Huitième album studio, et certainement celui d’une confirmation définitive pour THE BIRTHDAY MASSACRE. Celle d’un style affirmé, qui ne déviera certainement plus de sa ligne de conduite, et qui est appelé à définir les orientations des années à venir. En effet, depuis Superstition en 2014, le groupe de Toronto se contente de perfectionner une formule qui a fait ses preuves, sans prendre le moindre risque. Les fans sont bien sûr toujours fans, bien que divisés en deux factions, et les réfractaires continueront de descendre le groupe sous prétexte que les influences les plus dures ont été remisées au grenier des souvenirs. Il faut dire qu’avec une carrière démarrée en 1999, un premier album paru en 2002, et un premier hit album qui accuse les quinze ans d’âge, les musiciens n’ont plus rien à prouver. Et c’est justement ce qu’ils démontrent avec Diamonds, qui de sa pochette à ses morceaux ne fait que suivre une trajectoire rectiligne, en peaufinant des recettes déjà largement éprouvées. J’ai moi-même fait connaissance avec le groupe avec Violet, après qu’un ami gothique m’a revendu l’album, déçu de ce mélange entre Gothique light, Metal édulcoré et Pop pas totalement assumé. Back in time, cet album que beaucoup considèrent comme le haut fait d’une aventure était aussi une entame qu’on pressentait en fondations, mais pas un style sous sa forme polie. Avec une propension à chercher le consensus, on savait le groupe canadien capable de se rapprocher des rives de la Pop alternative la plus accessible, et le constat aujourd’hui est sans appel : THE BIRTHDAY MASSACRE a échappé définitivement au monde du Metal pour devenir une créature de cauchemars Synth-Pop (pour les allergiques évidemment), mais une créature libre, affranchie de toute contrainte, qui se sert de son imaginaire pour transcender des influences eighties et les adapter à un contexte 2K.
Sans mauvais jeu de mot eu égard au contexte actuel, la musique de Diamonds agit comme un virus sournois. Un virus qui s’insinue en vous, et vous contamine lentement, comme un poison au goût sucré qu’on avale sans tenir compte de sa dangerosité. Et alors qu’on pensait le groupe plus ambitieux en termes d’occupation de terrain, c’est en toute humilité qu’il nous en revient, ne monopolisant que trente-sept minutes de notre temps, alors que l’on sait son inspiration capable de s’étirer largement au-delà. Toujours fidèles à Metropolis Records, les canadiens n’osent pas grand-chose avec ce nouveau chapitre, si ce n’est souligner encore plus fermement leurs accointances Synth-Pop, ce que « Enter » propose de son invitation un peu roublarde. Avec un line-up en sextet stable depuis des années (Chibi - chant, Rainbow - guitare/synthés/chœurs, Michael Falcore - guitare/synthés, Rhim - batterie, Owen - claviers et Nate Manor - basse), le groupe peut donc s’appuyer sur une osmose globale pour mettre en place son univers qui peut sembler statique, mais qui évolue pourtant au gré d’une imagination qui ne se tarit pas. Pourtant, rien de bien nouveau depuis Under Your Spell, dernier album studio publié en 2017. Rien de bien nouveau depuis bien longtemps aussi selon l’avis des détracteurs qui reprocheront au groupe son absence totale de culot et son aversion pour la prise de risque. On voit très bien les liens qui unissent les trois derniers LPs du groupe, mais à l’écoute de ces neuf nouveaux morceaux, on réalise bien vite que THE BIRTHDAY MASSACRE n’a pas besoin de faire le malin pour attirer l’attention : son style lui est propre, pas tout à fait unique, mais manipulé avec tant de flair qu’on excuse les automatismes en place depuis au moins 5 ans. Par moments, le sextet revient même dans le giron de ses primes années, sans en retenir tous les tics pour ne pas sonner passé ou dépassé, et en l’état, même en proposant des idées déjà largement développées, Diamonds est encore une réussite, en mode mineur certes, mais incontestable.
Les hits ne manquent pas, et à vrai dire, ils sont omniprésents. Toujours prompt à mélanger les genres, le combo s’amuse encore de ce Gothique passé à la moulinette électronique et Pop, et nous offre un festival de savoir-faire, résumant toute son aventure en une poignée de minutes (« The Sky Will Turn »). Les claviers, de plus en plus présents, deviennent omniprésents, et empiètent de plus en plus sur les guitares, qui aujourd’hui ne sont plus qu’un tapis de distorsion d’arrière-plan. Sans s’appuyer sur des riffs faciles et convenus, THE BIRTHDAY MASSACRE teint une fois encore le monde de Lewis Carol en rose bonbon (une pochette superbe, une fois encore), et nous entraîne dans un rêve/cauchemar sensuel et gentiment vénéneux, sans risques pour la santé, si ce n’est en contractant une addiction à ces mélodies hantées qui ont fait le charme de Chibi depuis l’orée des années 2000. La chanteuse au timbre infantile n’est certes pas Nicole Dollanganger, mais elle ne cherche pas à nous traumatiser de textes noirs et d’impulsions cathartiques. Chibi est plus une gentille conteuse venue d’un au-delà coloré, qui de son timbre monocorde et onirique nous mène sur les traces de monstres fluo et de lapins bizarres, mais sa voix est un petit bijou adolescent qui sublime les compositions les plus nuancées et désincarnées (« Diamonds »). En cherchant l’inspiration du côté des racines de DEPECHE MODE, ULTRAVOX et autres chantres de la New-Wave des années 80, pour l’adapter à l’alternatif gothique des nineties, Diamonds réussit son coup et offre des tubes de piste de danse en plancher de miroirs (« Run »), sans nous forcer à nous lever de notre fauteuil, mais en nous offrant quelques images sonores propices au déhanchement.
Les fans les plus hardcore regretteront sans doute que le groupe ait abandonné sa facette la plus sombre et ses sons les plus glauques. Il est certain que depuis la moitié des années 2010, THE BIRTHDAY MASSACRE sonne plus léger, moins empesé, mais aussi plus lumineux et moins forcé. Même les titres les plus dark bénéficient d’un éclairage tamisé (« Flashback »), mais en mode plus Pop que Gothique, le groupe est de plus en plus crédible et sincère (« Last Goodbye », de la Synth-Pop suédoise, mais jouée à la canadienne). Les rythmiques sont élastiques, on sent parfois du YAZOO, du NEW ORDER même en version collégienne, mais le combo sait toujours travailler les ambiances (« Crush »), et refuse de regarder en arrière. Après tout, pourquoi échanger un présent heureux contre un passé glorieux (en termes de créativité s’entend), surtout lorsqu’on est encore capable d’y faire allusion via une citation MANSON plus vraie que nature (« Mirrors »). Sans bousculer l’ordre des choses, ce huitième LP studio des canadiens est encore une réussite, long juste ce qu’il faut, honnête, bien emballé et pesé, qui ravira les fans les plus fidèles, et pourra éventuellement convertir quelques néophytes. Et si le lapin est toujours en retard, THE BIRTHDAY MASSACRE est toujours pile à l’heure pour se rappeler à notre bon souvenir.
Titres de l’album :
01. Enter
02. The Sky Will Turn
03. Diamonds
04. Run
05. Flashback
06. Last Goodbye
07. Crush
08. Mirrors
09. Parallel World
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