premier album, Final Day, paru en 2020, les originaires de Tampere et Helsinki ont vu les portes de la gloire se refermer devant eux, pandémie oblige. Le confinement et le virus ont donc empêché ces valeureux soldats de défendre leur répertoire sur la route, tuant dans l’œuf les projets grandioses établis en amont. Le silence a donc remplacé ce Heavy racé qu’ils nous avaient servi bouillant sur ce premier disque, mais ce même silence est enfin rompu aujourd’hui via la parution de Destination Destruction, un second long au moins aussi performant que le premier.
Après quelques ajustements de line-up, le trio de tête constitué par Joni Petander à la basse, Tomi Mäenpää à la guitare (depuis 2015) et Miika Kokko au chant (depuis 2017) est aujourd’hui renforcé par la guitare de Ville Koskinen (BEYOND THE CATACOMBS, BYRON, EVERLORE, MINNA TUUSA, NORDIC TWILIGHT, PSYCHEWORK, SILENTIUM, TRAUMA FIELD, RAPIDLY, SLUMMI KYLÄ), et par la batterie d’Arttu Hankosaari. Une formation en quintet resserré, pour une conquête de la planète Metal par la face nord, forts d’une réputation naissante probante et d’une nationalité en garantie d’efficacité.
Qui irait en effet chercher des poux dans la tête d’une bande de finlandais en goguette, lorsqu’ils s’avancent avec une telle assurance et le soutien de Steamhammer/SPV ?
Mais qui dit label renommé ne dit pas forcément succès mérité. Après tout, les gros indépendants font aussi des erreurs en signant des artistes convenus, jouant une musique pour repus, sans prendre le moindre risque ou faire preuve de la moindre précision dans l’effort. Mais le cas des SATAN’S FALL est assez rapidement plié, tout du moins une fois les trois premiers morceaux passés. On reconnait en effet la patte du froid, qui peaufine chaque couplet et bichonne chaque refrain, malgré une inspiration passéiste totalement assumée.
Old-school donc, mais avec un son moderne, pour une approche qui va puiser dans les réserves du Metal de quoi alimenter ses fantasmes. Le Heavy du quintet, parfois enlevé, parfois posé, mais toujours très mélodique, nous rappelle la scène allemande de la fin des années 80 et du début des années 90. On ne peut donc s’empêcher de penser à ACCEPT, GRAVE DIGGER, le tout revu et corrigé Europe du nord, donc plus fluide et sophistiqué. Mais une ouverture de la puissance de « Lead the Way » en dit long sur le potentiel de leaders des finlandais, capables de composer un hymne définitif et de l’offrir en entrée.
Mais c’est évidemment l’emphatique et dramatique « Monster's Ball » qui met le feu aux poudres de ses six longues minutes réglées comme du papier à musique par un binaire à la Stefan Kaufmann. Entre SAXON, ACCEPT et quelques allusions au Metal américain le plus européen, ce long titre est une sacrée révélation, qui nous chatouille le bracelet clouté et nous trifouille les badges chromés. On imagine fort bien ce morceau entonné en live et fédérant un public avide de traditionalisme, entre bière fraiche et foi indéfectible, quelque part entre le Wacken et le Hellfest.
Rois du tempo qui fuse, les SATAN’S FALL ont de l’énergie à revendre, et multiplient les estocades comme un torero dégoulinant de testostérone. « Garden of Fire », dynamique comme de la dynamite, « Afterglow », méchant comme du IRON MAIDEN réchauffé par UDO, sont autant de témoignages de la vitalité de ces musiciens qui connaissent bien leur partition, et la jouent sans accroc. De la fraîcheur dans le recyclage, de l’honneur, pour un passage en revue des impératifs eighties les plus exigeants.
On pourra évidemment regretter l’absence totale de prise de risque, et une zone de confort un peu trop restreinte, mais il est à l’inverse impossible de ne pas craquer pour ces chansons simples, mais bourrées de gimmicks entêtants. Que ce soit à l’occasion d’un refrain d‘airain ou d’un solo costaud, l’addiction n’est jamais bien loin, et le soin apporté aux arrangements certain.
Les cinq hommes sont donc très complémentaires, et prouvent que le ménage effectué il y a deux ans a été un succès. Et en lâchant très innocemment un brûlant « Kill the Machine » en pénultième segment, les finlandais la jouent fine et font monter la tension. Du Speed pur et dur, avec toujours en avant-poste cette voix éraillé comme passée au papier de verre, et ces accointances germaniques plus qu’évidentes.
Et en concluant par le démonstratif et dramatique « Dark Star », Destination Destruction tape le sans faute, avec une grosse demi-heure de jeu bien remplie.
Deux bonus pour ceux qui se procureront la version physique, dont une reprise rigolote du thème des Power Rangers (« Go Go Power Rangers »), et le packaging est léché et prêt à être déballé.
Je suis moi-même déballé d’être emballé, ou l’inverse, et j’espère sincèrement que SATAN’S FALL pourra se défendre décemment sur scène. Ce nouvel album le mérite amplement.
Titres de l'album :
01. Lead the Way
02. Garden of Fire
03. Swines for Slaughter
04. Monster's Ball
05. Afterglow
06. No Gods, No Masters
07. Kill the Machine
08. Dark Star
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