Les pochettes ne sont pas vraiment du meilleur goût, le look non plus, but, who cares ? L’esprit hédoniste des années 80 mérite de survivre puisque notre époque nous rappelle chaque jour à quel point l’avenir est inexistant, et les espoirs inutiles. Dès lors, sortir une bouteille, loucher sur une demoiselle dévoilée et brancher une guitare sur un ampli fatigué semblent être les options les plus raisonnables, chose qu’ont très bien comprise les grenoblois de WHISKY OF BLOOD. Du whisky, du sang, et évidemment de la sueur pour le sacro-saint triptyque, sans savoir si ces quatre rockeurs prônent la drogue et autres déviances en vices majeurs.
Mais quel besoin de drogue quand on a la musique ? Le Rock n’Roll ? La fête ? L’illusion que l’adolescence dure toute la vie sans conséquence ? Tout ça et bien plus, en un seul volume. Le nouvel album d’un groupe qui ne conçoit son art que sous son angle le plus festif et le moins responsable.
WHISKY OF BLOOD daigne enfin montrer les sillons de son troisième album, huit ans après nous les avoir bien secouées sur Sexy Woman Of The Devil. On se disait que la bande avait disparue corps et âme, avalée par une société qui n’aime pas lorsque ça dépasse et que ça induit un comportement individualiste, à la limite de la révolte. Mais la révolte annoncée sur Diablesse Of Revolution est saine et bon enfant. Les risques sont donc limités et la censure oubliée. Pourquoi faire d’ailleurs ? Pour prévenir les quinquagénaires que leur libido est dangereuse pour les mœurs ? Comme s’ils l’ignoraient…
Une bio étudiée pour qu’elle donne la liqueur à la bouche de ses citations fameuses. CINDERELLA, MOTORHEAD, AC/DC, BANG TANGO, VAN HALEN, MOTLEY CRUE, des références qui attirent le chaland, et d’autres, moins parlantes, mais tout aussi valides. NASHVILLE PUSSY, BLACKRAIN, GUNS N’ROSES, KIX, et un sacré bottin en hall of fame, qui permet de baliser la piste sur laquelle va atterrir le jet privé de ces quatre tatoués.
En huit ans, il s’est passé des choses. Des changements, des ajustements, et un line-up renouvelé qui tourne aujourd’hui autour de Lord Whisky (Fabrice Cassaro, guitare/chant), Phil The Animal (Philippe Armenise, guitare, lap steel et chœurs), Swindler (Cyril Caillat, basse et choeurs) et King Of Ricqles (Pierre Dalban, batterie, percussions et chœurs). Soit quatre musiciens qui s’y entendent comme personne pour faire sonner la nostalgie comme un hommage légitime, loin de l’opportunisme de certains qui se contentent de repiquer en espérant que les boutures vont prendre sans se faire trop remarquer. Au menu de ce troisième tome, le plus important : du Rock. Ça parait lénifiant écrit comme ça, mais ça reste le nœud de la guerre. Un truc qui balance, et qui envoie, un peu SKIDROW sur les bords, carrément Heavy au milieu et qui synthétise tous les sous-courants d’il y a quarante ans dans un binaire infernal.
Produit en Suède, mixé par Staffan Karlsson (MESHUGGAH, SPIRITUAL BEGGARS, ARCH ENEMY, GRAND MAGUS, FIREWIND, RISING STEEL…), Diablesse Of Revolution a évidemment le son, un peu louche, carrément Punk, et dégoulinant de stupre et autres liquides séminaux. Avec en guests des noms comme ceux de Chris Holmes et Steff Rabilloud (RISING STEEL, URGENT, ex-NIGHTMARE), cette nouvelle étape de la carrière de WHISKY OF BLOOD a été négociée avec un flair imparable, un panache en sirop d’érable, et une virtuosité de grande table. Entre Speed qui enivre et binaire frappé en enfer, le tracklisting se veut aussi varié qu’un concert réussi, et les dix nouveaux morceaux passent les tests de qualité haut la main, sans avoir à forcer. Et puis, sincèrement, un groupe capable de jouer des titres comme « Hater Motherfucker » ou « Nothing More » est garant d’une certaine tradition de fête et de soleil qui se lève bien trop tôt.
Le message que cet album cherche à faire passer est assez limpide : faire la fête avant qu’on nous fasse la nôtre. Comme le disaient très bien les clowns lubriques de STEEL PANTHER, « éclatons nous comme si c’était la fin du monde », et les grenoblois ont embrassé ce crédo comme le leur. Ainsi, « Boogie Girl » ressuscite l’esprit festif du Los Angeles de la fin des années 80, alors que la suite directe « Ten Pearls Of Rock’n’roll » joue le jeu d’un Heavy vaguement sleazy, le tout sublimé par la voix rauque mais puissante de Lord Whisky, qui dû s’en injecter quelques-uns dans le gosier.
Evidemment, pour apprécier le truc, il vaut mieux laisser son bon goût au vestiaire, sous peine d’être choqué par « Pussy Beer », qui évoque avec malice ces parties de beer pong durant lesquelles ces dames jouent avec leur organe pour expulser la balle à une distance raisonnable. Mais il n’est rien de plus cathartique qu’un plaisir régressif, et les WHISKY OF BLOOD le savent mieux que quiconque.
Truffé de pépites, gorgé de moments forts, noyé dans l’alcool et le délire, Diablesse Of Revolution est une révolution menée de l’intérieur, minée par ses propres acteurs qui concèdent parfois des moments d’émotion. « Magic Fire Water » est à ce titre superbe, fragile dans sa force, et porté par un solo à la Slash qui pourrait faire école. D’ailleurs, elle est finie, et la cloche vient de sonner midi.
Et midi ou minuit, quand on ignore le temps, c’est un peu la même chose.
La cantine de l’âme se remplit rapidement, entre bouffe mal réchauffée et reste assaisonnés. Lord, Phil, Swindler et King s’assoient à leur table habituelle, reluquent les donzelles, alors même qu’ils ont quitté l’école il y a déjà longtemps. Mais l’avantage de la Rock n’Roll High School, c’est qu’on peut y redoubler indéfiniment.
Titres de l’album :
01. Nothing More
02. Baby Revolution
03. Crazy Zone
04. Diablesse Of Love
05. Minister Of God (ft. Chris Holmes)
06. Hater Motherfucker (ft. Steff Rabilloud)
07. Boogie Girl
08. Ten Pearls Of Rock’n’roll
09. Pussy Beer
10. Magic Fire Water
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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