Faisons-la simple et imagée. Vous avez la quarantaine, et totalement par hasard, vous retombez sur un pote de lycée perdu de vue depuis des années. Trop heureux de cette rencontre, vous partez boire un coup dans un bar, sans arrière-pensée histoire d’évoquer un peu le passé et faire le point, et après deux verres, sans que vous ne compreniez vraiment ni comment ni pourquoi, vous vous retrouvez embarqué dans une fête sauvage organisée au débotté, dans un appart un peu pourri, entouré de gens que vous ne connaissez pas. La dernière chose dont vous vous rappelez est la grosse pelle que vous avez roulé à une inconnue, un peu gironde et vulgaire sur les bords, mais chaude comme la braise. Le lendemain, en ouvrant avec peine vos yeux, vous voilà allongé sur un vieux matelas dégueulasse dans une cabane de jardin, les draps maculés de merde, la Simone à vos côtés le sperme séché sur le visage et dans les cheveux, et un vieux clébard en train de vous lécher les couilles avec un œil en moins. Vous vérifiez quand même si des morpions n’arpentent pas les dites burnes, et si une cicatrice de fortune ne dissimule pas l’emprunt d’un de vos deux reins. Le pote en question a disparu depuis longtemps, et d’ailleurs, vous n’êtes même pas certain d’avoir été son ami un jour, si ce n’est le temps d’une fête de dégénéré dont vous préférez tout oublier. Vous visualisez le tableau, il est assez précis ? Tant mieux, puisqu’il est la meilleure métaphore pour décrire le nouveau massacre sonore des tarés allemands de GUT. Pour ceux n’ayant pas la mémoire aussi défaillante que notre héros fictif du jour, GUT est un concept né dans les années 90 qui se vante d’avoir été l’inventeur du Gore Grind, du Porn Grind et de toutes ces extensions aussi bâtardes que bruyantes. Sans vraiment leur accorder ce privilège, autant dire que nos amis germains font quand même partie de la scène historique Grind moderne, et leur premier LP Odour of Torture, paru en 1995 fait partie des souillures les plus immondes du genre.
Quatorze ans après leur disparition, les musiciens aux pseudos improbables et aux masques garantissant presque l’anonymat sont de retour, nous offrant une suite des aventures beaucoup plus fascinante qu’on aurait pu le penser au prime abord. Après un The Cumback de 2006 qui lui aussi rompait avec une décade de silence, GUT revient donc à ce qu’il sait faire de mieux, et laisse tomber les quelques prétentions Hip-Hop et Electro de son premier retour, pour jouer le Grind le plus dense et massif qui soit, agrémenté de quelques fantaisies non militaires, mais Black, Sludge, Doom, et tout ce qui fait plus de bruit et de mal que la moyenne. Et ne cachons pas la vérité, aussi coupable et immonde soit ce plaisir, il fait un bien fou, comme une exploration des bas-fonds de l’humanité à la recherche des immondices les plus néfastes et empestant la pourriture. Doté d’un son à réveiller les zombies pourris depuis la seconde moitié du vingtième siècle, Disciples of Smut cache sous son énorme production une véritable ode à la gravité dégoulinante. Enregistré et mixé par Bonassis au studio Audiodrive, masterisé par l’increvable des milles-bornes Brad Boatright, ce troisième longue-durée fait la part belle aux ambiances moites, aux vocaux régurgités, et au stupre le plus dégoulinant, résumant des décennies de parcours perso tout en synthétisant tous les courants extrêmes en vogue depuis les années 90. Loin de nous prendre pour des billes, les allemands osent donc le barouf parfait, le Grind sadique et pervers, le Sludge atroce et le BM légèrement hypocrite pour écraser nos tympans d’une symphonie de débauche. On pense à une version de Very Bad Trip dirigée par Jörg Buttgereit, avec partouzes nécrophiles, jets de bile acides, liquides séminaux partagés avec des partenaires à l’hygiène douteuse (pour ne pas dire déjà morts), ce que l’emphatique « Summoning the Befouled Servants of the Bizarre » démontre de sa gravité et de sa vélocité incroyables.
S’il est facile d’amuser la galerie avec de courts morceaux dégueulasses, il est plus difficile de l’impressionner avec des chansons bien troussées et agencées. C’est pourtant ce que nous proposent les membres de GUT, qui se permettent d’être plus efficaces que n’importe quel groupe de Death, et plus laxatifs que les représentants Gore Grind embourbés dans leurs propres excréments. Agrémentant leur bordel de samples, d’effets sonores, d’intros louches, les musiciens lâchent des riffs maousses, et pratiquent le fist auditif pour nous faire jouir les oreilles dans la douleur. Rois de la rythmique écrasante, princes de la guitare jetable et accordée en mammouth majeur, ducs d’un chant d’outre-tombe, ces musiciens au passé lourd et entaché de délits mineurs se réinventent en allant fouiller dans les poubelles de leur passé pour se projeter vers un avenir glauque et jonché de détritus. En version compacte, le groupe est anesthésiant, hésitant entre un Death à tendance Hardcore (« Smothered With Austrian Chloroform »), et un Doom/Sludge vraiment stressant et éprouvant (« Empire of the Centipede of Pigs and Hoes »). Variant les sévices, ces marsouins de donjon en torture paillarde nous inondent de leur sperme bruitiste, parfois en giclées sévères et soutenues (« Cave of Sexual Savagery »), parfois en explorations anales des cavernes privées de notre intimité, et sans lubrifiant s’il vous plait (« Myth of Perversion »). Evidemment, tout ça sent très mauvais, rappelle quelques souvenirs de cuites se terminant dans des draps sales en compagnie de donzelles aux grandes lèvres fatiguées, mais ces canalisations bouchées par des cheveux, des ongles de pied, de vomi exhalent d’un délicieux parfum de moisi et de macération.
Le versant le plus méchant et crade de l’extrême, mais emballé dans un joli paquet, comme une grosse merde laissée sur le paillasson mais embellie par du papier étoilé brillant. Entre les embardées perso et les allusions à peine cachées à CARCASS (« The Well of Ghouls »), les trucs glauques et presque BM (« Make 'Em Cum Slowly »), le Death bien méchant et ridiculisant les NAILS et autres petits voyeurs à deux sous (« From Below »), Disciples of Smut se présente sous un jour certes peu flatteur dans la forme, mais encore plus immonde dans le fond. De quoi assouvir ses instincts les moins avouables et se laisser aller au plaisir anal avec un chien mort sur le bord de la route avec la bonne bande son dans les oreilles.
Titres de l’album :
01. Summoning the Befouled Servants of the Bizarre
02. Smothered With Austrian Chloroform
03. Disciples of Smut
04. Altar of Domination
05. Make 'Em Cum Slowly
06. Hypnotized Harem
07. The Well of Ghouls
08. Empire of the Centipede of Pigs and Hoes
09. Anus Anubis
10. Cacophonous Rites
11. Dickslapped and Shrinkwrapped
12. Cave of Sexual Savagery
13. From Below
14. Chants From the Sex Dungeon
15. Diabolical Degradation
16. Myth of Perversion
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