Passons à un gros morceau de l’extrême européen, et traitons donc d’une nouvelle sortie qui va ravir bien des amateurs de Black subtilement thrashisé. Les IRDORATH n’en sont plus à user leur fonds de spandex sur les bancs des clubs, puisqu’ils ont dignement fêté en 2015 leurs dix ans de carrière, ce qui les pousse donc à douze en 2017. Et quoi de plus adapté pour célébrer cette longévité qu’un nouvel LP, servi bouillant en ce mois de juin capricieux par le label italien Wormholedeath ? Rien en effet, et c’est pour cette raison que nous allons traiter du cas de Denial of Creation, le quatrième longue durée de cette horde de baladins chafouins.
Il est utile de préciser que depuis leurs débuts, les originaires de Carinthia ont connu de sérieux problèmes de stabilité, avec un line-up qui a constamment évolué, pour se fixer sur la formation Markus (guitare/chant), Thomas (batterie), Mario (basse) et Craig (guitare). Ce qui ne les a nullement empêchés de fouler la scène des festivals les plus prestigieux, et d’aligner les albums impeccables. Götterdämmerung (Zorn der Elemente), le premier, en 2007, Dekonstrukteur des Fleisches trois ans plus tard, distribué par les bons soins de Massacre Records, et l’acclamé I Am Risen, en 2013.
Il semblerait que le temps permette au combo de peaufiner son approche et de la rendre quasiment imperfectible, puisque ce Denial of Creation, qui de son titre suggére une vision assez peu créationniste, s’approche de très près du sans-faute dans un style qui ne tolère ni la médiocrité ni l’hésitation.
Disposant d’un son magistral équilibré au Hertz Studio en Pologne, ce quatrième LP est d’une haute teneur en énergie, et n’hésite pas à dispenser une philosophie assez progressive de la brutalité, sans tomber dans le piège de l’emphase ou de l’exagération évolutive. Les autrichiens ont gardé le cap sur la concision, en s’offrant tout de même une belle alternance de rythmiques et d’ambiances, permettant à leurs compositions de naviguer sur des flots de haine instrumentale sans mouiller dans des eaux profondes et trop sombres.
Violence, blasts, mélodies éparses, interprétation pleine de hargne et de volonté, tels sont les composantes de cet album qui n’a pas lésiné sur les moyens, et qui parvient à rester classique tout en faisant preuve d’un minimum d’audace.
La comparaison avec I Am Risen tourne légèrement à l’avantage du petit dernier, qui sans trop s’écarter de la route bien tracée pousse les choses un peu plus loin, appuyant sur la dynamique de groupe qui sert les intérêts d’une grandiloquence effective, tandis que les plans brutaux homériques s’alignent avec une belle cadence. On pense parfois à une version dynamitée de CREMATORY, au CRADLE OF FILTH le plus crédible, évidemment, bien que les quelques influences Folk des autrichiens ressurgissent parfois au gré d’une intro délicate (« The Curse That Haunts the Earth ») et leur permettent de se démarquer de leurs homologues. Le nom d’EMPEROR n’est pas non plus incongru à citer, même si les textures étalées par Denial of Creation sont loin d’être aussi épaisses et inextricables que celles des Norvégiens. Mais en substance, et après douze ans de carrière, IRDORATH a largement le droit de revendiquer sa propre identité sans avoir à se justifier de telle ou telle référence.
Cette référence est en passe de devenir universelle, tant le quatuor a insufflé dans sa musique un véritable vent de brutalité nuancée, qui leur permet d’aborder tous les registres couvrant le spectre large reliant le Thrash au Black, les deux styles qu’ils affectionnent le plus. Mais les inclinaisons mélodiques affirmées font que certains morceaux tendent même vers un Power Metal extrêmement dru et appuyé, dilué dans un Black quasi symphonique, qui n’abuse jamais d’arrangements surfaits pour noyer le poisson.
Le meilleur exemple en est le final dantesque et éponyme, qui instaure une atmosphère assez pesante, se reposant sur des riffs plaqués amples, qui ne cèdent jamais à la vélocité, et restent collés à un tempo médium qu’une double grosse caisse catapulte de ses croches martelées.
Break aux couleurs Folk un peu passées, basse qui ondule avec douceur, pour un joli final en crescendo qui nous laisse sur une note délicieuse, nous ramenant au meilleur DISSECTION, celui de Storm Of The Lights Bane évidemment.
Mais avant d’en arriver à l’addition, le groupe vous a concocté un menu aux petits oignons, avec l’entrée gloutonne « Devoured by Greed », qui en effet vous met salement en appétit.
Son imposant mais pas écrasant, merveilleusement dosé, qui permet à chaque instrumentiste d’exprimer ses talents sans bousculer le voisin, avec une belle amplitude de guitares qui se disputent l’espace pour y répandre leurs riffs les plus accrocheurs. Le chant de Markus, seul rescapé de la formation d’origine, a gagné en maturité et impose sa grave griffe sur l’instrumental qui s’adapte parfaitement aux inflexions cruelles qui émanent d’un gosier vomissant ses psaumes blasphématoires. Le leader naturel de la formation sait maintenant parfaitement ce qu’il veut, et l’exprime via une variété d’approches tangibles, que le rapide et abrasif « Trail Of Redemption » traduit avec force et conviction. Morceau le plus Thrash de l’ensemble, c’est aussi un des plus immédiats, à l’image sonore de « Covenant Of The Unbounded » qui s’autorise quand même de belles enjambées en territoire Black, suggérant même quelques accointances avec l’IMMORTAL le moins complaisant.
Les barouds d’honneur s’accumulent, et Denial of Creation finit par se transformer en démonstration de force, alliant finesse de composition et persuasion d’interprétation, en alternant avec bonheur les accalmies harmoniques et les éclairs de violence les plus électriques (« Purification »).
Guitares catchy qui tournent et multiplient les motifs (« In The Name Of Decay »), changements de direction abrupts (« Sacred Deception »), tout est fait pour vous entraîner dans une tornade, qui au bout du compte se veut l’équivalent musical d’un conflit à la Game of Thrones, avec Markus dans le rôle de Jon Snow, bataillant ferme le dos au mur pour vaincre ses ennemis.
Sauf qu’il a l’expérience suffisante pour ne pas commettre l’erreur susceptible de lui coûter la vie, et que ses troupes ne se laissent pas encercler aussi facilement. De fait, ce quatrième album est l’épitomé d’une carrière qui aura vu bien des soldats se succéder à ses côtés, et qui transcende toutes les épreuves passées pour les transformer en victoires.
Et s’il est certain que le conflit musical laissera certains d’entre vous indifférents, face à ces vagues de brutalité incessantes, les fans d’IRDORATH retrouveront leur groupe au sommet de sa forme pour un retour en grandes pompes qui imposera le quatuor sur les scènes mondiales. Et si Dieu a créé l’homme le sixième jour, IRDORATH fut sans aucun doute enfanté par le diable, certain de tenir là sa légion rapprochée, apte à le défendre contre les créationnistes les plus acharnés.
Titres de l'album:
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