Je n’ai aucune excuse. Non, vraiment aucune, même en faisant preuve d’une extrême mauvaise foi. Alors que j’ai laissé couler le robinet 2023 presque jusqu’à la dernière goutte, alors que je vous ai parlé de Thrash, de Death, de Black, d’expérimental, de Heavy, de Hard mélodique, d’AOR, d’avant-garde, de Noise, alors que j’ai fouiné dans les moindres recoins des Vk, Bandcamp et mails promo, alors que je pensais avoir brossé un tableau musical exhaustif de cette année riche en surprises et comeback, je me suis rendu compte que j’étais passé à côté de l’essentiel. A côté d’un album monstre accouché d’un groupe phare qui n’a même pas eu besoin de césarienne pour mettre au jour ce gros bébé qu’est Diaspora Problems.
Et corriger cette boulette tout en vous faisant entrer en douce dans la nurserie n’a pas été chose simple. Mais voilà, la sincérité étant la meilleure des armes, j’ai, en ce dix-huit du mois de décembre organisé une séance extraordinaire de rattrapage pour aborder le cas unique des américains de SOUL GLO.
Pour beaucoup, trempé par cette vague de nostalgie qui ne laisse aucun vêtement au sec, SOUL GLO incarne l’avenir. L‘avenir d’un Hardcore décomplexé, ouvert à de nombreuses influences extérieures, et qui ne répond qu’à une seule urgence : transformer le style en une machine à cauchemars ultime, et utiliser les influences du passé pour se tourner vers l’avenir. Un avenir chaotique, brûlant, immédiat, urgent, et incroyablement fertile en idées destructrices.
Désormais hébergé par le mastodonte Epitaph, SOUL GLO n’a pas pour autant changée sa formule d’un iota pour rentrer dans le moule d’un label trop exigeant pour se contenter de paraphrases malhabiles. Et pour cause, puisque la formule du quatuor (Pierce Jordan - chant, Ruben Polo - guitare, GG - basse/chœurs/programmation,
TJ Stevenson - batterie) est intraduisible sur papier, entre Hardcore moderne, Post-Rock vénéneux, électronique véreuse et trahisons rythmiques à base de Rap et de Trap.
Quatuor de base, mais invités nombreux pour une fête prenant des airs de gymkhana laissant le souffle court et les espoirs amoindris. On retrouve sur ce Diaspora Problems pléthore de guests qui ne sont pas là pour passer de l’encaustique sur les meubles, ni pour épousseter la collection de vinyles de BAD RELIGION. Mother Mayrose, Bearcat, Kathryn Edwards, Zula Wildheart, McKinley Dixon, Lojii, Dave Heck, Hakim Diran et Noah Roth, pour quelques lignes de chant, du trombone, du saxo, de la trompette, et une fête incroyable à la faune interlope, consciente du coup fourré à jouer pour se frayer une sacrée place dans le cœur des fans d’une musique affranchie de toute rège trop rigide.
Sur cet album, on trouve de tout en mode auberge espagnole, et on passe d’un glaviot Noisy-Core à une transition Rap/Trap, sans que l’évènement ne paraisse incongru. Tout simplement parce que les SOUL GLO sont trop intelligents pour commettre la moindre faute, et le moindre péché d’envie. A la limite d’un BAD BRAINS passé à la moulinette REFUSED et DALEK, Diaspora Problems est l’album qui tue tous les autres albums, et qui relègue les autres sorties Hardcore - même les plus importantes - au rang de simples anecdotes de bas de page. Par simple curiosité, tentez le coup de « (Five Years And) My Family » sans recul ni prévention, et demandez-vous si Dr Know et HR n’auraient pas pu pondre un truc pareil du côté de New-York il y a trente ou quarante ans.
La réponse est simple : si.
« Driponomics » : de quoi donner des suées aux fans de guitares abrasives et d’invectives hurlées dans le haut-parleur de l’âme la plus revancharde. Un exercice de style Electro-Rap qui combine les boucles, les couches de chœurs, les sons qui rebondissent, la basse qui gonfle les boomers, pour un festival d’insultes envers les boomers qui regrettent le Hardcore de papa, plus facile à assimiler.
« Thumbsucker » : pas question de sucer son pouce sur cette fulgurance de violence positive, qui rappelle tout autant les DESCENDENTS sous haute dose de caféine, que les BAD BRAINS en dehors de leur terrain de jeu Reggae, sans que Jah ne s’en offusque.
« We Wants Revenge » : les CLASH et les DEAD KENNEDYS sont en bateau, et Jello sort un rot. Qui se prend le premier fou-rire ?
« Spiritual Level Of Gang Shit » : basse à la POISON IDEA, voix résignée, pour un final entre HOUSE OF PAIN et les REFUSED, rencontre sous le regard hagard des FUN LOVIN' CRIMINALS qui tentent encore de traduire l’idiome sexy de Barry White dans un langage plus torride. Et puis, en un seul coup de baguette même pas magique, le tempo devient hystérique, et les neurones s’agitent sous le chapeau. Lapidaire, terminal, et de quoi s’endormir avec plein d’images salaces et glauques.
Je ne vais surement pas vous trouver des images et métaphores pour chaque morceau, c’est bientôt Noël et je déteste gâcher les surprises. Après tout, toutes les réponses à vos questions se trouvent dans cet album unique, qui a collé un méchant coup de pied dans la fourmilière de la normalité pour signer un manifeste de liberté créative. Je ne suis que trop rarement tombé sur un album de cette trempe, ce qui est relativement logique, puisqu’il est unique. Pierce Jordan s’époumone, Ruben Polo pique à Stephen Egerton ce qu’il rend à Dr Know et East Bay Ray, et la rythmique GG/TJ Stevenson se souvient souvent des BLACK FLAG, de CONVERGE et autres tarés de l’école Ipecac.
SOUL GLO est une sacrée colle qui vous englue dans son génie, et qui ne vous laisse pas tomber la tête la première sur le matelas de la déception. Une boule d’énergie, qui explose toutes les trente secondes sur une idée fumeuse, et qui finalement…
…est sans conteste possible LE disque de Hardcore de l’année. De la décennie.
Et puis merde.
Titres de l’album :
01. Gold Chain Punk (whogonbeatmyass?)
02. Coming Correct Is Cheaper
03. Thumbsucker
04. Fucked Up If True
05. Jump!! (or Get Jumped!!!)((by The Future))
06. Driponomics (feat. Mother Maryrose)
07. (Five Years And) My Family
08. The Thangs I Carry (feat. Bearcat)
09. We Wants Revenge
10. John J (feat. Kathryn Edwards And Zula Wildheart)
11. Godblessyallrealgood
12. Spiritual Level Of Gang Shit (feat. Mckinley Dixon)
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