Ordigort - Demo 2022
Revenons à nos moutons, qui sont en fait des démos, pour une nouvelle bolée de découvertes. Direction la Belgique, pour y faire connaissance avec un projet du cru, essentiellement porté sur l’énergie la plus Punk du Black Metal. ORDIGORT est donc un quatuor (Laurens Oostrom - batterie, Arne Rouckhout - guitares, Jeffrey Andréka - guitare/chant et Scum - basse) et non un simple one-man-band nihiliste, et cette première démo sans nom est donc la prise de contact du groupe avec le monde, qui risque fort de les accueillir à bras ouverts, tout du moins pour la frange la plus extrême n’catchy.
Pensant au départ à un énième concept Raw Black, j’ai été agréablement surpris par ce que mes tympans ont encaissé. D’abord, au niveau de la production très pro pour un combo de cette catégorie, ensuite par la haute teneur en accroches de chacun des morceaux, qui ne sont pas de simples défouloirs pour riffs sadiques usés par les années. En alternant le tempo, le quatuor belge a fait le bon choix et nous propose des hits totalement improbables comme ce « No Tomorrow », hommage à BATHORY, DARKTHRONE, mais aussi à la scène Glam de Los Angeles, soit un mélange totalement inédit méritant largement votre attention.
Développant de belles ambitions, les musiciens démontrent qu’ils ont plus d’un tour pendable dans leur sac, et des capacité certaines à nous faire voyager sur les terres du Milieu. On soulignera le caractère formel de « Kontrole », qui après une boucle concentrique acide s’envole sur des blasts déchainés, la facilité Black Thrash de « Sadist », tube imprévisible avec chœurs mélodiques, et évidemment les largesses prodiguées par le final « Grimas », BM norvégien épique qui se permet quelques astuces populaires irrésistibles de Rock n’Punk. ORDIGORT place donc la barre très haute, utilise à doses égale Punk et Black, pour une démo qui je l’espère sera rapidement suivie d’un album. Un groupe à surveiller de très près.
Titres de l’album :
01. Pekzwarte Entropie
02. No Tomorrow
03. Kontrole
04. Sadist
05. Grimas
SexMag - Żelazna Dziewica
Un an à peine après la sortie de leur premier et remarqué EP Sex Metal, les polonais de SEXMAG s’en reviennent avec une nouvelle démo, annonciatrice d’un album à paraître l’année prochaine. SEXMAG, c’est évidemment de la nostalgie de poche, cette nostalgie d’un Death/Thrash joué avec l’énergie du Black, et Sex Metal, pourtant aussi tantrique qu’un crucifix enfoncé dans le fondement avait séduit les hordes bestiales toujours promptes à se rapprocher des leurs. Il faut dire que l’énergie dégagée par le quatuor aux sobriquets cocasses (Jacek "Truposz" Wojno - chant, Hellslaughter - guitare, Lord Violator - batterie/chant et Jakub "Golem" Sęp - basse) est tout bonnement époustouflante, et leurs ambiances gentiment paillardes.
Originaires de Silésie, ces quatre sagouins s’y entendent comme personne pour nous faire danser sur leur boucan, propice à des séances de headbanging inoubliables. Et une simple écoute répétée du mortel « One Czciły Diabła » suffit à appréhender tout leur talent de composition, simple, mélangeant DESTRUCTION, POSSESSED, BATHORY, BULLDOZER et autres chantres de la sauvagerie la plus brute et sincère. Le fan ne notera pas une grosse différence entre cette démo 2022 parrainée par la référence Dying Victims Productions et ce fameux premier EP de 2021, et se pourléchera les babines en pensant aux nombreux autres morceaux inédits à venir. Toujours rois pour agencer une longue composition en proposant plusieurs plans, les polonais restent fidèles à leur recette joyeuse, qui fait monter le soufflé avant qu’il ne fuite d’une odeur pestilentielle.
