Alors que MYRKUR continue de diviser la communauté Black Metal de ses orientations Folk de plus en plus poussées, évoluent dans l’ombre des projets féminins connectés à la nature, mais aussi à la réalité crue des faits d’une société qui aimerait bien nous faire croire à sa tolérance.
Les RAGANA sont deux, et s’échangent les instruments selon les besoins et humeurs. Fondé dans les années 2010 au sein de la communauté DIY, RAGANA est un projet qui se propose de croiser toutes ses influences pour produire la musique la plus viscérale qui soit. Maria et Coley, les deux musiciennes sans nom de famille ont déjà produit une quantité raisonnable de longue-durée, et ont même collaboré avec les enclumes de THOU à l’occasion d’un split en 2018. Cette collaboration en dit d’ailleurs assez long sur l’univers exploré par les deux musiciennes, qui se tiennent au bord d’une falaise pour mieux regarder l’humanité y chuter.
Signées par la référence sombre The Flenser, Maria et Coley se devaient d’être à la hauteur des enjeux. Après des années d’œuvres publiées à compte d’auteur, le duo sort enfin du bois pour se faire remarquer par les chasseurs de têtes. Et le résultat est aussi magnifique qu’effrayant.
RAGANA ne cache pas son désir d’unir dans un même élan le Black Metal, la nostalgie du Folk, mais aussi le sens de l’expérimentation de quelques excentriques qui ne conçoivent la violence que sous son aspect le plus abstrait. C’est ainsi que la feuille de route de fusion des références inclut la faune et la flore de leur région, les déviations onirique de MT. EERIE, mais aussi les bizarreries sombres de Wolves In The Throne Room. Un mélange homogène pour des ingrédients disparates, et une musique qui dès ses premières secondes, dessine une réalité onirique, entre condition queer et révulsion des stéréotypes conservateurs.
D’ailleurs, l’ouverture qui est aussi le title-track situe directement les débats sur le terrain choisi. « Desolation's Flower » est définie comme un hymne de gratitude envers nos ancêtres queer et trans, connus ou non, dont la joie et la survie ont rendu nos vies possibles, et dont le souvenir nous inspire et nous aide à résister à la haine et à l’oppression.
Le message passe évidemment, puisque d’importance, mais ce qui impressionne le plus, c’est ce traitement sonore qui refuse toute barrière ou carcan. Car si les deux partenaires se situent de facto dans un registre de Black Metal nostalgique et amer, elles n’en explorent pas moins d’autres pistes qui enrichissent leur musique.
Le son clair est par exemple proéminent sur nombre de morceaux, comme dans toute tentative Post Metal digne de ce nom. Les structures évolutives permettent de passer d’un climat cotonneux à une explosion de colère, et les accès de violence pure balisent le terrain des convictions, sociétales et humaines comme musicales. Doté d’une production étrangement claire et presque trop fluette (l’absence de basse se fait quand même méchamment sentir), Desolation's Flower se démarque du reste des sorties du mois par son unicité, et par l’osmose dessinée entre deux musiciennes qui se complètement à merveille. Sans savoir qui fait quoi sur tel ou tel morceau, on se laisse happer par ce désespoir qui transpire de titres comme « Winter's Light Pt. 2 », tourment qui gangrène la pensée en acceptant les ténèbres enroulant le monde actuel d’un voile d’intolérance. Et les filles n’y vont pas avec le dos de la cuillère, allant jusqu’à condamner leur pays d’origine d’une fulgurance poétique acide et fielleuse (« DTA » ou Death to America, qui en dit plus long que bien des discours), pour mieux exposer leur point de vue.
Entre un inédit 4AD et une surprise DIY, Desolation's Flower fascine par son absence quasi-totale d’arrangements et d’effets. La batterie sonne authentique et captée sur le moment, la guitare semble se laisser torturer par une distorsion grasse, tandis que le chant, l’arme fatale, s’abandonne dans le noir et accepte d’être sous ou sur-mixé pour mieux exprimer les émotions contenues.
Aussi mélancolique qu’il n’est cru, ce quatrième album est une vraie réussite. Un pari difficile à relever mais qui parvient à réconcilier les années Indie de nineties réalistes et l’agression BM de la même époque, transformée aujourd’hui en ressentiment acceptant divers traitement.
Si les voix sont fragiles et pas toujours dans le ton, si les hurlements font froid dans le dos, si cette satanée guitare s’apparente plus à un hommage au Rock plombé et alternatif qu’à une allégeance BM traditionnelle, l’ensemble tient debout, et ne saurait tolérer d’être remis en doute par des fans d’un Black trop puriste et conventionnel.
La suite finale « Pain » / « In the Light of the Burning World » magnifique de statisme, permet de rester sur une note étrange et déviante, tout en embrassant ces mélodies répétitives et concentriques qui strient l’album de son entame à son terme. La poésie de l’ensemble est sincère, et prend aux tripes, spécialement lorsque les progressions partent d’une lamentation dans le lointain pour s’échouer sur un chaos digne de NEUROSIS et SHINING (« In the Light of the Burning World »).
La pochette, légèrement provocante mais parfaitement en phase avec le parti-pris artistique attire l’œil, et la musique fait le reste. En passant d’une autoproduction à une signature chez Flenser, Maria et Coley ne se sont ni fourvoyées ni trahies, et produisent ce qui est sans aucun doute le travail le plus abouti de leur carrière. Du noir et blanc persistant pour une vie qui coule entre le sablier de l’intolérance et la pendule du désespoir.
Titres de l’album:
01. Desolation's Flower
02. Woe
03. Ruins
04. DTA
05. Winter's Light Pt. 2
06. Pain
07. In the Light of the Burning World
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