce huitième chapitre de la saga des new-yorkais. Et pourtant, il y a toujours aussi peu de New-York dans leur musique, et plutôt des traces d’Ambient européen, du Mathcore de Boston, et du BM/Grind que l’on peut concevoir comme étant international, sans barrières. Musicalement, la recette reste la même, une base rythmique absolument inconcevable, avec un Lev Weinstein en totale roue libre qui joue entre les fills jazzy et les blasts BM, et une basse qui suit comme elle peut le déluge de croches. La question étant : les KRALLICE jouent-ils vraiment du Black Metal, ou une forme tout à fait libre de Hardcore Ambient et dégradant ? Puisqu’en écoutant certaines pistes, on se demande clairement si l’inspiration a été tirée des WOLVES IN THE THRONE ROOM/DODECAHEDRON ou des PSYOPUS/COMITY/DILLINGER ESCAPE PLAN.
Mais finalement, la question n’a que peu d’importance, puisque les fans s’y retrouveront toujours, et les détracteurs aussi. La façon de composer du groupe n’a pas changé, aligner les plans à une vitesse hallucinante, les relier par une atmosphère déliquescente, pimenter le tout d’un chant sombre et râpeux, accumuler les breaks, et tout faire pour déstabiliser l’auditeur qui finit par se perdre dans ce labyrinthe d’émotions/démolitions contraires.
Une fois n’est pas coutume, les américains ont décidé de raccourcir les pistes pour les garder plus compactes et abordables. Pas plus de six ou sept minutes, ce qui dans leur cas est un petit miracle, mais qui n’empêche pas les dits morceaux de contenir assez d’idées pour flatter la discographie complète d’un combo moins ambitieux. On le comprend en écoutant l’entame de « Folds of Plasma », et en découvrant cette batterie lointaine en constante évolution complètement piétinée par les claviers. A ce moment précis, on se demande même si Lev Weinstein n’a pas chopé la dengue après avoir ingéré des drogues tropicales, tant son jeu déjà dingue à la base le devient de plus en plus. On imagine bien le percussionniste fou poser son téléphone près de la batterie, et se laisser aller à reprendre des idées de Buddy Rich en 78 tours, histoire de voir si la basse et la guitare vont suivre. Alors, ça donne un peu le tournis, mais l’ensemble garde la cohérence, ce qui n’est pas le moindre des exploits. Et si « Dilution » calme le jeu et verse dans le lo-fi intégral, genre MORTIIS enfermé dans un donjon avec un vieux DX-7, « Still » ramène vite les obsessions sur le terrain de l’expérimentation la plus libre.
De fait, ce nouvel album de KRALLICE est parfaitement ancré dans son époque, où tout et son contraire est dit, où les décisions les plus stupides semblent les plus raisonnables, et où les peuples cherchent une porte de sortie dans le dédale de contradictions écologiques et gouvernementales ambiant. Il n’est pas miraculeux dans la production pléthorique du groupe, il tient la barre, propose des intermèdes vraiment très vilains (« Mass for the Strangled »), il se termine dans une grandiloquence assez surprenante (« Resistant Strains »), mais ne fait pas tâche dans l’univers si mal ordonné des new-yorkais. A la rigueur, il constitue un point d’entrée assez intéressant, mais de par sa production souffre d’une singularité qui repoussera les plus timorés.
Un album purement 2021, enregistré dans la solitude, et offert en cadeau aux solitaires qui peinent à retrouver le moyen de communiquer avec leurs contemporains. Une sacrée bande-son en somme.
Titres de l’album:
01. Folds of Plasma
02. Dilution
03. Still
04. Mass for the Strangled
05. Sapphire
06. Disgust Patterns
07. Demonic Wealth
08. Resistant Strains
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