Descend into Darkness

Thicket

10/08/2019

Autoproduction

Alors eux, ils ont une bonne tête. Certes et j’en conviens, ce n’est pas le type d’argument objectif qui permet de juger une œuvre, mais ils ont VRAIMENT une bonne tête. Et après écoute de leur premier long, je me rends compte qu’ils sont aussi très honnêtes dans leur bio. Non mais sérieusement, regardez-les, ils donnent clairement envie de devenir leur pote avec leur sourire à pleines dents, et leur façon de poser naturellement pour des photos promo. Le genre de types qu’on croise au bar un samedi soir, avec qui on boit quelques bières, et desquels on s’attache immédiatement, et pour longtemps. Fondé en 2011 du côté d’Orlando, Floride, THICKET s’est assez vite épanché musicalement puisqu’on trouve trace de sa première production dès l’année suivante avec le premier court Razorblades and Leaves. Trois ans plus tard, Tales From The Tomb prend la suite, avant que 2017 ne fête la publication de Tides of Pestilence. Et c’est très logiquement, et en respectant cette trajectoire ascendante que Descend into Darkness vient compléter le tableau, mais plutôt qu’une descente dans les ténèbres, ce premier long serait plutôt une montée vers l’euphorie, tant la musique des américains est violente mais joyeuse, et surtout, faite d’humeurs et d’alternance entre les styles. C’est d’ailleurs ce point qui m’a permis de comprendre à quel point ce quatuor jouait la carte de la franchise, en affirmant dans sa courte bio avoir commencé sa carrière sous des auspices purement Thrash, avant de dévier vers une approche plus complète. C’est donc à une sorte de synthèse parfaite à laquelle nous avons droit aujourd’hui, avec ces sept morceaux aussi convaincants qu’ils ne sont groovy, et ce premier LP à de faux-airs de passage en revue de capacités manifestes.

Jake Jordan - chant/guitare, James Marks - batterie, Tabatha Marks - basse et Kevin Webb - guitare ne sont donc pas des gens coincés dans des certitudes, et nous démontrent en à peine une demi-heure qu’ils sont plus ouverts que la moyenne, sans perdre de leur cohérence. Mais quel plaisir assez rare de passer d’une attaque Groove Thrash de la trempe de « Isolation » à un essai presque Cyber Metal dansant de l’envergure de « Fall of Illusion » sans avoir le sentiment d’écouter une compilation recensant les valeurs montantes de Floride. Capables de suggérer des accointances avec le Big4 et la nouvelle génération des HAVOK, et une fascination pour le Metal rythmique germain des OOOMPH et RAMMSTEIN, les THICKET ne se préoccupent que d’une seule chose, l’efficacité de leur musique, et citent indifféremment METALLICA, DEATH, GHOST, HAVOK, AVENGED SEVENFOLD, THE GREAT DISCORD, ou REVOCATION pour situer leur démarche, ce qui en dit long sur leur ouverture d’esprit. Doté d’une production at home tout à fait correcte, qui met bien en valeur la profondeur de la rythmique James et Tabatha Marks, et la précision des soli dégainés par Jake et Kevin, Descend into Darkness est un petit plaisir pas du tout coupable, qui nous entraîne à la frontière d’un Heavy Thrash old-school et d’un Metal plus contemporain, sans jouer les indécis. Nous avons même droit à des breaks presque Jazz-Rock parfaitement incongrus, mais totalement jouissifs (« Penance », qui démontre s’il en était besoin que les gus ont un bagage musical solide), mais ce qui fascine le plus chez les floridiens, c’est cette capacité à trouver des licks vraiment accrocheurs, qu’une section rythmique solide et inventive met parfaitement en valeur. Flirtant d’ailleurs parfois avec le Crossover tout en cédant à la séduction de soli baroques, le quatuor fait feu de tout bois et compose de vrais morceaux et pas de simples prétextes, et n’a retenu du Thrash que son groove gluant et sa puissance.

On savoure donc des chansons aussi pertinentes qu’évolutives, à l’image de l’irrésistible « Death's Embrace », faisant le lien entre hier et aujourd’hui, avec toujours ce phrasé de chant qui relie les instruments entre eux, et qui permet de travailler des ambiances différentes mais complémentaires. Mais on se rend vite compte des capacités en découvrant le tonitruant « Eat the Rich » en intro, qui caracole avec mesure mais qui avance avec emphase, laissant les guitares/machettes déboiser pour tout ratiboiser ensuite d’une double grosse caisse efficiente. Thrash donc, dans le fond, mais plus Metal dans les faits, la musique des THICKET est beaucoup moins humble qu’il n’y parait, et développe des trésors d’efficacité et d’ingéniosité, mettant sous la lumière des musiciens au talent d’instrumentiste indéniable et des compositeurs habiles. Et comme l’album stoppe son timing assez rapidement, l’effet produit est encore plus flagrant, à tel point qu’on regrette que dix ou quinze minutes supplémentaires n’aient pas été ajoutées. D’autant plus que le LP se termine par un dernier massacre légèrement Hardcore sur les bords, où tous les aspects les plus virils ont été accentués. « Descend into Darkness » est donc la clôture idéale d’un disque très surprenant, qui risque d’être noyé dans la masse de la production, alors qu’il mérite bien plus d’attention que d’autres sorties à la promotion plus importante. Et bien qu’il reste encore quelques points à perfectionner, notamment au niveau des chœurs, tout est déjà méchamment en place et très carré, avec quelques interludes, des crises d’arpèges en son clair, des transitions bien amenées, et surtout, un sens du rythme très prononcé qui en dit long sur les possibilités. Quand je vous disais qu’ils avaient une bonne tête ces quatre-là. Et comme le dit l’adage, ils en ont l’air, mais ils ont aussi la chanson.     

 

Titres de l’album :

                       1.Eat the Rich

                       2.Isolation

                       3.Fall of Illusion

                       4.Penance

                       5.Death's Embrace

                       6.Synchronicities

                       7.Descend into Darkness

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par mortne2001 le 03/11/2019 à 14:40
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