Ils sont quatre, ils sont jeunes, ils sont beaux, et ils sont suédois. Non, ils n’ont pas gagné l’Eurovision en 1974 (sans quoi ils le seraient plus si jeunes) ils n’ont pas non plus triomphé avec « All That She Wants » (auquel cas ils seraient plus jeunes, mais pas encore assez), mais ils sortent leur premier EP en autoproduction, et jouent une sorte de Proto-Metal alternatif, tirant sur le Rock, la Pop électronique, et le tout emballé dans une production méchamment up in time. Ce sont les SOLENCE, qui sans faire preuve d’insolence jouent crânement leur carte de musique contemporaine, clairement adaptée pour un public aussi jeune qu’eux, faisant appel à des gimmicks accrocheurs et des rythmiques percussives. Peu d’informations à se mettre sous les yeux, si ce n’est que ce jeune quatuor (Markus Videsäter – chant, David Strääf – guitare, Johan Swärd – claviers et David Vikingsson – batterie) vient de Stockholm, et s’apprête à mettre le monde du streaming à feu et à décibels avec ce Direction qui semble d’ailleurs en emprunter plusieurs. On sent que le groupe, bien que doté d’une forte identité s’aménage encore plusieurs pistes à suivre, en se sevrant des sonorités Néo-Metal des nineties, tout en acceptant le legs du Dub, de la Pop-Rock la plus radiophonique, et du Rock alternatif le plus commercial possible. D’aucuns parleraient d’ailleurs de Post-Rock électro sur les bords, et au milieu aussi, puisque la rythmique proposée par les SOLENCE se veut aussi élastique qu’un danseur sur la piste d’une boite un peu louche. En gros, de la souplesse, des arrangements futés, quelques breakdowns dantesques hérités du Metalcore, des mélodies très prononcées, et de l’énergie à revendre, pour un petit album qui jumpe sans élan, et dont les chansons s’incrustent dans la tête.
J’en veux pour témoin le hit imparable « Rise Up », qui sonne comme l’hymne d’une génération décomplexée, et qui ressemble à s’y méprendre à un hit de SPINESHANK ou CROSSBREED passé au remix de Skrillex. Phrasé Rap, accalmies Pop, et surtout, une intelligence de composition assez remarquable dans le dosage des éléments, puisque dès le sautillant « Blackout », la messe est dite, et le public conquis. Produit à la perfection, Direction offre donc un talent indéniable, et surtout des chansons qu’on imagine faire un carton live, en première partie d’un groupe plus important. En oubliant les sales réflexes de puriste Metal, en admettant ces chœurs teen comme faisant partie d’un package crédible, il est tout à fait possible d’apprécier cette petite gâterie pour ce qu’elle est, un plaisir presque coupable, et la bande-son parfaite pour une série sci-fi destinée aux ados. Avec des systématismes au niveau de l’enchaînement couplet/refrain, et des breaks qui profitent des tendances et techniques actuelles, tous les morceaux sonnent comme des hits en puissance, et on laisse vite ses reproches et gêne au placard, pour s’enthousiasmer de cet allant qui ne se dément pas pendant vingt-cinq minutes.
J’ai personnellement beaucoup apprécie le tonus dont font preuve ces suédois, qui justement, pourraient sans problème représenter la Suède à l’Eurovision, adoptant une posture moderne, et en utilisant un de leurs titres ne dépassant pas les trois minutes. « Snakes » par exemple, qui plaira aux plus métalliques d’entre vous, avec son parfum Punk-Pop très prononcé, et qui pourrait récolter pas mal de « twelve points » de la part de certains pays. Mais à vrai dire, et en état honnête, il est impossible de critiquer subjectivement cet EP, à moins de préciser d’emblée qu’on déteste son optique. Mais même dans ce cas de figure, on est obligé de reconnaître que le tout est salement bien foutu, que les musiciens connaissent leur boulot, qu’ils sont capables de bricoler des titres qui s’incrustent dans la mémoire et qui donnent envie de se trémousser comme un jeune écervelé. J’ai moi-même totalement craqué pour cette euphorie musicale qui perce les nuages noirs pour ramener le soleil, et avec trois titres seulement, les suédois m’ont convaincu du bien-fondé de leur démarche. Bien sûr, les anciens se sentiront dépassés, et rejetteront l’effort sous prétexte d’une caution artistique qui fonctionne comme une excuse dégainée un peu trop systématiquement, et il y a fort à prévoir que ces mêmes anciens aient du mal à digérer le très Rap « 4 Good Reasons ». Ne m’en voulez pas d’adorer, non parce que je prétends être resté jeune, mais parce que ce machin me donne envie de continuer à fouiller les arcanes de la toile pour trouver de jeunes talents, peu importe leurs horizons.
Bref. Les SOLENCE ne sont ni ABBA, ni ACE OF BASE, ni EUROPE, mais ils pourraient le devenir un jour, avec du soutien et une constance dans la qualité. De là à les retrouver sur la scène de l’Eurovision (oui, j’insiste), il y a encore un pas, pas si difficile à franchir.
Titres de l'album :
01. Blackout
02. Animal In Me
03. Rise Up
04. Direction
05. 4 Good Reasons
06. Paralyzed
07. Snakes
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