L’apocalypse est pour bientôt, mais pas forcément celle qu’on craint depuis la crise de Cuba en 1962. Elle prendra plutôt la forme d’un soulèvement du peuple violent et mondial, ou bien d’un Armageddon naturel voyant se succéder les catastrophes les plus létales (réchauffement global, tsunami à répétition, tremblements de terre dantesques). Autant s’y préparer d’ailleurs, puisque le temps nous est compté selon les spécialistes, qui nous alarment depuis les seventies, sans que personne ne les écoute…jusqu’à récemment. La guerre donc, la fin du monde, et autres joyeusetés comme thématique principale d’un premier album, c’est chose courante et nous renvoie au meilleur de NUCLEAR ASSAULT et son prophétique Game Over, qui annonçait à grand renfort de champignon atomique une nouvelle ère…de mort et de souffrance.
Les brésiliens d’INFERNO NUCLEAR prennent donc le relais en 2021, de façon plus fluide, mais tout aussi Crossover, dans un style un peu différent. Fondé en 2006 en tant qu’OLD SCHOOL ATTACK, baptême franc qui définissait bien les options, ce groupe de Belém a pris son temps pour élaborer son répertoire, et c’est après quinze ans de carrière, deux démos, un split et un nombre conséquent de singles que le quatuor se présente à nous, son premier LP en poche. Mené de front par son seul membre fondateur et principal compositeur,
Wellington Freitas (chant), INFERNO NUCLEAR se propose donc d’actualiser le Crossover de papy en l’agrémentant de quelques figures acrobatiques héritées de la génération des GAMA BOMB.
Autour du leader, nous retrouvons un line-up stable depuis seulement deux ans, avec Jorge Raposo à la batterie depuis 2014, Lendl Oliveira à la basse depuis 2017 et Alexandre Durães à la guitare depuis 2019. Un groupe frais donc, mais toujours décidé, et qui en moins de trente minutes se propose de régler le problème du Thrash vintage de la façon la plus franche et lapidaire qui soit.
Enregistré au studio Chaar (Belém, Brésil) du 11 janvier au 14 mars 2020, produit par Kleber Chaar et décoré d’un artwork signé, Diante de um Holocausto est une sorte d’oracle d’infortune nous informant de notre disparition rapide à venir. Wellington Freitas, le dit lui-même, l’album traitant de sujets de société actuels, le propos n’est ni gai ni pied. Pourtant, la musique l’est, assez puissante pour intéresser les puristes du Thrash, mais aussi légère pur attirer dans ses filets les fans de Crossover light. Dans une optique mixant les références EXODUS, MUNICIPAL WASTE, SLAYER, EXUMER, RECIPIENTS OF DEATH, WARFECT et quelques autres, Diante de um Holocausto est une brève et lapidaire intervention, et un premier album quasi parfait pour les brésiliens. Pas le temps de s’apitoyer sur son sort, il faut faire passer le message le plus vite possible, et dès l’entame de « Evitamos a Vida, Provocamos a Morte », le propos est clair, et exprimé avec emphase. Intro percussive à la brésilienne, BPM égrenés comme des balles, ralentissement mosh de bon ton, reprises dans la foulée, le Thrash des lusophones est générique mais aussi généreux.
On pense à la période la plus Thrash de D.R.I, et des albums comme Four of a Kind ou Thrash Zone, mais aussi aux RATOS DE PORAO, soit un mélange Amérique nord/sud, et le meilleur des deux écoles, avec ce radicalisme Hardcore d’un côté, et ces riffs effilés et tranchants de l’autre. Empreints d’un certain sens de la mélodie, les morceaux adoptent parfois des postures Punk, mais restent toutefois attachés au Metal le plus incorruptible et dénonciateur. On apprécie donc cette énergie de tous les diables, concrétisant cette vision de pauvres gens courant comme des lapins pour essayer d’échapper à l’inéluctable, et « Anjos da Guerra » de les éclairer la nuit comme de pauvres petites boules de fourrure fuyant leur funeste destin.
Soli propres et carrés, rythmique impeccable, chant rageur et juvénile, l’envie est intacte et le résultat parfait. Assez court pour rester frais, assez varié pour ne pas sombrer dans la brève monotonie, ce premier album donne la pèche et le courage d’affronter un épilogue assez mouvementé. Des choses conséquentes, des idées plus évolutives (« Soldados do Mal »), des coups de reins soudains et puissants (« Alienação »), une propension à mélanger les up et mid tempi avec un flair incomparable (« Vítimas »), les INFERNO NUCLEAR n’ont donc commis aucune erreur avec ce premier album qui sanctionne quinze ans de carrière. De son entame à son terme, ce premier longue-durée est solide, convaincant, entraînant, saccadé, syncopé, hurlé à pleins poumons, et nous persuade presque de changer de mode de vie pour apprécier ce Thrash encore quelques années.
Titres de l’album:
01. Evitamos a Vida, Provocamos a Morte
02. Anjos da Guerra
03. Soldados do Mal
04. Alienação
05. Vítimas
06. Anarquia
07. Contra-Ataque
08. Unidos pelo Underground
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