Un groupe Finlandais, je prends. Un groupe de Thrash Finlandais, d’autant plus. Mais un groupe de Thrash Finlandais qui chante dans sa langue natale, j’apprécie d’autant plus. Il est vrai que le Thrash est rarement entonné d’un idiome guttural natal, ce qui a tendance à rendre la chose encore plus intéressante.
Mais rassurez-vous, je ne réduirai pas les RAJALLA à ce gimmick linguistique, ils méritent bien mieux que ça, même si nous avons plutôt tendance à entendre d’usage des groupes de Hardcore opter pour leur expression maternelle.
Mais il faut quand même préciser que si les RAJALLA sur ce Diktaattori jouent effectivement du Thrash, celui-ci est à des années lumières de la vague revival qui nous engloutit depuis quelques années, et qu’ils ont privilégié une approche beaucoup plus nuancée, et disons-le, contemporaine.
Formés en 2011, ce quatuor (Jukka Tarvainen – chant, guitare, Arto Rikkonen – guitare, Pasi Eskelinen – basse et Rene Herrera – batterie) n’a jusqu’à présent proposé que deux démos, très prosaïquement intitulées Demo, et Demo 2, publiées d’ailleurs toutes deux en 2013.
Il leur aura donc fallu attendre patiemment cinq années pour enfin se lancer dans un effort de longue durée, qui propose donc la bagatelle de treize morceaux, fait assez inhabituel pour le créneau.
Alors évidemment, tout n’est pas parfait, tout n’est pas pertinent, mais ce Diktaattori au titre suffisamment explicite contient assez de bonnes idées pour vous intéresser durant quarante-cinq minutes de votre vie.
Tout part d’une production plutôt bonne, claire mais profonde, avec des médiums et des graves qui se complètent à merveille, et une distorsion agressive juste ce qu’il faut. Un niveau technique certain permet aux musiciens de tenter à peu près tout ce qu’ils veulent, même si leurs ambitions restent modestes, tout comme le tempo général de cet album.
Bien loin des dérives du Thrashcore, ce premier LP se voudrait plus volontiers médian entre un Heavy vraiment accrocheur et entraînant, et un Thrash mélodique et abordable. Mais pas seulement.
On regrette parfois que les débats ne s’enveniment pas un peu plus (même si un titre comme « Etsijä » ose enfin faire décoller les BPM pour mieux imposer des passages en mid sacrément costauds et chauds), bien que les Finlandais soient maîtres de leur Heavy puissant et sachent très bien se débrouiller avec des plans un peu plus timorés que la moyenne des groupes locaux.
Des idées donc, et une saine révolte contre le système comme l’indiquent des titres tous portés sur le refus des dictatures, le désir d’indépendance, et la rage de peuples qui en ont assez des corruptions et autres mensonges des institutions qui les gouvernent. Certes, le verbe est convenu, mais se satisfait très bien de l’optique musicale choisie, qui rappelle par certains moments des groupes comme GRIP INC, qui tout en jouant du Thrash, proposaient des ouvertures vers des univers un peu plus ouverts.
Alors le quatuor alterne les bombardements éclairs et les guerres de position, le tout en enrobant son premier album dans un joli package de chansons courtes (pas une seule n’atteint les quatre minutes), qui évoluent d’un extrême à l’autre, sans tomber dans le grand écart un peu risqué pour les adducteurs de la cohérence.
Un titre comme « Ihmisviha » retranscrit d’ailleurs très bien cette volonté de ne pas se cantonner à un seul aspect du Thrash, avec sa construction heurtée et scindée, qui oppose des couplets furieux et emballés et des breaks samplés du meilleur effet.
En parlant de GRIP INC, un autre nom vient à l’esprit pour situer les Finlandais, celui de DESPAIR, le premier groupe de Waldemar Sorychta, qui lui aussi savait pratiquer l’ambivalence et ne pas se laisser enfermer dans une violence un peu trop systématique.
D’autant plus que les RAJALLA se montrent aussi prolixes et inventif en mid qu’en up, et lâchent quelques interventions très solides qui ne sont pas dénuées d’un parfum SLAYER de fin des 80’s (« Kurittaja »). Le choix de la langue natale apporte une petite touche Hardcore assez séduisante, même si l’instrumental reste en balises Metal prononcées, et les morceaux s’enchaînent sans temps mort.
Efficacité, puissance et concision, telles sont les trois mamelles de cette première réalisation, qui apporte un peu de sang neuf à la scène Thrash mondiale, via quelques détonations aussi concentrées que dévastatrices (« Vihan Kieltäjä », décidemment, lorsque le tempo s’énerve, les Finlandais ont de la verve), mais aussi par l’entremise de quelques mélodies intelligemment insérées dans un contexte concentré (« Taakka »)
Difficile de résister à cette alternance de chaud médian et de bouillant galopant, même si les quarante-cinq minutes révèlent parfois leurs limites.
Certaines interventions sont en effet un peu trop proches les unes des autres, mais rien ne vous empêche de choisir vos préférées pour réduire le tout à une durée plus aérée.
Outre les morceaux les plus rapides, mon choix se portera aussi sur un « Isäntä » au déhanché chaloupé, très MACHINE HEAD nord Européen dans l’esprit, et sur le final « Risteyskohta », au riff EXODUS très saillant et bondissant, qui part soudain en vrille sur fond de blasts et de hurlements.
Mais chacun trouvera son compte sur ce premier album décidemment très frais qui rebooste l’intérêt de la chose Thrash, alors même qu’on pensait les débats clos depuis longtemps.
RAJALLA, un nom et un style à suivre, qui toutefois nécessitera quelques menus ajustements pour vraiment s’incruster dans les mémoires. Mais les fondements sont déjà fort solides, et l’interprétation pleine d’allant, inventive juste ce qu’il faut et efficace sans donner l’impression de sortir du réchaud.
Une autre façon de voir la Finlande, hors Hard classique et Hardcore typique, et un album fort sympathique, qui propose son lot de riffs catchy et de rythmiques en épi.
Et comme le dit un confrère Allemand, via une traduction Google tout à fait fiable, « Juste dur, agressif et énergique va RAJALLA fonctionne »
Idiomatiquement discutable, mais au propos très acceptable !
Titres de l'album:
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