Le Doom d’accord, mais pas n’importe lequel. Pas celui qui s’éternise sur sa propre douleur, nous infligeant de longues complaintes pseudo-traumatiques qui ne sont en fait que des itérations maladroites et pas si éprouvantes qu’elles ne l’aimeraient. Non, le Doom, d’accord, mais celui qui bouillonne, qui ne se contente pas de singer BLACK SABBATH, ST VITUS ou TROUBLE. Celui qui ose chasser hors de son territoire pour offrir une hybridation maladive, mais fertile.
Celui proposé par les strasbourgeois de DIONYSIAQUE par exemple.
Né en 2014 sous l’impulsion de L.B (guitare) et N.C (chant), DIONYSIAQUE est aujourd’hui un quintet, depuis l’arrivée de L.V.L. (basse/trompette et chœurs, SACRIFIZER, AU-DELA, SOLSTICIUM, KARNE), B.P. (guitare/chœurs, SUPERTZAR) et T.H. (batterie, PROUDHON). Il était donc temps de proposer au public un longue-durée, pour pouvoir confirmer les bons avis émis à la sortie de la démo éponyme en 2018. Mais cette confirmation est-elle d’actualité ?
Oui, oui, et pas qu’un peu.
DIONYSIAQUE avec Diogonos (celui qui est né deux fois) choisit d’incarner le versant le plus fertile de la scène Doom mondiale. En jouant une musique lente et processionnelle, le quintet du Grand Est s’attire les faveurs des puristes, qui seront vite rejoints par les néophytes, subjugués par ces allusions Metal plus généralistes. L’entre-deux est donc la voie royale choisie par le groupe pour oser marcher sur les plates-bandes d’un cimetière qui en a marre des visiteurs trop respectueux qui suivent le plan du Père-Lachaise à la lettre.
Les tombes sont donc de tailles et de formes diverses, la végétation dense, et le sentiment d’être perdu dans un petit village anglais typique délicieux. Mais les racines de cet arbre creusent beaucoup plus profondément qu’un simple hommage à Birmingham. Car on trouve beaucoup de choses dans Diogonos. Du Death Metal de l’époque Peaceville, des clins d’œil aux débuts de CANDLEMASS, une théâtralité poussée à l’extrême par un chanteur aux capacités étonnantes, des soli Heavy, et une énergie massive qui souffle la cime des arbres comme les pales d’un hélicoptère.
Bénéficiant d’une production précise qui laisse la basse sinuer comme le proverbial serpent, Diogonos peut donc être disséqué en toute tranquillité. Pas question ici de brouiller les pistes en optant pour un mixage compact, puisque chaque plan a été travaillé pour sonner authentique et artisanal. Nous sommes donc loin des brouets indigestes de musiciens confondant oppression et irritation, même si la voix très étrange de N.C pourra rebuter les amateurs de volutes vocales gravissimes.
CANDLEMASS, HELLHAMMER, BLACK HOLE, PAUL CHAIN, HEAD OF THE DEMON, telles sont les références proposées par I, Voidhanger. Et il y a du vrai là-dedans, les strasbourgeois pétrissant leurs influences pour en faire une pate homogène, épaisse, mais très goûtue. Avec son lot de passages agressifs et rapides, ce premier album passe comme dans un rêve étrange peuplé de créatures nocturnes, de figures mythologiques et de réflexions personnelles, entre cauchemar et attaque de panique, pour une nuit agitée, la respiration coupée par cette petite bestiole qui pose ses doigts sur votre bouche.
Nous avons donc là affaire à l’élite de la scène Doom. A des musiciens culottés, qui refusent de se contenter du strict minimum pour mériter la caution Doom classique. Car le Doom n’est qu’une composante parmi tant d’autres, entre la NWOBHM, le Heavy épique et mélodique, le Black/Death des années 80, et la grandiloquence de la scène italienne Progressive des seventies.
La comparaison avec les travaux de Paul CHAIN et IL BALLETTO DI BRONZO sont donc inévitables. Et la juxtaposition des époques permet de produire des images évocatrices, entre giallo brumeux et fumetti graveleux, le tout sauvé d’une classe incroyable. « By the Styx », entame dantesque résume admirablement bien le propos de ses neuf minutes variées et colorées, tout comme « Vineyard and Ivy » qui se place judicieusement à mi-parcours pour en reprendre les thèmes fondamentaux.
En agrémentant la progression de transitions très intelligentes (spécialement « Blossom » et sa flûte champêtre), DIONYSIAQUE s’offre le luxe d’un film gothique pour oreilles en mal de ténèbres, et ose même la tragédie grecque transposée à Venise un matin d’hiver (« Evohe »).
Sacré morceau que ce Diogonos, qui pulvérise toutes les conventions sans renier les fondamentaux. Rares sont les groupes capables d’une telle performance, et qui osent en plus nous laisser sur un dernier acte trépidant et chaotique (« Sparagmos », du Black Thrash de très haute volée). Alors, du Doom, d’accord. Et plutôt deux fois qu’une.
Mais celui de DIONYSIAQUE, s’entend.
Titres de l’album:
01. By the Styx
02. Violet Venom
03. Blossom
04. Ad Nauseam
05. Vineyard and Ivy
06. Requiem
07. Evohe
08. Sparagmos
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09