Bestial mais pas si brutal, SEXMAG est loin des pires exactions du genre, et se laisse aller au gré de son envie sur les eaux du Thrash blackisé ou du Death trafiqué. On prendra en pitié cette batterie au son étouffé, dont la grosse caisse sonne à peine comme un baril de lessive plein cogné par des mains mouflées, mais on s’accrochera comme un morpion à ce chant rageur, éraillé, qui nous lance des invectives…évidemment incompréhensibles. De la joie, de la bonne humeur, et un LP qu’on attend de pied ferme, tous les orifices au garde à vous.
Titres de l’album :
01. Żelazna Dziewica
02 One Czciły Diabła
03. Klątwa Kawazuzu
Kill Hill - Demo 2022
L’Argentine a la haine, et nous le fait savoir par l’un de ses jeunes représentants. KILL HILL, quintet accusant une bonne dizaine d’années d’existence nous en revient avec une démo étrange…En effet, si celle-ci est plantée en 2022 par le site référentiel The Metal Archives, elle accuserait treize ans d’existence selon le Bandcamp officiel du groupe…De là à penser que cette Demo 2022 n’est en fait qu’une démo 2009 réenregistrée pour l’occasion - le groupe ayant connu quelques ajustements de line-up ces dernières années - il n’y a qu’un slam que je vous offre les baskets en avant.
Car l’aventure KILL HILL avait - selon sources officielles encore une fois - commencé par un longue-durée éponyme en 2018, avant que le groupe ne se mette en sourdine pendant quelques temps. Cette démo serait donc l’occasion de nous présenter la nouvelle chanteuse du groupe, Cammi, alias Camilla Alvarez, vocaliste au coffre profond et aux intonations rauques. Musicalement, l’approche du quintet (David "David G." Gomez & Lucas KillHill - guitares, Camilla Alvarez - chant, Fabian "Faba" San Martin - batterie et Jeremias Namhya - basse) n’a pas vraiment changé depuis ce premier LP, et c’est avec joie que nous retrouvons l’impulsion du single « En la Distancia » concentré en un EP rageur et revendicateur.
Et si le groupe compense par une puissance féroce son manque d’originalité Power/Heavy/Thrash, il n’en prend pas moins soin de mettre en avant une grosse basse à la Lilker/OVERKILL, pour nous pondre des titres accrocheurs, et méchamment mordants. Ainsi, « 426 » propose non seulement un déroulé presque progressif mais aussi des soli totalement fulgurants, tandis que « Hoy y Siempre » joue la séduction des saccades et ose une coupure incongrue et groovy.
Toujours ambitieux, les membres de KILL HILL ose des ambitions affichées, avec des titres de plus de six minutes, ambiancés, sombres, soudainement agacés, et abruptement violents (« Esencia de Ser »), avec en tête de gondole une paire de guitaristes qui n’ont rien à envier aux duos les plus fameux du Thrash mondial. On pourra trouver l’organe de tête de Camila un peu monolithique, mais l’instrumental permet d‘apprécier une démarcation intéressante sur les laïus anciens de DETENTE, le tout mixant l’Amérique du Sud et la Bay-Area.
Titres de l’album :
01. Profesia
02. Hoy y Siempre
03. 426
04. Esencia de Ser
05. Tiempos Dificiles
Kilat - Rantai Penjinak
Trio austral par l’état civil, KILAT n’en est pas moins une association étrange, comme l’indiquent les intitulés des titres de cette première démo. Alors que l’anglais eut été de rigueur, les australiens ont opté pour le javanais, l’une de leurs obsessions, eux qui assument une passion pour la cité-province de Nusantara, mais aussi pour la culture, les écrits et traditions javanaises anciennes. Voici donc de quoi surprendre, d’autant que la musique du trio se met à la hauteur de sa mystique conceptuelle.
Formé de trois musiciens partageant la même passion pour le Raw Black contemporain et liés par une amitié concrète (Rama Parwata - batterie, Ben Andrews - guitare et Karina Utomo - chant), KILAT est LA surprise de ce lot de démos chroniquées au hasard des pérégrinations sur le net. A la rigueur, il serait même plus respectable de considérer cette maquette comme un véritable album, tant son importance artistique est de taille. Car loin de se contenter de répéter les recettes des années 90, Rantai Penjinak explore l’avant-garde bruitiste de la scène BM internationale, avec un panache incroyable.
