Quand on pense Brésil et Metal, on pense évidemment à la vague de Bestial Thrash des années 80, mais un pays ne se résume pas à ses pionniers, et 2020 n’est pas 1984, loin de là. Et avec un nom comme ELECTRIC MOB, il est évident que ces brésiliens-là ne s’affilient pas à la vague des SEPULTURA, VULCANO ou SARCOFAGO, mais plutôt à un Hard-Rock de facture classique, fin, débordant de feeling, et plus en adéquation avec la Californie de la fin des eighties et l’Amérique des nineties en général. Présenté comme l’écrin renfermant la voix fabuleuse de Renan Zontan, chouchou des spectateurs de The Voice Brazil en 2016, ELECTRIC MOB est quand même plus qu’un simple tribute-band à ce vocaliste mis en avant par la télévision, et un énorme groupe qui avec ce premier album risque fort de s’affirmer comme l’une des valeurs montantes du Hard-Rock mondial. Premier LP donc pour le quatuor, et immédiatement, une signature sur la référence Frontiers. Voilà qui laisse rêveur et augurer d’une musique de grande qualité, ce que les premiers morceaux confirment de leur classicisme enflammé. Autour du chanteur fameux, on retrouve d’autres musiciens qui sont tout sauf des sidekicks de luxe, et avec un guitariste de la trempe de Ben Hur (pseudo ? humour parental douteux ?), le quatuor possède une arme de première catégorie, le musicien n’ayant pas le médiator dans sa poche. Les deux acolytes sont ici secondés par une section rythmique solide et souple, avec Yuri Elero à la basse et André Leister à la batterie, et osons la comparaison qui tue : Discharge a plus ou moins le même impact que le premier GRETA VAN FLEET lorsqu’il heurta le marché. Mais à l’inverse des jeunots, les brésiliens ne s’arrêtent pas à une seule influence, et multiplient les références traditionnelles. Evidemment, comme tout groupe de Hard-Rock bluesy qui se respecte, le ZEP est assez présent dans les sillons de cet album, mais on retrouve beaucoup d’autres allusions, dont certaines assez poussées à AEROSMITH, KINGDOM COME, BADLANDS, GRAVEYARD, LOVE/HATE, CINDERELLA, et tous ces héros qui ont pendant des années représenté la première ligne d’attaque d’un Hard-Rock de grande classe.
Rendez-vous un fier service : oubliez immédiatement le gimmick « The Voice » qui plombe ce premier album de son étiquette fourbe. Car le groupe n’a pas besoin de ça pour se mettre en avant et faire sa propre publicité, puisque sa magnifique musique le fait à sa place. Dans les faits, Discharge est de cette caste de premiers albums qui imposent leur patte, de ceux qu’ont pu publier les TESLA, les GUNS, les BLACK CROWES, BLACK COUNTRY COMMUNION et autres SONS OF APPOLO. On retrouve dans les chansons de ce premier jet tout ce qui a toujours fait la magnificence d’un Hard Rock de classe internationale, et en mélangeant les influences anglaise et américaine, ELECTRIC MOB signe un manifeste de magnificence incroyable de feeling et de sincérité. Proposant un survol quasi exhaustif des tendances en vogue dans les seventies, eighties et nineties, le quatuor brésilien met le feu aux poudres, et développe un éventail de capacités impressionnant. On retrouve sur ce LP le groove de Boston d’AEROSMITH, la versatilité d’EXTREME, la pluralité du ZEP, les sinuosités sudistes de BLACKFOOT et du SKYNYRD, et les modulations de l’orée des nineties de LYNCH MOB et BADLANDS. Le tout enrobé dans une morgue incroyable à la STRUTS, ce qui fait de cette première étape un gigantesque saut dans le vide auquel vous êtes convié en toute sécurité. Sauvage comme tout premier chapitre se doit de l’être, maîtrisé comme un best-of de vieux briscards, Discharge est en effet un choc qu’on encaisse en plein dans le système nerveux, capable de proposer des morceaux complètement différents, sans sonner trop versatile et dispersé. Et c’est ainsi que les brésiliens passent de l’intimiste suranné et bluesy de « Your Ghost » à l’énergie débridée de « Gypsy Touch » sans sonner incongru ou indécis. Touches à tout de génie, les quatre musiciens refusent les barrières et les étiquettes, jouant le Rock libre et fougueux comme il devrait toujours l’être, et s’amusant de riffs classiques pour mieux se les approprier.
