Et de douze. Oh, bien sûr, pas de quoi triompher après quarante ans de carrière, mais les LEP n’ont jamais été réputés pour leur productivité. Ils ont eu de sérieuses excuses par le passé glorieux, entre l’accident de Rick Allen qui lui coûta un bras et plomba l’enregistrement d’Hysteria, et la mort du regretté Steve Clark qui assombrit Adrenalize, mais dans le secret des alcôves, les anglais sont souvent surnommés les DEF FLEMMARD en France et les SLOW LEPPARD par les anglo-saxons. Souvent, le groupe a eu recours à l’astuce des live, des compilations pour boucher deux ou trois trous entre deux longue-durée, mais nous attendions quand même depuis sept ans le successeur du fabuleux Def Leppard, qui retrouvait un groupe enthousiaste, en forme, et prêt à en découdre. Je l’avoue, j’ai adoré cet album, presque autant que les œuvres de légende, et sa suite se devait de relever le défi présenté par « Let’s Go », « Man Enough », « Blind Faith » ou « Sea of Love ». DEF LEPPARD a donc tâté le terrain via une poignée de singles, mais les réactions ont toutes été très tièdes, les plus complaisants arguant du fait que le quintet a depuis longtemps rejoint le club des Classic Radios pour satisfaire un public vieillissant, quelque peu allergique aux gros riffs d’antan.
Mais les singles ne sont que rarement les points forts d’un album, et il convenait d’attendre la sortie de ce Diamond Star Halos au titre très seventies pour juger de l’état des lieux 2022 d’un DEF LEPPARD toujours hargneux, ou un peu trop complaisant envers lui-même. Beaucoup de magazines officiels se sont déjà fendus d’un laïus, souvent enthousiaste, mais qu’en est-il du reste de la horde, ces petits médias qui rêvent encore de Pyromania, de la fougue de Steve, de la frappe tonitruante de Rick, et du chant en envolées suraiguës de Joe ? Cette petite presse là va devoir se la mettre sous le bras, une fois encore, mais même en mode mineur et nostalgique, DEF LEPPARD réussit haut la main son passage dans les années 2020, les mêmes qui ont méchamment écorché BON JOVI au point de l’envoyer dans un EHPAD pour vieux rockeurs invalides.
Après plusieurs écoutes, Diamond Star Halos s’avère l’un des albums les plus denses de la discographie du LEP. Et s’il n’a pas la diversité de son illustre prédécesseur, il n’en possède pas moins un charme indéniable, souvent désuet et tourné vers les idoles seventies du groupe, les MOTT THE HOOPLE, T-REX, Bowie et autres QUEEN, parfois plus intemporels, comme le prouvent ces collaborations ad hoc avec la star Country Alison Krauss. Habituée des rockeurs pour avoir souvent tenu le micro avec Robert Plant, Alison apporte une touche douce-amère aux deux morceaux qu’elle illumine de sa voix, et permet au groupe d’explorer de nouveaux territoires et de sortir de sa zone de confort. Et en écoutant le sublime et pastoral « This Guitar », on a soudainement envie d’enfourcher son cheval pour faire un dernier tour de ranch avant la nuit.
Evidemment produit version policée en attente des stades à envahir, ce douzième album requiert une certaine patience, et ne se livre pas immédiatement à grands coups d’idées faciles et de recyclage permanent. Certes, beaucoup de morceaux auraient pu se retrouver sur des versions plus paisibles d’albums antérieurs, mais un petit parfum de nouveauté se dégage de certaines chansons, plus posées, à la limite de ce Rock psychédélique que Joe aime tant, avec un bombardement choisi de chœurs angéliques qui nous renvoient au meilleur du Haight-Ashbury de l’axe 67/69. DEF LEPPARD s’autorise même quelques incursions orientales, avec ces percussions désertiques sur l’instantané « U Rok Mi », ce qui en dit assez long sur son niveau de confiance après sept ans d’absence. Et il faut une sacrée dose de confiance pour revenir s’étaler musicalement pendant plus d’une heure, alors que la concurrence old-school propose elle des disques plus concentrés.
