Desecrating

Repulsione

09/03/2018

Wooaaargh

Le problème avec les groupes de Grind, c’est qu’on passe souvent plus de temps à lire leur bio qu’à écouter leurs morceaux…Une fois n’est pas coutume, le nouvel effort de ces tarés là est d’une durée raisonnable, et permet d’arriver à la fin de leur interminable histoire, étalée sans complexe sur leur page Facebook. Et en plus, ils en sont fiers les malandrins ! Il faut dire que comme tout bon combo du cru qui se respecte, les carottes étaient cuites d’avance…Formé en 2003, l’ensemble REPULSIONE a donc connu son lot de contretemps, de temps d’adaptation, d’adversité, mais surtout, d’un gros sac de nœud au niveau de son line-up. Ayant débuté leur carrière comme groupe Hardcore lambda, très inspiré par leur scène nationale, les gus ont vite dérivé vers quelque chose d’un tantinet différent, le jour où ils ont définitivement perdu leur guitariste…Et au lieu de s’échiner à retrouver un nouveau tricoteur, les marsouins ont préféré continuer sans, poussant le vice jusqu’à recruter un second bassiste, dont la seule tâche était d’augmenter leur niveau sonore et leur degré de distorsion. Un groupe sans guitariste, dans le Metal, on connaît bien. Les ZEUS, mais aussi SETE STAR SEPT ou WATER TORTURE, mais le cas de figure n’est pas si fréquent dans le Grind. Oui, en même temps, la surprise n’est pas vraiment totale, puisqu’à la manière d’un Colombo, j’ai désigné le coupable dès l’introduction, mais après tout, là n’est pas le propos. Le seul étant de savoir si ces originaires de Bologne jouent du bon ou du mauvais barouf, et impossible de répondre à cette question sans avoir écouté leurs déflagrations. Mais vous devez bien vous douter que si je reste là à vous tenir le crachoir/clavier…

Oui, ne tournons pas autour du pot, les REPULSIONE nous offrent avec Desecrating un excellent opus de bordel et foutoir, puisqu’ils ont quand même choisi de s’en référer aux influences les plus parlantes et analogiques du style, tout en agrémentant leur capharnaüm de quelques passages beaucoup plus calmes, histoire de séduire le chaland trop rapidement effrayé par leur boucan. Alors, on trouve dans leur musique (sic) des références plus ou moins directes aux anciens testaments de  - insérer ici la liste mentionnée sur leur page Facebook, encore plus longue que leur bio - ROT, AGATHOCLES, REPULSION, ANAL CUNT, EXTREME NOISE TERROR, LARM, BRUTAL TRUTH, MALIGNANT TUMOUR, CONCRETE SOX, CODE 13, SIEGE, ou SORE THROAT (je n’ai sélectionné que les plus pertinents), mais aussi un joli résumé de leur parcours chaotique, histoire de ne pas tomber dans la paraphrase éhontée. Mais finalement, ceux-là (Matteo/The Headcrashing Chainsaw - mur du son, Tex - basse salement distordue, Gioele - Batterie pneumatique et Mosh - cris du caniveau) s’en sortent admirablement bien, puisqu’ils ne se contentent pas d’un Grind pur jus, mais bien d’un Hardcore un peu noisy et crado, qu’ils laissent dériver à intervalles réguliers vers le Powerviolence le plus cramé ou le Grind le plus blasté. Alors, on nage en pleine euphorie, évidemment, parce qu’au-delà de leur costume de super-zéros bordéliques, les mecs ont le sens du rythme, mais aussi de l’accroche atypique, malgré une dualité vocale rappelant les plus beaux jours de NASUM, ASSUCK ou NAPALM DEATH. On sent très bien qu’on a affaire à des esthètes et des spécialistes du style de compète, qui en connaissent toutes les combines, et qui ne se limitent pas à une énumération de titres rigolos aux intitulés tout aussi cocasses. Leurs morceaux en sont, et cette double basse vraiment très spéciale n’assume pas non plus les fréquences brouillées de celle popularisé par le gros Shane Embury, mais les rapprocherait plutôt d’une version complètement déjantée et foutrement Powergrind de MORPHINE, l’infâme saxo agonisant en moins. Difficile à croire ? Pourtant, c’est la vérité, à tel point que sous ses atours les plus chafouins, cette musique en est aussi, et nous entraîne dans son délire sans coup férir.

Et une fois n’est pas coutume (encore), on a le sentiment d’écouter un album qui a été murement pensé et composé, et non pas un premier jet répondant aux règles immédiates de l’improvisation entre potes. En témoignent des morceaux vraiment percutants et efficaces, à l’image de ce sinueusement groovyronique « Arbeit Macht Nicht Frei », pour lequel le cogneur en chef Gioele multiplie les pirouettes (une mention spéciale à cette pieuvre qui n’hésite pas à jouer les funambules supersoniques), ou du prenant et déconstruitement progressif « An Infamous Beast », qui s’éloigne méchamment des sentiers repus pour emprunter des chemins de traviole et nous balader de riffs de basse joufflus en soudaines torgnoles de moldus. Mais les exemples sont légion, puisque plus d’un titre joue les prolongations et le concept avoue donc ses ambitions, que ces margoulins ont du mal à faire passer pour un barouf brouillon. On a même parfois le sentiment d’écouter une hybridation bâtarde entre BRUTAL TRUTH, ZEUS et TOTAL FUCKING DESTRUCTION, tant les figures rythmiques sont culottées et justifiées. Bon après, je le reconnais, une détonation initiale comme « The Eternal Darkness Of An Useful Skull » aurait largement eu sa place sur le Endtime de BRUTAL TRUTH ou le Grind Finale de NASUM, mais même lorsque les segments respectent un certain classicisme (« Vomero »), la folie ambiante dégage un tel charme qu’on ne peut s’empêcher de considérer ces italiens comme de sérieux outsiders tout sauf crétins, qui font drôlement bien semblant, mais qui savent jouer, et pas qu’à l’avenant. Et entre de grosses beignes comme ce terrifiant et terrassant « Desecrating », qui vous ratatine les esgourdes de sa double grosse caisse avant de les panser de son break à confesse (mais qui dégénère bien vite en orgie Grind, faut pas déconner), des reprises bien senties et plus que correctes (« Selfish », cover des COMRADES, blitzkrieg en accolade), on trouve toujours de quoi dodeliner de la rondelle en rythme avec les donzelles (« 1985 », presque Thrashcore des années 80, en tout cas on s’y croit bien), et de quoi se finir sur le zinc, avec une grosse bourrade de derrière le comptoir (« Emptiness », le verre est vide mais la coupe est pleine).

Il faut certes du temps pour digérer la bio de ces oiseaux, mais leur Grind à tendance Core et Power vaut salement le temps passé à décrypter. REPULSIONE n’est sans doute pas le nouveau REPULSION transalpin, mais il est surtout beaucoup plus que ça. Une légende en devenir ? Et pourquoi pas ? Après tout, on en a vu décorés pour moins que ça !


Titres de l'album:

  1. The Eternal Darkness Of A Useful Skull
  2. Vomero
  3. Desecrating
  4. Sacrifice
  5. Junkyard Dog
  6. Resistance
  7. An Infamous Beast
  8. Last Man Standing
  9. 1985
  10. Arbeit Macht Nicht Frei
  11. Union
  12. Selfish (Comrades cover)
  13. Maggio Rosso Sangue
  14. Emptiness

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 24/02/2018 à 18:07
80 %    1060

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Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

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