Entre fureur rythmique, écran de fumée de riffs qui profitent des graves pour se muscler, et mur du son vocal à faire se pâmer les plus grands hurleurs du genre, KILAT se veut abomination naturelle intelligente et inévitable, tel un sale virus qui contaminerait vos sens. Entre GNAW THEIR TONGUES et PRIMITIVE MAN, avec une touche de REVENGE et de WAKE, Rantai Penjinak creuse donc dans la terre des fosses communes les plus anciennes pour y dénicher les artefacts BM les plus précieux, ose les dissonances et les stridences les plus Doom (« Arwah Pancasona », assourdissant mais étonnamment catchy avec son écho et sa réverb poussés à fond), pour mieux nous épingler d’un « Gerbang Alam » à la batterie sentencieuse et au pas lourd et emphatique digne d’un NAILS ralenti au maximum.
Aussi infect et horrible que fascinant, Rantai Penjinak est une véritable surprise et une découverte underground majeure. Entre dégoût de l’humanité et traduction Raw Black libre, KILAT ne joue jamais l’économie ni le piège lo-fi, mais épaissit le son, et livre une prestation à donner des suées aux plus instables des névrosés. Impeccablement produit, mixé avec flair et se terminant dans le chaos le plus concret (« Ngeluwang Di Tanah Penjajah », monstre Noise de cinq minutes), Rantai Penjinak révèle le visage déformé d’un groupe à l’identité déjà très affirmée, et laisse augurer d’un avenir atroce pour notre organisme, mais jouissif pour notre âme pervertie.
Titres de l’album :
01. Rantai Penjinak
02. Sembelih
03. Arwah Pancasona
04. Sirep
05. Gerbang Alam
06. Ngeluwang Di Tanah Penjajah
Dunkelhaft - Demo I
On termine cette matinée de démos avec du brutal de chez brutal. Enfin, plutôt de chez nos amis allemands, qui nous envoient l’un de leurs représentants les plus dérangés mentalement. Aucune information à vous prodiguer sur DUNKELHAFT, dont la démo est disponible sur un Bandcamp officiel, gratuitement. Et autant dire que les amateurs de Raw Black et de Black lo-fi seront aux anges après avoir encaissé ce choc frontal en mode 5G sous les cavernes.
DUNKELHAFT, c’est du Black de chez Black. Des guitares branchés sur la gégène d’un 10 watts fatigué, une batterie captée de la pièce d’à côté la pièce d’’à côté, un chant difficilement perceptible puisque hurlé sans micro en se taillant les veines, et bien sûr, un bannissement total des fréquences graves pour vriller les tympans de médiums infects et beaucoup trop mis en avant.
En écoutant ces trois courts morceaux, on pense inévitablement à la scène canadienne la plus crue et puriste. Et l’homme derrière ce concept doit connaître ses racines par cœur, tant son répertoire est classique, et répondant à tous les dogmes lo-fi en fonction sur le marché. On adorera ou détestera cette guitare en mode grésillement/bourdonnement sans mantra pour léviter, même sentence pour cette voix particulièrement infâme qui permettrait presque au BURZUM de jeunesse de participer à The Voice Kids, et ces morceaux brefs, mais percutants et glaciaux comme un hiver norvégien. Et visiblement, les hivers 2021 allemands n’avaient rien à envier à la neige du nord.
Une démo qui en a toutes les caractéristiques, avec ces modulations de tempo, passant de la case blasts enragés à croches surnagées, sans possibilité de discerner un quelconque plan auquel se raccrocher. De l’excellent Raw donc, pour un groupe/one-man-band qui mérite d’être suivi de près. Gageons que l’homme va donner dans le prolifique et nous inonder de EP’s et autres litanies long-format traumatisantes.
Titres de l’album :
01. Kerkermelodie I
02. Kerkermelodie II
03. Kerkermelodie III
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09