Et un vétéran de plus à remettre le couvert. Quoi que dans ce cas précis, la surprise n’est pas de taille puisque le vétéran en question avait déjà tenté un comeback il y a quelques années, retour avorté qui avait replongé l’affaire dans la pénombre des classeurs. Mais croire que le dossier était clôt était une façon de sous-estimer la volonté de Josh Christian, qui n’était clairement pas décidé à enterre son passé et son présent sous une couche d’indifférence. Alors, en résulte ce Dis Morta, tour de force que les thrasheurs n’attendaient plus, mais espéraient en secret dans les alcôves des blogs et sites spécialisés.
Josh Christian, TOXIK, deux noms qui font presque autant rêver que ceux de Ron Jarzombek et WATCHTOWER. Toutes proportions gardées évidemment, le combo du guitariste new-yorkais volubile n’ayant jamais vraiment acquis le même statut culte que son homologue texan. Et alors que WATCHTOWER nous offrait il y a quelques années un nouvel EP pour prolonger la légende, TOXIK se lance enfin dans le grand bain pour lâcher le troisième LP que plus personne n’espérait, et autant dire une chose, immédiatement, et de main ferme : Dis Morta est une boucherie qui offre un prolongement complètement barré mais logique au célébrissime et révéré Think This, déjà fortement déconstruit pour les accros au solfège.
Car selon moi - avis tout à fait subjectif - TOXIK ne s’est vraiment révélé à son plein potentiel que sur son second album. Le premier, World Circus, bien qu’encensé par ce cher Hervé Guegano dans les colonnes de Hard Force n’était qu’un simple exercice de style Speed à tendance mélodique, certes truffé de petites idées techniques mais encore loin d’être assez fascinant pour laisser une trace dans l’histoire. Think This au contraire, chauffait d’un autre bois, et s’inscrivait dans la mouvance Techno-Thrash de l’époque, grâce au talent de compositeur et d’interprète d’un Josh Christian en totale roue libre. Et visiblement, cette roue n’a pas fini de tourner.
Dis Morta célèbre un nouveau line-up (James DeMaria - batterie, Shane Boulos - basse, Ron Iglesia- chant et Eric van Druten - guitare), mais surtout, une envie décuplée, et une ambition clairement au zénith. Alors que la plupart des reformations explosent come des pétards mouillés pour ne laisser que deux ou trois cotillons sur le tapis, le retour de TOXIK agit comme un euphorisant naturel, comme une drogue sans effets secondaires sur l’organisme, et laisse des traces indélébiles dans les neurones, réfléchissant des heures après écoutes sur la clé de sol de ce labyrinthe musical qu’est Dis Morta.
Secondé par un chanteur au timbre suraigu rivalisant avec les Jim Gillette et autres Alan Tecchio, Josh Christian s’en est donné à cœur joie, et propose avec ce troisième album une sorte de mash-up géant entre Think This, Control and Resistance, et Gabriel de BELIEVER, soit la quintessence d’un Metal élitiste, mais méchamment puissant et résolument Thrash. Doté d’une production de luxe, ce nouveau chapitre de la vie de TOXIK pourrait bien être le plus dense et le plus fouillé, et en tout cas le plus digne de la réputation d’un groupe qui a arboré son statut culte comme la médaille du mérite technique.
« Feeding Frenzy », de son titre et son contenu résume très bien l’entreprise de folie furieuse qu’est ce nouvel album, qu’on pourrait croire enregistré live d’un asile de New-York, par des patients certes légèrement désaxés sur les bords, mais dotés d’un instinct musical extrémiste et « à risque ». Josh sur cet album, a abandonné toute mesure, et a laissé la passion s’exprimer. En découle un véritable feu d’artifices de soli tous plus dingues les uns que les autres, des structures évolutives jazzy, des ponts mélodiques dissonants, et une ambiance de feu de l’entame à son terme. On reste bouche-bée face à cette démonstration de style qui enterre le passé du groupe pour lui paver royalement son avenir.
Sans forcer, et en restant fidèle à une recette qui a fait son succès, TOXIK nous offre un véritable spectacle de magie, avec des chapeaux et des lapins remplacés par des sextolets en fusion et des mesures impaires en pamoison. Insérant parfois quelques samples pour planter l’ambiance, exigeant de son chanteur quelques médiums surprenants (« Hyper Reality », petite merveille de prestige qui laisse les yeux perdus dans le vide du génie), tout en montant la pression constamment en ne laissant aucun espace négatif.
Ce tour de force est bien évidemment destiné à un public avide de prouesses collectives et individuelles, et qui reste nostalgique de cette époque où le Thrash se sophistiquait pour devenir un sous-genre à part entière. Il y a donc de quoi se sustenter sur ce disque qui fait passer la quasi intégralité du catalogue Shrapnel pour un prospectus Bergère de France, de l’énergie positive en bombardement d’électrons (« Creating The Abyss »), des accès de folie pure en psychédélisme Thrash frenzy (« Straight Razor »), quelques moments plus calmes mais pas moins fascinants (« Chasing Mercury »), et surtout, une tension qui ne se dément pas, et une montée en puissance qui accepte le legs tordu de VOÏVOD pour l’insérer dans un contexte sci-fi à la BELIEVER de ces dernières années.
Bonne surprise donc - non, plutôt excellente - que ce troisième album de TOXIK, qui aurait pu être la plantade de cette rentrée, et qui s’avère au contraire apogée d’une carrière erratique mais passionnée. Comme un examen de fin d’année à Berkeley passé haut la main et l’autre sur le manche à le dévaler, Dis Morta presque bis repetita est la plus belle suite que Josh Christian pouvait offrir à Think This.
Attention toutefois à ménager vos neurones sous peine de surcharger en gégène vos connexions synaptiques.
Titres de l’album :
01. Dis Morta
02. Feeding Frenzy
03. The Radical
04. Power
05. Hyper Reality
06. Creating The Abyss
07. Straight Razor
08. Chasing Mercury
09. Devil In The Mirror
10. Judas
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