J’étais prêt à lancer une recherche pour personne disparue, à monter une cagnotte sur une plateforme participative, tant je m’inquiétais du (très long) silence entourant les BRAIN FAMINE depuis 2015. A cette époque, je chroniquais déjà leur premier long, Exploding Paranoid Universe, dont je disais le plus grand bien sans savoir qu’il allait être le premier et dernier témoignage pendant de longues années. Et au moment même où je commençais à remplir les formulaires, voilà que le groupe ressurgit de nulle part pour nous rassurer sur son sort, en lâchant enfin une suite valable à son histoire.
Die in the Vortex
Est-ce ce qui s’est passé pour ces originaires de Weymouth, Massachusetts ? Se sont-ils perdus dans le vortex comme Néo s’est engouffré dans la matrice ? Aucune idée, mais ce qui rassure encore plus, c’est l’état de forme affiché par ces lascars qui n’ont en rien oublié comme mélanger Death, Grind et Mathcore.
John Gillis (batterie), Matt O’Rourke (guitare), Chris Leamy (guitare/basse/chant) et Patrick Rennick (chant) se sont donc retrouvés en 2016 pour discuter de l’avenir du groupe, avant de revenir encore plus fort et violent histoire de nous mettre un taquet digne de leur réputation. En autoproduction, les BRAIN FAMINE assument toujours leur statut d’outsiders Noisy, avec huit morceaux pour moins de vingt-cinq minutes de réflexes conditionnés. Des réflexes qui ne datent pas d’hier, et qui remontent aux petits coups de marteau portés sur les genoux du NAPALM des années 90/2000.
Le parallèle entre Shane et les siens et « Caustic Dimension » est à ce pont troublant qu’on pourrait penser à un inédit des années ultra Crust de ND, avec un jeu de batterie comparable à celui de Danny Herrera, et une guitare calée sur la ligne du parti de Mitch Harris. Mais peut-on se plaindre que nos marsouins préférés aient encore une fois choisi les idoles les plus haut-placées pour se démarquer ? Certainement pas, d’autant que l’influence de NAPALM se noie dans l’étang des références, en percutant BOTCH, THE KILL, DEATHBOUND, et en déclenchant une vague de contentement proportionnelle à un tsunami d’amour sur une côte d’admiration.
Violent évidemment, mais précis comme du BRUTAL TRUTH de fête foraine, Die in the Vortex est un Luna Park aux attractions à sensations, de celles dont on ressort la tête à l’envers et l’estomac monté sur vérins. Entre Crust, Grind, Death et Mathcore, la danse est proche de la gigue sous acides, et le ressenti au moins équivalent au désert de la mort en pleine canicule. Sec comme un coup de tric, le coup porté par cet album laisse des séquelles graves sur la santé mentale, toute tourneboulée, qui ne parvient plus à faire la différence entre le fantasme SM et la réalité plus sage.
Effets sonores, trouvailles rythmiques diaboliques, chant renouvelé mais toujours aussi féroce, pour une gigue dansée à fond la caisse. BRAIN FAMINE est toujours un cador du genre malgré les long hiatus imposés, et ce nouvel effort vient à point nommé replacer leur nom sur les lèvres les plus influenceuses. Aussi bon que ne l’était Exploding Paranoid Universe, et même meilleur, Die in the Vortex utilise toutes les possibilités de l’extrême pour jouer avec les limites tout en restant abordable et même ludique (« Inanivore », hymne entonné par les CARCASS et OLD).
L’excellence donc, indispensable avec une disparition inquiétante, une énorme basse grave qui vrombit, des breaks en veux-tu en voilà, une section rythmique ineffable de vélocité et de précision, des guitares déchainées et affamées, et un chanteur qui sait utiliser tous les timbres pour rendre l’écoute encore plus intense. On notera de fait quelques soli très propres, et une envie de remonter aux origines du Death/Grind pour retrouver ce plaisir d’une violence saine, mais socialement responsable. Ce qui nous donne un paquet d’hymnes à croquer à l’heure de l’apéritif, des déferlements de haine concentrée (« Descended From Phantoms », Math/Grind du plus bel effet), et quelques réflexions plus posées mais pas moins concentrées (« Endless March »).
Autrement dit, la perfection dans le genre, avec un nombre de plans totalement hallucinant, et un résultat qui reste en mémoire des heures après écoutes, multiples bien sûr, l’addiction étant totale dès la première injection. Alors, non seulement j’ai gagné du temps administratif et de l’argent collectif, mais les BRAIN FAMINE m’ont même récompensé de ma fidélité en sortant un album incroyablement fou et mature à la fois. Par contre, je tiens à les prévenir que la prochaine fois, je n’attendrai pas sept ans pour m’affoler. Les voilà prévenus.
Titres de l’album :
01. Caustic Dimension
02. Die in the Vortex
03. Resign to Bathophobia
04. Accelerated Devolution
05. Inanivore
06. Descended From Phantoms
07. Endless March
08. Led by the Neck
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49