Evidemment, ce qu’on remarque au prime abord, est la complémentarité d’un chanteur hors-norme et d’un guitariste qui a apprivoisé son instrument il y a bien longtemps. On sent cette osmose à la Perry/Tyler sur le syncopé et diabolique « King’s Ale », qui mixe dans le shaker AEROSMITH et KINGDOM COME, mais on la respire aussi quand l’ambiance devient plus moite et confinée à l’occasion du débordant de stupre « Got Me Runnin’ ». Il est incroyable de penser que ce disque a été composé par de jeunes loups tant il respire le contrôle et le professionnalisme, sans que la spontanéité n’ait à en pâtir. Des burners comme « Far Off » sonnent aussi frais que le « Communication Breakdown » de LED ZEP, mais respirent aussi l’air alternatif des années 90 ; STONE TEMPLE PILOTS et AUDIOSLAVE sur le bord de la route, le pouce tendu vers un ailleurs moins connoté. Je déteste les postulats à l’emporte-pièce, mais concrètement, Discharge pourrait être l’un des meilleurs premiers albums de l’histoire. Avec sa variété qui ne se dément pas pendant quarante minutes, les démonstrations individuelles de talent et l’osmose collective, la sincérité qui en transpire, il représente la quintessence d’un Hard-Rock historique adapté aux méthodes de production modernes, ose à peu près tout et réussit tout, à l’image de ce surprenant « 1 2 3 Burn » à la rythmique bancale et à l’atmosphère lyrique. Ne cherchez pas, aucun défaut ne vient entacher le boulot, et cette perfection ne nuit absolument pas à l’authenticité. Et entre des envolées vocales dignes de Glenn Hughes, David Coverdale, Robert Plant et Lenny Wolf, des parties de guitare aussi épidermiques que celles de Slash, des accélérations de la nouvelle génération (« Upside Down », un hymne immédiat come on n’en fait que trop rarement), des concessions nineties au scat vocal époustouflant (« Higher Than Your Heels »), Discharge est un énorme choc électrique dans le cœur, qu’on déguste dans une souffrance délicieuse.
Mieux, on imagine l’impact de ces bombes live, lorsque la situation le permettra à nouveau. Quarante-sept minutes, pas un seul filler, pas un seul trou bouché à la hâte, et des classiques qui s’enchaînent à rythme fou. Citations alternatives plus vraies que nature (« Brand New Rope », subtilement psychédélique), final tassé et légèrement space-bluesy (« We Are Wrong »), le strike est permanent, et le score final impressionnant. Certains y verront la chance du débutant, d’autres le génie juvénile de musiciens qui n’ont rien à perdre, et tout à gagner. En tout cas, si vous ne deviez écouter qu’un seul album de Hard-Rock ce mois-ci, vous n’auriez aucune excuse d’en préférer un à ce Discharge. Il incarne tout ce que le meilleur Hard-Rock aurait toujours dû être, des années 70 à aujourd’hui. Un petit miracle en soi.
Titres de l’album :
01. Awaken
02. Devil You Know
03. King’s Ale
04. Got Me Runnin’
05. Far Off
06. Your Ghost
07. Gypsy Touch
08. 1 2 3 Burn
09. Upside Down
10. Higher Than Your Heels
11. Brand New Rope
12. We Are Wrong
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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