L’air du temps est seventies. Je ne sais pas si ce sont les effets du confinement global, mais les groupes depuis ce mois d’avril, aiment à se retourner vers ce passé si fertile et libre. Et après les GRETA VAN FLEET, les BACKWOOD SPIRIT, voici venir les américains de DIRTY HONEY, qui tentent de nous séduire de leur miel musical pas si inoffensif et sucré qu’il n’y paraît. Fondé en 2017, le groupe a d’abord tâté le terrain avec un premier EP éponyme qui a foutu un beau bordel dans les charts ricains, les fans étant satisfaits de leur option passéiste. Deux ans plus tard, le combo s’en revient avec cette fois-ci un album complet dans la ruche, et propose donc huit morceaux baignant dans leur jus seventies.
Marc Labelle (chant), John Notto (guitare), Justin Smolian (basse) et Corey Coverstone (batterie) reprennent donc à leur compte les astuces des glorieuses seventies, se posant à cheval entre Classic Rock musclé et Hard Rock léger. Rien de bien nouveau sous le soleil de Los Angeles, mais de quoi plaire aux amateurs des GUNS, des BLACK CROWES, de BLACK COUNTRY COMMUNION, de GRETA VAN FLEET évidemment, mais comparer ces deux groupes serait une erreur majeure. Certes, les deux comptent dans leurs rangs de jeunes musiciens fascinés par la grandeur du Rock décadent des années 70, mais leur approche n’est pas la même. Les DIRTY HONEY jouent la carte de la simplicité généraliste, et bouffent un peu à toutes les auges, citant le ZEP, inévitablement, mais aussi le LYNYRD, CACTUS, SIR LORD BALTIMORE, j’en passe et des moins illustres. On peut aussi en poussant le bouchon citer les FACES, le Jeff BECK le plus taquin, et puis finalement, presque tous les rockeurs de cette décennie incroyable, ce qui a le don de conférer à ce premier album des allures de classique instantané.
Le Rock, comme chacun le sait, c’est une histoire d’attitude, et de son. Le son ici est rond, merci à la production du fidèle Nick DiDia (RAGE AGAINST THE MACHINE, PEARL JAM) qui était déjà là pour le premier EP. On aime particulièrement ces chœurs francs qui ne sont pas noyés dans le mix, cette basse qui louvoie et accentue ses rondes et ses croches, et qui offre des déliés fantastiques, mais aussi cette guitare qui accepte de triturer les riffs de n’importe quelle façon pour les rendre plus catchy sans sacrifier leur pureté agressive. Et évidemment, le Rock, c’est une voix aussi, celle de Marc Labelle, à mi-chemin d’un Robert Plant juvénile et d’un Rod Stewart encore un peu tendre. Le frontman utilise toutes les possibilités de son registre, et pioche dans les coffres à feeling de quoi nous choper par les balls et les tripes. Moins démonstratif que certains de ses petits collègues, Marc Labelle est aussi la bête, et rauque, feule, balance la sauce lyrique, et n’hésite jamais à s’envoler dans les aigus lorsque le thème l’impose. Et les quatre ensemble donnent le sentiment de se connaître depuis l’enfance, tant le ciment qui les unit est ferme et non poreux.
Tout commence par une belle romance entre les musiciens et leur état, et un petit clin d’œil aux MAMAS AND PAPAS, via « California Dreamin’ », qui sonne plus volontiers comme un hommage à CINDERELLA et le SKYNYRD que comme une contemplation hippie avec colliers et airs abrutis. On pense aussi à BADLANDS, et à tous les combos ayant un jour puisé dans leurs racines pour aller de l’avant, et regarder l’avenir par le prisme du passé. Immédiatement, on est happé par le côté « plus vrai que nature » du truc. Pas de gimmicks, de l’analogique à pleins tubes, et une envie de jouer qui crève les oreilles. Pour un truc passéiste, Dirty Honey joue le jeu à fond, mais accepte quand même des astuces contemporaines pour ne pas sombrer dans la redite pure et simple. Alors, le solo est sobre mais rageur, à la Slash (que les DIRTY HONEY connaissent bien pour avoir tourné en sa compagnie), et la voix de Marc versatile, mais pleine de feeling.
En moins de quarante minutes, les californiens ont fait le choix de la brièveté, contrairement aux GRETA qui ont étouffé leur dernier-né de lait jusqu’à la gorge, et cette brièveté sied admirablement bien au concept du projet. Frapper fort, partir vite, et ne pas se retourner, même pour reluquer les fesses de LED ZEP dans le rétro (« The Wire », qui aurait eu sa place sur II). A peine plus long qu’un EP, ce premier long est donc moyen dans le temps, mais excellent dans les faits. On n’échappe pas au boogie torride à la AEROSMITH, on n’échappe pas à cette rythmique syncopée et sensuelle sur « Tied Up », qui promet des soirées chaudes attaché sur le lit, mais on n’échappe pas non plus à ces riffs à la RAGE AGAINST THE MACHINE, ici repris tels quels seventies, puisque RATM a lui aussi tout piqué aux grands riffeurs de cette décade.
Le tout coule donc naturellement, et le répertoire est frais, entre Rock immédiat et sans fioritures (« Gypsy »), et des choses plus posées et légèrement bluesy, comme une sorte d’AC/DC ralenti à l’extrême (« No Warning »). Alors bien sûr, une fois tous les hits joués, on comprend que les DIRTY HONEY se considèrent encore comme une première partie avec une set-list de trente minutes, mais on comprend aussi que ce quatuor ne va pas tarder à incarner la relève nostalgique du Hard américain. Pas vraiment la next big thing, comme les GRETA ou les STRUTS anglais, mais plutôt un solide groupe de scène, capable d’ouvrir pour les plus grands, mais aussi de jouer dans le circuit sans épaule sur laquelle s’appuyer.
Et quand les dernières notes de « Another Last Time » s’évaporent dans les airs, on attend avec impatience que les mecs reviennent avec plus de matos dans leurs bagages. Soul, Blues, Rock, Hard, ce premier album est de ceux qui marquent les mémoires de leur simplicité, et qui touchent de leur authenticité. A écouter d’urgence, pour retourner vers les seventies, qui n’auraient jamais dû mourir. Ou autrement que tuées sournoisement par le Punk et la Disco.
Titres de l’album:
01. California Dreamin’
02. The Wire
03. Tied Up
04. Take My Hand
05. Gypsy
06. No Warning
07. The Morning
08. Another Last Time
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