Mais DEF LEPPARD est unique, et nous le savons depuis la nuit des temps. Avec un répertoire passé majoritairement sous la plume de Phil et Joe, Diamond Star Halos s’amuse à survoler les décennies, de l’adolescence de ses membres à leur maturité actuelle, quelque part entre les sixties, les seventies folles, les années 80 synonymes de starification à outrance, les nineties plus chaotiques, et ce nouveau siècle, propice à tous les bilans et les regards en arrière. Cette nostalgie du temps passé sur les routes et sur les ondes se ressent souvent, notamment sur ces blue-songs sublimes que le groupe distille avec beaucoup d’intelligence, via « Goodbye For Good This Time », que l‘on n’espère pas prophétique, gorgé de violons, de claviers amers, et bercé par une mélodie pure comme les moments les plus sincères d’Hysteria.
Il y a beaucoup d’instants plus calmes sur ce nouvel album, qui n’en est pas pour autant une symphonie pour repos du guerrier bien abimé par les combats passés. Loin du Hard-Rock âpre de ses débuts, loin de la sophistication de l’axe Hysteria/Adrenalize, loin des tentatives osées de Slang, Diamond Star Halos est le jumeau presque parfait de Def Leppard, au point que les deux disques auraient pu être fondus en un seul volume de quadruple album vinyle.
« Unbreakable », entre « Another One Bites the Dust » et « Man Enough », « Gimme a Kiss », bonbon acidulé qui actualise le sex-appeal de Marc Bolan et Bowie, « All We Need », qui flirte plus que de raison avec une pop-Rock à la Richard Marx, « Lifeless », que Garth Brooks aurait lui aussi pu chanter en duo avec Alison Krauss, jusqu’à ce superbe et emphatique « From Here To Eternity », qui laisse les BEATLES ouvrir la porte de l’éternité au LEP, Diamond Star Halos reste sincère, concentré, adulte, et n’essaie pas de convaincre les fans qu’une cure de jeunesse donne droit à des applaudissements immérités. Ici, on assume son âge, ses inclinaisons et ses goûts, on reste fidèle à sa ligne de conduite, et on produit une musique certes moelleuse et onctueuse, mais toujours riche en mélodies extraordinaires.
Il y a évidemment quelques décharges d’électricité plus généreuses que la moyenne, sur « Fire It Up », petit fils légitime de « Pour Some Sugar on Me », sur l’ouverture larger than life de « Take What You Want » qui sent le stadium Rock jusque dans les vestiaires de l’O2 Arena, et surtout sur l’urgent « SOS Emergency », sorte de Post-Bolan que Steve Clark aurait riffé comme un damné. Mais globalement, la quiétude, les harmonies suintant, les chœurs veloutés et les ambiances tamisées dominent le jeu, sans pour autant engluer Diamond Star Halos dans une flaque de mélasse/muzak pour ascenseur de luxe fatigué.
Peu de surprises, de l’acoustique délicate pour l’une des plus belles balades du groupe de Sheffield (« Angels (Can’t Help You Now) ») qui se termine dans une orgie d’orchestrations digne des grandes légendes de Broadway, mais un voyage magnifique dans l’arrière-pays d’une légende inamovible, entre lumières de la ville et flambée à la campagne, pour laisser une impression durable de partage dans le cœur, et se remémorer l’époque pas si lointaine ou le LEP était une machine de guerre artistique et commerciale.
Prenez le temps de laisser Diamond Star Halos infuser dans vos veines auditives, et laissez la magie opérer comme un traitement anti-sinistrose ambiante. Certes, loin des classiques, ce douzième album rapproche un peu plus DEF LEPPARD de la retraite, mais le groupe aura la politesse de classer les dossiers avec élégance.
Titres de l’album :
01. Take What You Want
02. Kick
03. Fire It Up
04. This Guitar (feat. Alison Krauss)
05. SOS Emergency
06. Liquid Dust
07. U Rok Mi
08. Goodbye For Good This Time
09. All We Need
10. Open Your Eyes
11. Gimme A Kiss
12. Angels (Can’t Help You Now)
13. Lifeless (feat. Alison Krauss)
14. Unbreakable
15. From Here To Eternity
16. Goodbye For Good This Time (Avant-Garde Mix)
17. Lifeless (Joe Only Version)
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