Nous connaissions une poignée de groupes de BM japonais, dont SIGH évidemment, nous avions aussi dans notre caddie affectif une bonne livraison de de BM symphonique de Taïwan avec les albums de CHTHONIC, mais les ensembles chinois semblaient se faire plus réticents à laisser passer les influences noires et extrêmes…Nul ne connaît par cœur l’underground d’un pays, pas même ce pays lui-même, mais réjouissons-nous de découvrir les pérégrinations d’un nouveau concept originaire de Beijing, trio iconoclaste se répandant en effluves d’une agressivité sombre et nauséeuse. Nauséeuse mais pas seulement, car les MEFITIS semblent cumuler les influences et les inspirations, pour insuffler à leur musique un délicat parfum Crossover, qu’ils se plaisent à décrire comme progressif, ce qui n’est pas totalement faux. Fondé en 2017, cette association de trois musiciens (Darian Kocmur - batterie, Rexko - chant, et Alien Darling - tout le reste) a déjà publié un premier EP en 2017, Nascence, qui posait les bases de ses conceptions. Mais aujourd’hui, c’est Despair qui nous intéresse au plus haut point, avec ces quatre nouveaux morceaux débordant de haine, de créativité, de colère mélodique, et d’une versatilité qui fait honneur à ses concepteurs. Difficile donc de classer les MEFITIS dans un créneau particulier, puisqu’ils semblent prendre un malin plaisir à arracher toutes les étiquettes, mais en simplifiant le tout à l’extrême, on pourrait dire que leur BM s’enivre de Heavy classique, de psychédélique light, de Progressif un peu tortueux, et que le rendu n’en perd pas pour autant en efficacité. Et l’intérêt majeur de ce second EP est de proposer quatre titres aussi forts et individuels les uns que les autres, sans que la cohésion d’ensemble n’en pâtisse.
Sous un artwork dessiné par la charmante hurleuse Rexko, et avec un mastering signé par Austin Minney aux All Aces Studios de Denver, Colorado, Despair est donc un bouillonnement créatif ininterrompu, qui se permet de mixer la grandiloquence d’un DIMMU BORGIR, les déviances en stridences de VOÏVOD et VIRUS, l’expérimentation en version plus modérée de DEATHSPELL OMEGA, le tout dans une atmosphère nimbée de mystère et sous couvert d’une technique très aiguisée. Le leader des débats, Alien Darling, a donc peaufiné ses options pour les rendre imperfectibles, et nous entraîne dans un monde bizarre, fait de Black Metal aux ambitions notables, de Heavy mélodique en filigrane, et d’un sens de la liberté patent. On remarque tous ces points dès la découverte de « Cetus », qui en tant qu’intro fonctionne à merveille en mettant les éléments en place sans attendre la moindre seconde. Pas d’intro pompeuse ni perte de temps, les blasts déboulent immédiatement, accompagnés d’un déluge de riffs en contradiction. Et si le tempo ne se stabilise jamais complètement, les couplets en mid permettent d’apprécier la voix très acide et criarde de Rexko, parfaitement à l’aise dans ce magma de colère musicale qui cède parfois à l’efficacité d’un riff appuyé. Aussi efficace que culotté, le BM des chinois a su tirer parti de tous les enseignements antérieurs, de l’approche technique et évolutive américaine jusqu’au purisme nordique des années 90, et pourrait même suggérer une démarcation moins putassière d’un CRADLE OF FILTH expurgé de tout son barnum pitoyable.
On retrouve cette vision des choses sur le surprenant « Desecrate », qui calme les ardeurs des BPM pour plomber l’ambiance, et la rendre encore plus délétère, via une guitare qui décidément n’est pas prête à s’agenouiller devant les riffs les plus faciles. Les dissonances sont donc alors au rendez-vous, et le climat s’assombrit, pour un trip en immersion, dérangeant, plutôt insistant, en méthode hypnotique qui autorise quand même des cassures, des stoppées dans l’avancée, pour mieux nous prendre à revers comme les meilleurs acteurs de la scène expérimentale mondiale. Expérimental, MEFITIS, mais jamais trop pour ne pas sombrer dans l’élitisme, et garder un pied solidement ancré en terre d’efficience, ce qui a le don de transformer ce BM en musique brutale plus généraliste, à l’image d’un VOÏVOD et d’un DODECAHEDRON croisant le fer tout en acceptant le legs de la scène Thrash asiatique des années 90. Mais tout n’est pas bizarre et déformé sur cet EP, bien au contraire, et lorsqu’il montre un visage plus avenant, le groupe n’en est pas moins dangereux pour autant. En témoigne le plomb en fusion de « Ecdysis », qui vous brule les chairs tout en amadouant vos oreilles de quelques licks assez séduisants. On sent le groupe capable de synthétiser toutes les fragrances pour élaborer son mélange, et se montrer aussi perspicace que torturé, ce qui ne sera pas pour déplaire aux amateurs d’exotisme cruel. Il est certes facile en vingt minutes d’expurger son inspiration de toute scorie encombrante, mais on sent sous-jacentes des capacités énormes, qui pourraient permettre d’élaborer un longue-durée assez unique en son genre. On espère que le jour venu, les tendances exprimées sur « Lotophagi » seront toujours présentes, ce final se posant en épilogue parfait pour une œuvre trouble et vénéneuse, qui de son chant prouve son allégeance au BM, mais qui de sa musique s’amuse beaucoup à en déformer les dogmes.
Une belle réussite donc qui nous vient de Chine, et qui n’a rien d’une contrefaçon, bien au contraire. MEFITIS, un groupe original qui ne brade pas son identité pour séduire les masses, et qui avec Despair se fraie un joli chemin vers la reconnaissance dans un style plus qu’encombré, mais toujours prompt à laisser quelques espaces à des musiciens qui ne bradent pas son image.
Titres de l’album :
1.Cetus
2.Ecdysis
3.Desecrate
4.Lotophagi
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