30 minutes of swedish fucking Black Metal!!! 

C’est ainsi que le duo AVSKRÄDE présente son premier album, et autant admettre que l’argument promotionnel est le plus idoine pour décrire sa philosophie. Fans d’avant-garde, d’expérimental, de symphonique, de Blackened Death et autres fioritures, fuyez donc, puisque ces suédois ne s’abreuvent qu’à la fontaine du mal des origines, celle qui coulait en Suède et en Norvège à l’orée des années 90.

Sans date de formation, précisons quand même que le groupe a déjà sorti une démo, plus tôt en 2021, baptisée de façon éponyme, et qu’il a déjà sorti cet album en autoproduction, avant que les esthètes de Purity Through Fire ne s’en mêlent et décident d’un pressage à plus grande échelle. L’album étant déjà épuisé, l’idée est bonne, d’autant que le produit en question l’est aussi, pour peu que l’on soit attaché aux valeurs traditionnelles de la noirceur nordique du passé.

Difficile pour un chroniqueur de laisser divaguer sa plume après avoir pris connaissance du contenu de ce Det Stora Tunga Sjuka. Avec une musique aussi simple que basique, l’heure n’est pas aux envolées lyriques ou aux formules à l’emporte-pièce, mais bien à la lucidité : ce premier album est aussi formel qu’un hommage peut l‘être, et les onze titres qui le constituent sont autant de clins d’œil en direction des grands aînés de DARKTHRONE, BURZUM, IMMORTAL, les destructeurs de cathédrales.    

Au menu, des chansons courtes, qui ne dépassent les quatre minutes qu’en une seule occurrence, des riffs traditionnels, une voix évidemment raclée au maximum, pour un passage en revue sympathique des figures imposées du BM le plus enraciné dans la culture populaire d’il y a trente ans.

Disposant d’une production âpre et sèche, ce premier album met donc en avant sa nostalgie des hivers anciens, par l’entremise d’une guitare monolithique aux émotions contenues, d’un rythme bloqué sur les blasts par une batterie au son rachitique, et d’une linéarité de circonstance. Rien de neuf donc, et l’album peut lasser de son refus de toute fantaisie, mais les puristes sauront reconnaître les leurs, ceux qui refusent de brader les dogmes pour s’intégrer à contrecœur à leur époque.

Rien qui ne dépasse, comme si le groupe s’était livré à un exercice de style pour le plaisir, et si une fois la moitié de l’album atteinte, les illusions de modulation meurent, on peut apprécier l’effort pour ce qu’il est : la célébration d’un mal ancien, celui qui a allumé les premiers brasiers. Parfois, un lick plus catchy que la moyenne sur un mid tempo surprenant peut déstabiliser et donner envie de dodeliner du chef, mais l’ensemble, de son entame à son terme, n’est qu’une ligne droite creusée dans la neige par des pèlerins à la recherche de la vérité originelle.

A la limite de la démo élaborée, Det Stora Tunga Sjuka nous replonge donc dans un pan d’histoire passionnant, et si AVSKRÄDE n’a évidemment pas la mystique des grands sorciers du mal, il n’en garde pas moins un charme désuet, imposé par une violence maîtrisée et raisonnable. Un petit plaisir même pas coupable, à apprécier durant une longue nuit hivernale scandinave pour retrouver l’essence même du mal qui agitait les nineties de ses incantations les plus sauvages.

Titres de l’album:

01. Av Jord är du Kommen...

02. Undergång

03. Åh, Ljuva Svarta Natt

04. När Stillheten Stundar

05. Aldrig mer ska Solen Bränna

06. Med Blodiga Vingar

07. Gravens Tomma Skönhet

08. Nattfärd

09. Begäret

10. I Den Eviga Månens Sken

11. Jag är Slutet

Facebook officiel

Bandcamp officiel